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Comics en Vrac : Northlanders T2, Nightly News (2 avis sinon rien)
Le côté sombre de l'homme

Cette semaine, mon ami Seb vient à la rescousse pour deux albums plutôt sombres. L’un parle des vikings et l’autre d’une mystérieuse voix qui pousse au meurtre. 

NorthLandersT2-haut

 

 

NorthLandersT2-jaqNorthlanders T2, Le Livre Islandais

5

 

Ce n’est pas la première fois que l’on vous parle de Northlanders. Nous vous avions proposé un double avis, avec mon ami Seb. Encore mieux, on avait sélectionné l’album dans le cadre du festival MaXoE. C’est donc avec une impatience non feinte que nous avons attendu ce deuxième tome. Il regroupe les récits qui nous content la conquête de l’Islande par les hommes du Nord. 

Parmi ceux-ci, le focus est posé sur Dag. Dag, un viking quelconque qui a décidé d’emporter une cargaison à l’ouest de la Scandinavie. A bord de son navire, un équipage fourbu qui commence à douter de son capitaine et puis, au bout du chemin, l’inconnu et ses dangers. La deuxième histoire nous montre un homme, guerrier légendaire, qui a décidé de se poser, en famille. Pas facile de le faire quand votre réputation a fait le tour du monde connu. On poursuit avec un vieil homme qui s’est épris d’une belle avec un détail qui a son importance : elle est décédée. 

Et puis vient l’histoire la plus conséquente. Celle de la famille Hauksson qui a régné sur une partie de l’Islande pendant plusieurs générations. Les auteurs nous proposent de suivre ces pères, ces fils, ces filles qui ont laissé leur empreinte sur cette île inhospitalière.  

L’avis de tof 

L’auteur fait mouche une fois de plus. Chaque page, chaque case sont des preuves d’amour de Brian Wood pour ces explorateurs rugueux. Mais il ajoute une nouvelle variable dans l’équation qu’il nous avait présentée dans son premier tome : cette île un peu folle qu’est l’Islande. Les hommes y perdent la raison ainsi que tous leurs repères. J’ai particulièrement aimé La Jeune Fille Dans La Glace. Cette histoire est poignante, intrigante et effrayante à la fois. L’auteur nous offre ici une bouffée d’humanité. 

Sa fresque principale, La Trilogie Islandaise, nous montre toute la folie de ce peuple, toute la folie de cette île. La famille Hauksson va y laisser son âme. C’est sans concessions, les êtres se déchirent, les familles implosent. L’auteur est très habile dans la mise en lumière des sentiments les plus sombres. 

Du côté du dessin, on joue beaucoup sur les ombres, sur les contrastes, sur des traits lourds. Idéal pour camper le décor d’une île aussi sauvage. Vous l’avez compris, c’est encore une réussite, pour tous les amoureux des comics et du dépaysement.  

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L’avis de Seb

Northlanders. Rien que le titre possède en lui tout un lot de riches promesses. Urban Comics, nous l’avions dit dans notre chronique du premier tome de cette intégrale, a totalement repensé avec Brian Wood le déroulé de cette saga du nord, elle-même entrecoupée d’une multitude de micro-histoires qui sculptent le décor riche et mouvant d’une époque redoutable pour les corps. Car c’est bel et bien la dureté du climat, des éléments, des hommes avides de conquêtes nouvelles sur des terres parfois ou souvent impropres à la culture qui transpirent de chaque planche. Les guerriers s’affrontent ici pour défendre le peu acquis, pour préserver aussi l’honneur d’une fratrie, d’un nom à jamais inscrit dans l’histoire. Cela ne se fait pas sans conséquences pour les proches, les enfants fragiles, les femmes cantonnées à des rôles qu’impose cette époque dure. Dans ce second volet de l’intégrale Brian Wood nous donne à lire des récits inspirés par les territoires que sont l’Islande, et, à un degré moindre, les Iles Féroé. Si l’album présente des histoires brèves, le corps de cet épais ouvrage repose sur cette épique saga qu’est la Trilogie islandaise, l’histoire d’un conflit entre deux grandes familles rivales, les Hauksson et les Belgarsson, sous fond de querelles intestines, de christianisation et de colonisation. Les certitudes, les acquis ne le sont jamais et le nom ne suffit plus à imposer le respect dû à un passé glorieux déjà lointain. D’un point de vue graphique, Northlanders est une véritable pépite. Le dessin en parfaite adéquation avec les récits tissent une atmosphère toute particulière. La fraicheur du décor transparait tout comme la violence d’une époque où les corps se jettent dans des batailles parfois perdues d’avance. La fragilité sur laquelle repose les certitudes nous parvient au fil des pages comme pour exposer au lecteur les dangers d’une période de l’histoire marquée par l’éphémère. Prodigieux !

 

Contient : Northlanders #29, #20, #35-36, #42-50

Scénario :  Brian Wood – Dessins : collectif – Northlanders T2, Le Livre Islandais – Urban Comics – Vertigo  Essentiels – 312 pages – septembre 2014 – prix 28 €

 

 

NightlyNews-jaqNightly News

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Nightly News, c’est un ovni. Une BD qui tient presque de l’essai. L’histoire est celle d’une sorte de secte : la Première Église de la Fraternité de la VOIX. Celle-ci revendique les assassinats de nombreux journalistes. Les adeptes sont tous aux ordres de cette VOIX, qui ne s’exprime qu’au travers de cassettes audio. Elle les pousse au meurtre et le terrain est fertile car ces illuminés ont tous été, à un moment ou un autre, victimes des media. 

Voilà donc des commandos de la mort qui défendent l’idée qu’il faut arrêter la grande tromperie, celle orchestrée par le journalisme. Mais tout n’est pas si simple car le doute peut s’installer. 

 

L’avis de tof

Ce comics n’est pas forcément facile d’accès. C’est d’abord la forme qui déstabilise. Des pages sans frontières, du texte très dense, des contrastes exagérés et des grandes zones mono-chromatiques. Du coup, soit on adore soit on déteste. 

Du côté du fond, n’y voyez pas un pamphlet contre les media, contre la désinformation. Les choses seraient trop simples, trop basiques. L’auteur cherche plutôt à explorer les profondeurs de l’âme. Qu’est-ce qui peut motiver les gens, à quel moment l’influence d’une voix peut les faire basculer dans la violence ? Et puis, est-ce qu’ils sont capables d’aller au bout de leurs convictions. Dans ce domaine, pas de doutes, c’est une réussite. On nous dévoile ici le côté sombre de chacun, pas de gentils, pas de méchants, juste des Hommes. 

Concernant la narration, c’est un peu plus compliqué. Pas toujours évident de suivre l’intrigue et même si c’est probablement une volonté de Jonathan Hickman, ce n’est pas très confortable par moments. Il n’en demeure pas moins que cette BD vaut le détour, on y ressent une forme d’angoisse, une sorte d’oppression. Ca fait du bien de temps en temps.  

NightlyNews-planches

 

L’avis de Seb 

Parfois il faut savoir déstabiliser le lecteur, l’interroger sur la forme mais aussi sur le fond pour le titiller et mettre à mal la façon dont il envisage sa lecture. Jonathan Hickman n’est pas un nouveau venu dans le milieu du comics, il a déjà roulé sa bosse sur des séries comme Avengers, S.H.I.E.L.D ou Projets Manhattan à chaque fois chez de gros éditeurs comme Marvel ou Panini comics. Pourtant ce Nightly news est bien différent de ce que l’auteur a proposé ailleurs. Pour être précis, ce projet un brin déluré a été conçu et dessiné au début de la carrière de cet auteur, en 2006, et seulement édité en français par Urban Comics cette année.
Le sujet de cet album peut dérouter, quoiqu’il entre étrangement de plus en plus dans la réalité de nos quotidiens. Au travers de cette histoire l’un des piliers de nos sociétés, à savoir la diffusion de l’information – et à travers elle ses chevilles ouvrières que sont les journalistes – se trouve exposée sous le feu d’une secte redoutable dont le but est d’exterminer ceux qui jouent avec les faits. En d’autres mots, ceux que certains nomment de façon péjorative de « journaleux », des correspondants, des reporters plus avides de scoops et de prix Pullitzer que de véracité de faits vérifiés par des sources croisées et dignement argumentés. Le sujet développé par Hickman n’est pas dénué d’intérêt même si lui-même se défend tout au long de l’album de vouloir mener une croisade contre les journalistes, les grands groupes de presse et à travers eux quelques hommes puissants. Il invite donc le lecteur à une réflexion sur le pouvoir de l’image, des mots, sur la manipulation qui en découle parfois. Ce faisant il alimente aussi à sa manière les théories contestables du complot sur lesquelles nous ne le suivrons pas forcément. D’un point de vue graphique, le dessinateur livre les méthodes de travail qu’il a employé sur ce projet. A partir de photos, il retravaille ainsi les contours, pose des décors et des textures qui densifient la page. Cela fait parfois penser à du street art séquencé, un mélange de polices, de formes géométriques plaquées sur papier avec des couleurs sombres, ocres, saturées qui donnent une dimension expérimentale au projet. Les planches sont parfois accompagnées de données statistiques, de dossiers permettant de saisir les enjeux de ce qui se joue. Cela permet ainsi un mélange de fiction et de réalité (les notes explicatives en fin d’album démontrent le souci de précision de l’auteur) qui jette aussi le doute sur notre propre lecture, comme si Hickman avait voulu lui-même nous placer au cœur de cette sombre machination. Un album qui étonnera plus d’un lecteur mais dont l’audace est salutaire !

Scénario :  Jonathan Hickman – Dessins : Jonathan Hickman – Nightly News – Urban Comics – Urban Indies – 272 pages – août 2014 – prix 22,50 €


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