Et voici un dossier sur les beaux livres. Beaux à tous points de vue.
Les livres sélectionnés seront soumis aux votes du Grand Prix des Lecteurs du MaXoE Festival 2025 ! Voici une sélection de ce qu’on appelle les beaux livres/artbooks.
Histoire Des Ninjas – Hommes de main et espions dans le Japon des samouraïs
Pierre-François Souyri est historien et spécialiste du Japon médiéval. Il est à noter qu’il a été le conseiller historique pour Assassin’s Creed Shadows. D’ailleurs, on retrouve dans ces pages pas mal de choses décrites dans le jeu : les aspects sociaux mais aussi les différentes régions du Japon féodal, avec les guerres qui vont avec bien sûr. L’ouvrage est quasiment totalement textuel, seul un carnet d’illustrations est disponible en son centre. Il est très réussi d’ailleurs et bien commenté, vous pouvez en voir un extrait ci-dessous. Avant de vous parler un peu du contenu, je souhaitais aborder la démarche scientifique de l’auteur, il est historien et ça se sent totalement. En effet, le propos est construit sur des bases bibliographiques solides et les choses sont dites avec prudence et humilité. C’est très agréable de lire ce genre d’ouvrage. Mais revenons au contenu. Huit chapitres s’offrent à vous pour mieux explorer l’histoire des Ninjas ou plutôt Shinobi comme nous l’explique l’auteur. On part du contexte historique général pour aborder une véritable question : que sont les ninjas ? On apprend ainsi qu’ils ont pris de multiples formes dans l’Histoire du Japon, entre voleurs et espions. C’est très intéressant de voir que ce mythe qui est devenu à la mode dans une période plutôt contemporaine se base finalement sur des bases historiques extrêmement compliquées à trouver et à vérifier. C’est passionnant.
Ensuite l’auteur explore la littérature pour essayer de démêler les faits historiques des légendes construites de toutes pièces. J’ai aussi beaucoup aimé la suite qui aborde les petites républiques d’Iga et de Kôga. Peut-être aussi car j’ai joué à Assassin’s Creed Shadows et cela donne du relief à mes sessions de jeu. Le livre poursuit en avançant dans le temps pour mieux nous expliquer l’évolution de ces guerriers de l’ombre. On finit sur les ouvrages de la confrérie et sur la création du mythe au travers des nombreux récits sur le sujet.
J’ai dévoré ce livre en un rien de temps. Le propos est passionnant de bout en bout, on ne voit pas passer les pages. Et puis, surtout, on apprend tellement de choses sur le Japon féodal.
Pierre-François Souyri – octobre 2024 – Editions Tallandier – 288 pages – 20,90 €
Images : (c) 2024 Museum Of Fine Arts, Boston
Star Wars La Revue N°4
Allez c’est reparti pour une très belle revue orchestrée par Huginn & Munnin. Rappelez-vous, je vous ai déjà présenté le tome 1, le tome 2 et le tome 3. Ainsi nous avons le droit à un opus par an et je dois dire que l’attente est longue car c’est toujours réussi. Et cela ne va encore pas se démentir, je peux déjà vous le dire d’autant plus que cela commence par un dossier qui ne peut que me plaire : le lien entre Star Wars et les comics. Vous le savez sûrement, j’anime le rendez-vous Comics en Vrac sur MaXoE ! Pour tout vous dire, les adaptations BD de la saga n’ont pas toujours été des merveilles avec un univers étendu un peu loufoque dans les premières années mais aujourd’hui c’est une source inépuisable de plaisir pour les fans. Et puis quel plaisir de voir ces planches légendaires élaborées à la fin des années 70. On a même le droit à une retranscription d’une réunion entre George Lucas, Howard Chaykin (dessinateur) et Roy Thomas (éditeur de comics chez Marvel). C’est vraiment intéressant de lire ces discussions passionnées et teintées de problématiques de droits divers et variés ! Et on aborde forcément le cas d’un chef d’oeuvre : l’Empire des Ténèbres. J’ai encore appris beaucoup de choses sur ces oeuvres, merci aux auteurs.
Le second dossier de la revue (toujours par deux ils vont) est consacré au côté obscur. On nous donne quelques pistes d’explications sur ce qu’est ce côté obscur car, comme vous le savez, les interprétations sont très nombreuses. On nous présente même quelques rudiments de la langue Sith, pas mal du tout !
Et comme d’habitude, ensuite on nous propose la rubrique Parcourir La Galaxie. On y explore l’univers de Lucas et ce y compris dans sa dimension étendue. On nous parle du Mandalorien, d’Ezra Bridger entre autres choses. Et parmi ces autres choses, j’ai adoré la partie sur les Purrgils. Ce sont ces baleines qui vivent dans l’espace qu’on a pu découvrir notamment dans la série Ahsoka.
On continue avec un chapitre appelé Les Coulisses de la Création. On y parle des récits sur tous les artistes qui font vivre l’univers. Il y a ainsi notamment un dossier sur le légendaire Ralph McQuarrie. On finit avec la partie Par-Delà La Galaxie qui nous présente des choses encore différentes comme un dossier sur l’attraction Star Tours ou encore sur la naissance des romans.
Une fois encore ça fait mouche. Je croyais connaître beaucoup de choses sur l’univers Star Wars mais j’en ai encore appris beaucoup avec cet ouvrage. Le tout est bien écrit et la qualité du papier ne gâche rien à notre plaisir ! Un must-have pour tous les fans de la saga.
Collectif – mai 2025 – Huginn & Muninn – 208 pages – 25,95 euros
Super-Héros, Une Histoire Française
Ce livre est sorti en 2014 mais il a été réédité en juin 2024. C’est le moment de se rattraper. On y découvre avec délectation tout ce qui a fait l’imaginaire français dans le domaine. Et attention, le voyage décoiffe car on part de Monte-Cristo pour aller jusqu’à SuperDupont en passant par Photonik. On parcourt ainsi les années jusqu’aux plus récents de nos héros frenchies. On part du 19ème siècle pour aller jusqu’à une période très récente. J’ai beaucoup aimé le passage sur cette manie des masques qui a sévit au 19ème siècle. Marrant.
J’ai aussi beaucoup aimé le chapitre sur la parodie. Ben oui, comment parler des héros français sans aborder cet aspect de notre culture et donc sans parler de SuperDupont. Et puis, on arrive à la période où les créateurs français ne se cachent plus d’aimer ce genre considéré par beaucoup comme trop vulgaire. C’est l’ère de Titans, la revue Marvel mais aussi celle de Mustang, création de l’éditeur LUG. Ces deux périodiques ont vu arriver les héros modernes que sont Photonik, Ozark et Mikros. L’ouvrage finit sur des pages qui nous expliquent que les auteurs français ont fini par se réapproprier la notion de super-héros sans chercher forcément à reproduire le schéma américain.
Vous l’avez compris, ce qui nous est proposé ici, c’est une plongée en profondeur et dans le temps de tout ce que la France a pu produire de héros en tout genre. Le propos est extrêmement bien documenté, on y découvre des foultitudes de choses intéressantes et l’auteur écrit très bien. En bref, j’ai adoré cette lecture et c’est une magnifique occasion de cadeau pour tout fan de héros.
Xavier Fournier – juin 2024 – Huginn & Muninn – 252 pages – 26,95 €
La préface est écrite par Isao Shimizu historien de l’art, professeur à l’Université Teikyō Heisei de Tokyo et spécialiste du manga et du dessin satirique japonais. Cette version française nous est traduite par Jean-François Cornu et Samuel Core et est sortie le 29 mars 2024 aux éditions La Martinière.
Un ouvrage sur les origines du manga, décryptées par le prisme d’œuvres japonaises populaires allant du VIIIe au XXe siècle.
Le manga, signifiant initialement « croquis », est ancré depuis longtemps dans la culture japonaise. Les artistes ont souvent esquissé des caricatures et satires, ensuite imprimées en série, préfigurant les bandes dessinées actuelles.
De la période de Heian (794-1185) à l’ère Meiji (1867-1912), ce livre revient sur les prémices du manga en réunissant les artistes fondateurs du genre – Utagawa Kuniyoshi, Tsukioka Yoshitoshi ou encore Katsushika Hokusai – à travers 300 œuvres commentées. Qu’il s’agisse de simples dessins, de rouleaux illustrés, d’estampes ou de revues, ces images populaires portent un regard ironique et d’une étonnante modernité sur la nature humaine et la société.
Si vous êtes passionné de manga, du Japon et d’histoire, cet ouvrage est idéal pour vous ! Vous y découvrirez les prémices du manga ainsi que différentes peintures qui ont pu inspirer vos auteurs favoris contemporains. Chaque description vous en apprend davantage sur l’histoire du Japon ainsi que sur l’histoire de la création des mangas en général. Je vous le conseille à titre personnel, il saura émerveiller le passionné que vous êtes et complétera votre bibliothèque avec style.
Auteur : Isao Shimizu – La Martinière – 280 pages – Mars 2024 – 25 €
Allers et Retours du Hobbit – Des Mots Aux Images
Vivien Lejeune aime l’univers de Tolkien, ce n’est plus à prouver. Je vous avais d’ailleurs parlé de son livre sur le Seigneur des Anneaux ici. Je vais tuer le suspense tout de suite, j’ai adoré cet ouvrage. Une fois de plus Vivien Lejeune nous emporte au gré de ses mots. Il documente son propos avec la précision d’un orfèvre et il aborde le sujet avec une ouverture incroyable, ne se contentant pas d’effleurer les choses, non il va bien au-delà de la surface, ce qui fait que tout fan de la saga, aussi affuté soit-il, découvrira des trésors d’information dans ces pages.
L’ouvrage se présente en 2 parties. La première se focalise sur les mots du maître : J.R.R. Tolkien. On lit ces lignes avec avidité, il nous permet ainsi de mieux comprendre la genèse du Hobbit mais aussi tout le contexte historique et social de sa création. Il y a toujours des choses inédites à choper dans ces pages. Ainsi j’ai beaucoup aimé le passage qui nous parle de la relation de Tolkien avec les auteurs de son époques et leurs oeuvres. Que dire aussi des pages qui nous content les pensées de notre auteur concernant la seconde guerre mondiale : tout simplement passionnant.
La deuxième partie se penche sur l’adaptation qu’a proposé Peter Jackson au cinéma. Il nous explique, avec son talent habituel, de quelle manière le réalisateur s’y est pris pour faire trois long-métrages à partir d’un matériau pourtant assez sommaire, finalement, d’un seul ouvrage papier. J’ai, encore une fois, adoré ces lignes. On y apprend beaucoup de choses sur la volonté créatrice de Peter Jackson qui se fait toujours dans le respect total de l’univers de Tolkien. Ainsi, il cherche le moindre indice lui permettant de pouvoir intégrer tel ou tel personnage à ses films alors qu’ils ne sont pas présents dans le livre. Vivien Lejeune nous parle, par exemple, de Tauriel, créée de toutes pièces par le réalisateur, et de l’ajout de Legolas. Les fans ont pu être choqués à l’époque mais en lisant ces lignes on comprend bien mieux la démarche de Jackson. C’est passionnant. Vraiment. On finit par un chapitre sur la musique du film majoritairement créée par Howard Shore. Encore une fois, il y a une foule de détails qui vont vous captiver.
Comme d’habitude, on ne peut que saluer le travail de l’auteur. Vivien Lejeune est un orfèvre, il va chercher le moindre détail pour nous surprendre encore. Même si vous pensez être un spécialiste du monde de Tolkien, vous allez apprendre des choses, et ça c’est magique ! Et puis, il y a le style, c’est bien écrit, c’est fluide, ça se lit comme un roman. Merci !
Vivien Lejeune – août 2024 – Third Editions – 208 pages – 24,90 €
La Belle et la Bête
Benjamin Lacombe est un habitué de l’univers des contes de notre enfance, qu’il a commencé à illustrer en 2003 avec Le Petit Chaperon Rouge. Un univers qu’il n’a jamais abandonné puisqu’il a ponctué sa carrière d’illustrateur, de Blanche-Neige à La Petite Sirène, en passant par Alice Au Pays Des Merveilles, jusqu’à La Belle et la Bête.
Sortie officiellement le 19 février 2025, sa dernière œuvre a été présentée en avant-première au Festival International de la BD d’Angoulême un mois plus tôt. Contrairement aux autres contes dont il reprenait le texte original pour l’illustrer, La Belle et la Bête est une réécriture, signée Cécile Roumiguière. Si celle-ci s’inspire à la fois de l’histoire écrite par Gabrielle de Villeneuve en 1740, de l’adaptation pour le cinéma signée Jean Cocteau en 1946 et, bien évidemment, du film d’animation des studios Disney, elle est résolument moderne en offrant une vision très féministe de ce conte datant de plusieurs siècles.
Quant à l’illustration de Benjamin Lacombe, particulièrement sublime, elle mêle à la fois la vision la plus populaire que nous connaissons tous – celle du classique Disney – tout en la plongeant dans un décor gothique qui n’est pas sans rappeler le style victorien.
Cécile Roumiguière & Benjamin Lacombe – février 2025 – Albin Michel – 80 pages – 24,90 €