Et voici notre deuxième dossier musique. Alors comme d’habitude, je ne suis pas à l’aise à l’idée de mettre la musique dans des catégories mais j’ai essayé de regrouper les choses du mieux que j’ai pu.
Toutes les chroniques ci-dessous sont tirées de notre rendez-vous hebdomadaire La Playlist de MaXoE que nous vous proposons chaque mardi et dans laquelle nous sélectionnons les artistes qui ont attiré notre attention.
Les artistes sélectionnés seront soumis aux votes du Grand Prix des Lecteurs du MaXoE Festival 2023 !
Jazz/World/Soul/Classique
This is real – Thomas Kahn
Voilà de la soul comme on n’en entend plus beaucoup. C’est du pur jus ! On se croirait revenus à l’âge d’or du genre entre Otis Redding, Marvin Gaye, Wilson Pickett et plein d’autres. On retrouve ainsi la touche soul de l’époque avec ce qu’il faut de mélodies élaborées mais aussi de cuivres, orgues et autres choeurs. Le tout avec une touche moderne bien sûr. J’ai adoré Don’t Look At Me. On ressent les vibrations de l’époque, cette Soul se mélange avec des prémices de Disco et on se prend à penser aux rues de New York à l’orée des années 70 (d’ailleurs le clip est carrément clair là-dessus). Stay Away est aussi un petit bijou. Les guitares sont très aériennes, la ligne de basse est bondissante à souhait et que dire de ces claviers discrets mais indispensables. C’est donc extrêmement bien construit et terriblement fin. Finissons par la voix du chanteur : elle est faite pour ça. Il a de la puissance, une tessiture adaptée et un rien de son rauque ce qui est parfait pour ce genre de musique. A écouter de toute urgence.
Blue Wine – Haylen
Premier morceau et le ton est donné. On plonge en plein dans une soul teintée de rock à la mode des sixties. J’adore car, non seulement l’esprit est là mais il y a aussi le son, ce son vintage qui finalement n’a pas pris une ride. Ce premier morceau, Secret Rhythm, nous emmène vers d’autres cieux, vers d’autres paysages, très rafraîchissants au milieu des tubes par trop convenus de notre époque. Mais passons au deuxième morceau de la galette. Il s’appelle As a Child, et il nous montre une autre facette de l’artiste. C’est beaucoup plus rock mais l’empreinte originale est toujours là. Et puis il nous permet d’explorer pleinement le talent vocal d’Haylen. Elle possède un timbre très particulier, sa voix est pleine d’énergie et j’adore quand elle la pousse dans ses derniers retranchements. Cette énergie on la retrouve sur chaque piste, c’est notamment le cas avec My Own Way. Ce morceau est assez fabuleux, il emporte tout sur son passage en mode bulldozer. Il y a également Take Me by the River, qui sous des apparences de ballade nous livre une partition puissante aux accords ciselés. Bref, c’est un must-have, vous l’avez compris.
The Youngling Vol 2 – Lehmanns Brothers
Le groove à la française ! Voilà ce qui nous est proposé ici. Les Lehmanns Brothers, c’est un groupe né en 2012, à Angoulême, avenue Lehmann. Ce sont 5 lycéens qui ont décidé de mettre en oeuvre leur passion pour la soul, le funk, le jazz et les rythmes-afro-américains. Ils sont plutôt des gens de scène et c’est sûrement pourquoi ils nous proposent ici un EP fait en live que vous pouvez d’ailleurs découvrir intégralement sur leur chaîne YouTube. Le résultat ? C’est un voyage musical grisant. Si vous fermez les yeux, vous vous imaginerez dans une voiture arpentant, de nuit, les rues de San Francisco ou de New York. Cette musique est faite de Soul, mais aussi de jazz. Tout est aux petits oignons, tout est peaufiné à l’extrême. C’est doux comme sur Mellow Monday et c’est plus rock, plus hargneux sur The God Dressed In Green. J’adore ! Les musiciens font le job à merveille, la ligne rythmique basse – guitare – batterie est parfaite et les choeurs se marient avec bonheur avec la section de cuivres. Ecoutez et écoutez encore, ces morceaux se livrent petit à petit.
The Venus Ballroom – Dead Chic
Voilà encore une belle surprise. Dead Chic, c’est, au départ, les deux musiciens Andy Balcon et Damien Félix. Et puis ils ont été rejoints par Rémi Ferbus et Mathis Akengin. La teinte est donc franco-anglaise et la musique semble métisse aussi. Tellement qu’il est difficile de la définir exactement. Dans la presse, ils sont taxés d’Heavy Rock à la sauce Soul, et bien moi je dirais que c’est de la Soul à la sauce Heavy Rock. Mais tout cela n’a pas d’importance. Ce qui ressort, c’est une belle énergie, portée par la voix incroyable d’Andy. Et puis derrière, il y a les choeurs ciselés de Damien et la justesse des instruments. Ils sont toujours au service de la mélodie même au plus fort du rock quand les riffs deviennent rage. Les six pistes livrent le coeur du groupe, on le sent parfaitement. J’ai adoré Good God, c’est là où la Soul se met à s’élever au dessus du lot, les accords sont parfaits et les arrangements ne le sont pas moins. You Got It est terriblement Soul lui aussi avec toujours cette association réussie avec le rock. Bon c’est décidé, ils seront dans la rubrique Soul pour la sélection du MaXoE Festival mais, ce n’est pas important, ce qui l’est, c’est de les écouter !
Between Mist And Sky – Kimya Ensemble
Voici un nouveau coup de coeur qui va aller directement dans la sélection du MaXoE Festival dans la catégorie ‘Jazz/World/Soul/Classique’. C’est la rencontre de musiciens aux influences plurielles et d’ailleurs Kimya veut dire alchimie en arabe. Les instruments sont, de fait, divers aussi avec le santour (d’origine iranienne), l’alto et la viola d’amore, les percussions indiennes et le violoncelle. Autant de différences, autant de raisons de créer une musique originale et captivante. On se retrouve ainsi avec des créations mêlant les musiques classiques et contemporaines d’Europe, du Moyen-Orient et d’Inde. L’Orient apporte sa culture du quart de ton qui donne cette teinte si particulière à l’ensemble et qui peut même troubler un peu à la première écoute, habitués que nous sommes aux demi-tons. Les artistes nous proposent 7 morceaux, chacun nous raconte une histoire sur de longues minutes. Comme souvent dans ce style de musique, il faut se laisser porter, écouter les nuances, écouter les mots qui filtrent entre les mesures. J’ai beaucoup aimé le voyage que cela occasionne, on se sent projeté dans une autre réalité poétique et délicate. J’ai adoré Folies d’Espagne avec sa dynamique, son entrain. Elle pourrait sans peine habiller un film d’aventure se déroulant au bout du monde. Les musiciens jouent en finesse, en totale osmose pour un résultat envoûtant. Un album à découvrir de toute urgence.
Coriace – Bebly
On vous a déjà parlé de Bebly, vous pouvez relire notre chronique ici. On retrouve la même douceur, la même introspection. Toujours cette voix émouvante qui nous emmène sur des routes apaisées mais torturées. La sobriété est de mise, la voix, une guitare, quelques autres petites choses et c’est tout. Ainsi, on se concentre sur le côté épuré des mélodies et sur les textes, toujours aussi fins, toujours aussi percutants et habiles. J’ai beaucoup aimé Sursaut Dans l’Immense. Le morceau est hypnotisant et inquiétant, posant là une ambiance incroyable. Le tout est renforcé par ces accords en disto, profonds et puissants. Il y a aussi Malentendu, aérien et triste. Merci pour ce voyage un rien mélancolique. Evidemment si vous aimez les riffs enragés et les batteries rock, vous risquez de ne pas apprécier mais si vous aimez la musique, tout simplement, vous allez adorer.
Pop/Electro/Funk/Hip Hop
We Are – MLD
Derrière MLD, vous avez Stéphane Mourgues. A priori, parmi ses influences, il y a la scène Acid Techno de la fin des 90’s. C’est indéniable mais à l’écoute de cet EP, je ne peux m’empêcher de penser aux BOF de films d’anticipation et de SF des années 80 avec ces gimmicks entêtants, avec ces nappes envoûtantes. J’imagine bien Slaves And Masters comme morceau d’accompagnement des courses de motos dans TRON. Il y a des choses moins endiablées, plus sages comme I Love My Robot. Là vous pouvez apprécier le travail sur les sonorités et les mélodies, le tout créant une ambiance toute particulière. J’ai aussi beaucoup aimé Hidden Place. La construction du titre est particulièrement réussie. Tout l’EP nous livre une histoire, dans une atmosphère totalement réussie. J’aime beaucoup !
La Vitesse – Izïa
Izïa, je ne connaissais pas, ok pardon. Je suis tombé sur elle au détour d’une suggestion Youtube. J’ai appris qu’elle était la fille de Jacques Higelin mais peu importe, j’écoute ces pistes et je suis charmé. Voilà la chanson française moderne, entre pop et électro, entre rock et plein d’autres choses. Izïa a une identité forte que l’on retrouve tout au long de l’album qui est bourré de petits bijoux incroyables. J’ai adoré Folle. Juché sur une rythmique à la frontière de l’électro, la voix aérienne d’Izïa est magnifique en tous points. L’ambiance est terrible sur cette piste et quelle bonne idée que cette sonorité rageuse sur la fin de la partition ! Un morceau plus apaisé m’a aussi tapé dans l’oreille. Nos Rêves propose un clavier entêtant et des artifices sonores très originaux. Mais surtout, la mélodie est parfaite, douce et inspirée. Et puis il y a Mon Coeur. Morceau parfait s’il en est. Dansant au possible, percutant et inspiré, un hit ! Voilà donc une très belle surprise, cette artiste m’a conquis !
Nova – Alain Valdés
Encore un coup de coeur. Mais un coup de coeur trop court malheureusement, cet EP ne fait que 4 titres. Le genre ? Difficile à dire, l’artiste aime les mélanges manifestement mais c’est pop, indéniablement, c’est aussi un peu jazz par des constructions originales et des instruments surprenants. Mais de toutes façons, c’est inutile d’essayer de ranger la musique dans des cases, ce qu’il faut retenir c’est que cet EP ne vous laissera pas indifférent par son originalité, par sa brillance et sa présence. La basse est omniprésente, toujours habile, créant un tapis de velours pour les autres instruments qui peuvent alors pleinement s’exprimer. C’est notamment le cas sur No Evidence. J’ai adoré ce morceau, bondissant, enthousiasmant, déstabilisant et aux intonations jazz. Ecoutez-moi ça au plus vite et faites comme moi : demandez un album de plus de 4 titres !
After The Embers – Two Faces
Le gros, gros coup de coeur. Ce duo nous livre un opus extrêmement rafraîchissant. Ils mêlent très judicieusement électro et rock en y ajoutant une pointe de pop. Mais après tout, on s’en fiche, cela n’a pas d’importance, la musique n’est pas faite de cases. C’est d’ailleurs presque une gageure de décrire leur musique, il faut véritablement l’essayer par soi-même. Ce que je peux dire, c’est que j’ai été enthousiasmé par ces partitions. On a l’impression d’écouter de toutes nouvelles choses. Ainsi sur The Fire, il y a des nappes orchestrales mêlées à une basse obsédante, à des sons rugueux et à ces deux voix qui se conjuguent à merveille. Pfiouuuu mais quel pied ! Il y a aussi Jet Stream. Ce morceau dégage une puissance formidable, juché sur des innovations sonores et il y a toujours ces voix qui apportent ce rien de mélodique, l’ensemble se mélange parfaitement. Finissons sur le son, c’est profond, très équilibré. On est loin des arrangements FM, ici c’est fait avec finesse et intelligence. Chapeau bas messieurs !
The Valley Of The Kings – Ugly Mac Beer
L’artiste officie depuis la fin des années 90 en tant qu’artisan du son, c’est un beatmaker comme on dit aussi. Il nous livre ici un album tout en finesse, mêlant très habilement les genres, entre Hip Hop, classique et soul music. Ce côté soul est particulièrement sensible sur The New Flame. Les sons sentent bon les années 60/70 et le Hip Hop donne une belle allure de modernité à l’ensemble. C’est ainsi ce Hip Hop qui est le fil conducteur de la galette. Il donne le ton et met en valeur tout le reste. J’ai particulièrement aimé Dolce Vita qui propose un côté tout à fait vintage. Il y a aussi une tendance ‘musiques de films’ avec Les Choeurs Perdus ou Years Of Despare. Je finis avec Resurrection qui a ma préférence avec ses boucles obsédantes et des magnifiques cordes. Ugly Mac Beer fait du son et il le fait très bien.
Hold On – Flaur
De la pop comme je l’aime. Légère et sans chichis, aérienne, rythmée et inspirée, elle m’a tout de suite convaincu. Leur single Hold On est assez représentatif de leur travail. Le titre nous livre des inspirations 70’s par ses claviers et sa voix. C’est d’ailleurs un peu cette inspiration qui guide les 5 titres de l’EP. Les airs se marient avec des guitares éthérées et des claviers non mois subtils. L’électro est aussi leur support avec des nappes particulièrement bien senties, juchées sur des accords qui sont loin des sentiers battus comme sur Now. Bref, voilà un EP parfaitement réussi qui nous donne envie de plus, cette musique respire la joie, nous livre de l’originalité et fait fi des choses convenues. Finissez avec On My Mind, enregistré en live, l’émotion est présente, les arrangements sont parfaits, les instruments sont affutés, que du tout bon !
Teenagers – French 79
Et voici le retour de Silon Henner, figure de l’électro frenchie. C’est donc le troisième album pour French 79. J’aime beaucoup ce qu’il fait, c’est de l’électro qui nous livre des gimmicks entêtants et inspirants. Même si nous sommes sur une électro contemporaine, elle n’est pas sans me rappeler ce qui se faisait dans les années 80 et 90. Ce sont sûrement les synthés mélodiques, les lignes de basse planantes et ces notes aériennes qui me font penser à cela. C’est particulièrement sensible sur Superhero. Même sentiment sur Memories, je me laisse emporter par ces claviers qui m’hypnotisent, c’est à la fois relaxant et obsédant. Il y a aussi Freedom avec ces sons si particuliers qui nous bousculent un peu, qui nous perturbent finalement. Voilà donc un artiste qui fait souffler un vent de fraîcheur sur l’électro française dans la plus pure tradition de la french touch.
Anamnesya – Donamaria
Ce n’est pas la première fois que je vous parle de Donamaria. Elle avait même été sélectionnée dans le cadre du MaXoE Festival en 2021 et vous pouvez retrouver son interview ici. Décidément, j’aime cette électro pop, elle est élégante, jamais dans l’excès mais plutôt dans l’inspiration. J’ai ainsi beaucoup aimé le titre Rouge Sang. C’est original et particulièrement soigné dans la réalisation. Et puis la recherche sonore est très intéressante avec des notes qui vont vous surprendre. J’adore cette électro un peu entêtante et mélodique, c’est particulièrement notable sur Demain. Et comme toujours, il y a la voix de la belle, toujours aussi charmante, toujours aussi précise et cristalline. Ecoutez Ô Nuit pour vous en convaincre. C’est délicat, à déguster dans le noir, tranquillement. Cet EP fait aussi bien que le précédent.