Ceux qui me connaissent le savent, je voue une admiration sans limite pour l’œuvre de John Carpenter. Peut-être parce que je l’ai découverte au bon moment, quand l’envie de voir autre chose – entendons par là des films qui n’étaient pas inscrits dans le moule hollywoodien, donc bien plus irrévérencieux et critiques, réalisés parfois de bric et de broc – me titillait l’esprit, et que je me décidais à arpenter les salles obscures désertées pour voir du Dario Argento, du Jim Jarmusch, du Gregg Araki, du Gus Van Sant, du Sam Raimi ou autres Abel Ferrara. C’est à cette époque, à peu près que l’œuvre de John Carpenter a percuté ma vie…
… Aussi, quoi de plus normal que d’être attiré par tout ce qui sort sur l’auteur singulier que nous connaissons – entendons par là livres, revues et reportages ? D’autant plus que Carpenter, cela n’aura échappé à personne, se fait rare derrière la caméra depuis la sortie, en 2011 (déjà), de The Ward : L’Hôpital de la terreur. Quoi de plus normal (bis) que de craquer devant la très belle revue S!CK, découverte à l’occasion de la sortie de son 29ème opus dont le dossier central est consacré à un film mythique s’il en est, The Thing ?
Sorti en 1982 le film met en scène, en Antarctique, une équipe de chercheurs qui va être mise en contact, bien malgré elle, avec une vie extraterrestre qui possède la faculté de prendre le corps et l’apparence de celui qu’elle veut. Au sein de la station un huis clos anxiogène s’installe peu à peu, la « chose » ôtant la vie tour à tour à chacun des membres de l’équipe scientifique…
Parler d’un film sorti en 1982, qui plus est d’un réalisateur qui, s’il avait bonne presse, plafonnait à quelques centaines de milliers d’entrées, est assez culotté pour que l’on prenne le temps qu’on s’y attarde.
Quelques mots sur S!CK qui se baptise lui-même magazine de cross-culture. Quelle est la politique générale de la revue ? Ses centres d’intérêts ? Sa marque de fabrique et la maquette qu’elle propose ? Commençons par le début, avant même d’ouvrir cette revue et de s’y plonger, force est de constater qu’elle pèse son poids. Plus de 270 pages pour le numéro consacré à The Thing, c’est rare et précieux aujourd’hui, cela laisse en tout cas – et ça nous le découvrons une fois ouverte la revue – l’opportunité d’aérer le propos en mixant agréablement page de texte et d’analyse, photos et dessins. Concrètement, pour ce numéro, The Thing occupe la place centrale (130 pages d’analyses) mais la revue n’est pas qu’un numéro spécial dédié à ce seul long-métrage, elle parle aussi d’autres œuvres du 7ème art : 30 pages sont ainsi consacrées à The Killer de David Fincher, 20 à The Lighthouse de Robert Eggers, 30 de plus à Ninja Turtles: Teenage Years de Jeff Rowe et Kyler Spears avant de finir par quelques pages dédiées à Dark City et Poor Things. Vous comprenez maintenant le pourquoi de la forte pagination.
Sur la forme, nous l’avons dit, c’est aéré, moderne dans la mise en page, avec plusieurs sens de lecture, l’utilisation de polices de caractères en lien avec l’œuvre présentée, des pages de diverses couleurs. C’est punchy, très visuel, efficace et surtout ça donne envie de lire.
Sur la philosophie d’ensemble l’idée est de proposer du contenu peu vu ailleurs. Si les analyses sont pertinentes, la rédaction s’aventure derrière le décor, en allant interroger producteurs, responsables ou designeurs des effets spéciaux, autrement dit des acteurs essentiels du film parfois peu ou pas sollicités, offrant une autre dimension à des œuvres pour lesquelles réalisateurs et acteurs ont déjà offerts leurs impressions. Si on ajoute à cela que la revue est proposée sans publicité, c’est rare et démontre une volonté d’accès avant tout sur un contenu de qualité. Travail passionné est essentiel, S!CK alterne numéros consacrés au cinéma et numéros axés sur le jeu vidéo, créant des passerelles entre les deux univers. Essentiel d’y jeter un œil !
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