Un bon magazine, c’est quand même le pied. Perso, j’aime bien lire dans le métro ou le train quand je me rends au boulot, et un magazine c’est souvent une évasion toujours plus loin dans nos imaginaires. Walp, nouveau venu dans nos kiosques, démontre que les vagabondages doivent se voir comme autant de moyens d’aller vers les autres, et que, même si l’on aime parfois se faire ermite, partager, donner est à coup sûr un mode de vie à réinventer. Découverte…
Si je n’aime pas spécialement la télévision à qui je préfère volontiers une bande dessinée, un bon roman de SF ou un magazine, il y a pourtant des émissions ou des programmes que je ne voudrais louper pour rien au monde. Parmi eux, et tout le monde le sait à la rédaction de MaXoE, il y a mes matches de rugby du samedi (ou du dimanche), qui sont l’occasion de boire (modérément) une IPA ou une ambrée si possible d’abbaye et de pouvoir s’énerver sur un arbitre qui en veut forcément à mon équipe. Il y a aussi quelques séries qui ne me laissent pas indifférent (Silo, Snowpiercer, les sagas dérivées de Walking Dead, Dark Matter, de l’excellent romancier Blake Crouch…) ou des programmes plus confidentiels captés sur Twitch TV que j’aime regarder à la volée. Il y a enfin, et surtout, une émission que je regarde bien calé dans mon canapé, une émission qui donne un grand bol d’air frais dans nos quotidiens. Une émission de peu, faites avec trois fois rien et qui pourtant parvient à nous redonner le sourire et l’espoir en l’homme.
Cette émission c’est Nus et culottés, proposée depuis 2012 sur TV5 par les deux vagabonds que sont Nans (Nans Thomassey) et Mouts (Guillaume Tisserand-Mouton). Pour ceux qui ne feraient pas partie du million de téléspectateurs qui suivent l’émission depuis 12 ans maintenant, rappelons le concept. Nos deux loustics Nans et Mouts se fixent un objectif parfois totalement délirant et essayent de l’atteindre (exemple : construire un sauna à Mouthe ou offrir un cadeau aux centenaires de l’île Rodrigues). Particularité – ou concept de l’émission – ils débutent leur périple nus et doivent, dans un premier temps, trouver de quoi s’habiller auprès des gens qui leur donneront ici un tee-shirt, là un pantalon, ici encore des chaussures… L’objectif à atteindre et les obstacles rencontrés (ils doivent parfois parcourir des centaines de kilomètres en faisant du stop, de la marche à pied…) sont autant de moyens de faire de belles rencontres, de découvrir qu’à notre époque les gens peuvent encore être généreux et donner un peu de ce qu’ils ont, un sourire, un café, un repas ou une prise en stop. A chaque émission de grands moments d’humanité et de partage qui réconcilient avec la nature humaine.
En 2021 notre duo de compères lançait le magazine La Tribu du Vivant qui devait relayer et proposer un contenu complémentaire aux émissions diffusées et rediffusées sur le petit écran. Avec ses quatre numéros par an, Nans et Mouts offraient donc une matière vagabonde et des envies d’ailleurs à ses lecteurs. Si le contenu ne souffrait d’aucun défaut de qualité, notre duo voulait franchir un pas dans la diffusion et dans la qualité du magazine. Ces deux aspects d’évolution, ils devaient le trouver chez Bayard avec qui ils décident aujourd’hui de poursuivre l’aventure. Le magazine change pour l’occasion de nom et devient Walp, sous-titré « Vagabondage, rencontres et pépites ». Alors que trouve-t-on dans le premier numéro de cette revue (sortie en kiosques fin novembre) ? On y retrouve un invité qui se livre à nu dans une large interview. Philippe Katerine est ainsi le premier à se livrer à l’exercice et plus qu’un entretien classique, l’échange devient témoignage commun des trois personnages. Quoi d’autre ? Des reportages sur des vagabonds de tout âges partis sur les routes pour aller au contact des gens, avec cette idée d’apporter un petit rayon de soleil et d’en recevoir tout autant. Une bande dessinée, des conseils de lecture, des recettes, un tuto pour réaliser un origami, un carnet de voyage… De quoi dépayser nos esprits pris dans des quotidiens desquels il est parfois difficile de se couper…
Le mal de notre époque disait Nanni Moretti vient du fait que « les gens parlent beaucoup mais écoutent peu. » Walp propose de corriger cela dans un autre rapport au temps qui se fait dès lors plus sensible et plus lumineux. Walp est un rendez-vous trimestriel et ne coûte que 19,50 euros pour ses 116 pages de haute tenue. Abonnez-vous ici !