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La BD du jour : La fin du monde en trinquant de Jean-Paul Krassinsky (Casterman)

C’est à partir d’un fait divers que Jean-Paul Krassinsky construit son nouvel album. Un corps céleste va s’écraser en pleine Sibérie et son héros va se faire fort d’avertir les autorités (la Grande Catherine de Russie) pour éviter un carnage dans les maigres populations qui peuplent les contrées où doit s’écraser l’objet. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

Le 30 juin 1908 en plein cœur de la Sibérie, une météorite explose causant une onde de choc comparable à 1000 bombes atomiques. Le paysage autour de la communauté rurale de Vanavara se voit désolé avec des milliers d’arbres arrachés sur un rayon de plus de 100 km². C’est ce fait divers qui inspire le dessinateur Jean-Paul Krassinsky pour son album La fin du monde en trinquant. En partant sur une base de personnages anthropomorphiques, l’auteur du Crépuscule des idiots construit un récit tout à la fois bourré d’humour et particulièrement acide, puisant dans l’histoire de la Russie de quoi alimenter son histoire. Le grand Nikita Petrovitch l’a vu au travers de ses instruments de mesure. Un corps céleste va s’écraser sur Terre, en plein milieu de la Sibérie, là où selon la Grande Catherine, « on n’y trouve pas âme qui vive, hormis des élans et quelques ours ». Petrovitch avoue avec pas mal d’audace et un brin d’irrespect à l’impératrice ne pas être en phase avec son point de vue. Car dans ces étendues jadis sauvages se sont implantés des sujets de sa majesté. Pour avoir osé défier le pouvoir, le scientifique se verra confier le soin d’aller prévenir lui-même les quelques âmes qui peuplent cette contrée retirée. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

Avec un talent redoutable fait d’un dessin mis en couleur à l’aquarelle, Jean-Paul Krassinsky construit un duo de personnages mal assortis comme pouvaient l’être les Depardieu et Pierre Richard de La chèvre. De ce duo improbable le dessinateur puise son terreau comique, composant des scènes hilarantes et décalées. Pour autant il parvient à ne pas s’enfermer dans ce seul registre et met en avant quelques traits de cette grande Russie qui n’était pas très tendre avec ses sujets mais aussi, notamment, avec les juifs. Une Russie qui, à une époque où triomphent plus à l’Ouest les Lumières fait preuve d’un obscurantisme saisissant qui la rapproche plus d’un moyen-âge sclérosant que d’un modernisme triomphant. Le talent de Krassinsky est aussi d’offrir à ce récit une batterie de personnages secondaires séduisants qui le densifie et permet des rebondissements bien sentis sans perdre de vue l’essentiel, offrir un vaudeville campagnard déjanté…

Jean-Paul Krassinsky – La fin du monde en trinquant – Casterman


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