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Rentrée littéraire-MaXoE Septembre 2011 (deuxième partie)

Nous vous avions présenté il y a une petite quinzaine de jours la première série des romans de la rentrée littéraire de septembre 2011 sélectionnés par MaXoE. Nous clôturons donc cette sélection avec cinq nouveaux coups de cœur et douze ouvrages incontournables. Au total MaXoE vous révèle donc trente six romans dont dix coups de cœur. De quoi vous permettre de faire votre choix dans cette rentrée foisonnante qui met en avant des auteurs qu’il faudra suivre de près, nous pensons notamment à Thomas Vinau, Dalibor Frioux, Antoine Choplin, tout en confirmant des habitués des honneurs (Lydie Salvayre, Emmanuel Carrère, Patrick Grainville…). Une sélection dans laquelle devrait figurer des primés mais aussi et surtout de très belles révélations ! A suivre…

 

A supposer qu’un peintre soit habité par l’obsession de restituer sur sa toile l’élégance et la fragilité d’un héron cendré ; à supposer que ce peintre habite Guernica en avril 1937, peut-être alors que l’histoire qui nous sera contée observera le tragique et la folie des hommes. Alors qu’il s’acharne à donner vie à l’oiseau qui habite ses pensées, la mort, qui vient elle aussi du ciel, guette à tout instant. Des taurillons à la peau en feu qui errent sur la place de Guernica dans des courses chaloupées, la roue d’une bicyclette qui s’anime par les déflagrations des bombes qui tombent tout autour d’elle, un photographe dont les clichés laissent transpirer la peur et l’horreur sans les montrer, amour, folie, tels sont les ingrédients d’une histoire au cœur de l’Histoire. Roman halluciné et poétique d’Antoine Choplin, Le héron de Guernica (Rouergue) respire la vie par la description tout en volutes de moments sensibles offerts sans sensibleries. Le regard d’un artiste – donc forcément décalé – sur l’un des évènements les plus dramatiques qui a précédé au second conflit mondial… Walther s’apprête à devenir père. Il décide pourtant de prendre le large. Pourquoi cette fuite ? Simple échappatoire  devant les réalités d’une charge à venir ou désir de couper les derniers liens qui le relient à l’insouciance de la jeunesse ? Par cette trajectoire à travers l’Europe il construira son propre voyage initiatique qui lui permettra de tenir les nouvelles responsabilités qui l’attendent. Avec Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (Alma éditeur), Thomas Vinau livre un roman d’une grande densité. Il pose aussi la question des responsabilités, de l’amour et du temps qui nous rattrape tous. Une prose qui séduit immanquablement… Que dire du dernier roman de Dimitri Bortnikov, Repas de mortparu chez Allia ? Objet littéraire non identifié ? Œuvre inclassable ? Incontestablement mais pas uniquement car ce roman, le premier écrit directement dans notre langue par son auteur, est tout à la fois un exercice de style – fait de mots éructés, crachés, vomis, dépossédés de leur poésie intrinsèque  pour en restituer la force brute, bref une écriture troublante qui désarçonnera à n’en pas douter les lecteurs de plages – et la mise en abyme d’un univers troublé, sombre, onirique par bien des aspects dans lequel déambulent les fantômes de personnes ou animaux qu’il a connu. En d’autres termes vous sortirez différent de la lecture de cette œuvre qui marquera cette rentrée… Olivier Frébourg nous livre avec Gaston et Gustave (Mercure de France) un roman tout en émotion sur fond de réflexion sur la vie et sa fragilité, sur la littérature et Gustave Flaubert, qui hante les nuits du narrateur. Des jumeaux nés prématurément à 26 semaines et dont l’un restera sans vie, la lutte du second pour gagner le droit de rester sur cette terre qui lui inflige ses premières douleurs et Flaubert qui, tel le juge suprême, plonge le père dans un océan de questionnements, autant d’esquisses fragiles qui recomposent le tableau du sens de notre existence. Un livre poignant et essentiel… Cri de guerre contre l’indifférence, le racisme, la peur de l’autre, le nouveau roman d’Eric Miles Williamson, Bienvenue à Oakland (Fayard) doit se lire comme un long plaidoyer pour ce quart monde qui essaye, contre vents et marées, de vivre dans notre beau XXIème siècle. Oakland trône dans la fameuse baie de San Francisco, celle-là même qui affiche ses réussites et participe à construire le fameux rêve américain. Pourtant, il ne faut pas s’y tromper, Oakland représente la face cachée de ce cadre idyllique avec en gloire morbide la première place du palmarès des villes américaines au plus fort taux d’homicides. Dans ce cadre, T-Bird Murphy nous raconte sa vie, lui le fils d’immigrés irlandais accusé à tord d’un crime qu’il n’a pas commis. De fil en aiguille, depuis le box qui lui sert de refuge, il va dresser un portrait grandiloquent de l’Amérique et affirmera sa liberté comme un choix non pas subit mais gagné au grand dam de certains. Un roman d’une puissance rare écrit comme un message d’espoir contre l’indifférence qui gangrène nos sociétés au point dans gommer toute trace d’humanité.

 

Récapitulatif :

Coup de cœur

– Dimitri Bortnikov – Repas de mort – Allia
– Sorj Chalandon – Avec Retour à Killybegs – Grasset
– Antoine Choplin – Le héron de Guernica – Rouergue éditeur
– Elise Fontenaille – Le palais de mémoire – Calmann Levy
– Olivier Frébourg – Gaston et Gustave – Mercure de France
– Celine Minard  – So long, Luise – Denoël
– Véronique Ovaldé – Des vies d’oiseaux – Editions de l’Olivier
– Lydie Salvayre – Hymne – Seuil
– Thomas Vinau – Nos cheveux blanchiront avec nos yeux – Alma
– Eric Miles Williamson – Bienvenue à Oakland – Fayard

 Les incontournables

– Vincent Almendros – Ma chère Lise – Editions de Minuit
– Metin Arditi – Le Turquetto – Actes Sud
– Mathieu Belezi – Les vieux fous – Flammarion
– Jorge Baron Biza – Le désert et sa semence – Attila
– Emmanuel Carrère – Limonov – POL
– Sylvain Coher – Carénage – Actes sud
– Charles Dantzig – Dans un avion pour Caracas – Grasset
– François Dominique – Solène – Verdier
– Alain Fleischer – Sous la dictée des choses – Seuil
– David Foenkinos – Les souvenirs – Gallimard
– Dalibor Frioux – Brut – Seuil
– Bruno Gibert – Tragédie en kit – Léo Scheer
– Patrick Grainville – Le corps immense du Président Mao – Seuil
– Yasmina Khadra – L’équation africaine – Julliard
– Vicomte de Lascano Tegui – Le livre céleste – Vagabonde
– Eric Laurrent – Les découvertes – Editions de Minuit
– Carole Martinez – Du domaine des murmures – Gallimard
– William Memlouk – Mingus Mood – Julliard
– Christian Oster – Rouler – Editions de l’Olivier
– Fabrice Pataut – Reconquêtes – Pierre-Guillaume de Roux
– Michel Quint – Les Amants de Francfort – Editions Héloïse d’Ormesson
– Patricia Reznikov – La nuit n’éclaire pas tout – Albin Michel
– Mercè Rodoreda – Miroir brisé – Autrement
– Fannoy Saintenoy – Juste avant – Flammarion
– Michel Schneider – Comme une ombre – Grasset
– Sophie Schulze – Allée 7 – Rangée 38 – Léo Scheer

Chaque livre sélectionné fera l’objet d’une chronique détaillée à retrouver tous les samedis sur MaXoE. Et d’ici là, bonnes lectures !


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