New York Melody est une espèce cinématographique hybride, issue d’un genre à la fois atroce et génial, on ne sait plus trop (voir les productions Apatow, capables de produire du pire et du moins pire). Loin d’être un film à gros budget, mais aussi bien loin d’entrer dans la catégorie « petit projet indé-branché-Sundance« , c’est en tout cas une oeuvre atypique, légère et envoutante, qui vous séduit doucement sans que vous vous en rendiez vraiment compte.
Dans un premier temps, à la vue du scénario, de l’affiche, des acteurs, et bien-sûr de la société de production, on est craintif. On redoute un peu le mélodrame américain classique. Et puis finalement le film surprend. Même si on reste dans les codes de la comédie dramatique, on est réellement touché par la psychologie des personnages, et la complexité émotionnelle de la relation entre Dan (Mark Ruffalo) et Gretta (Keira Knightley). Les deux acteurs livrent une performance de qualité et l’implication dans leur rôle renvoie aux spectateurs un vrai sentiment d’authenticité.
Car si le film aborde avec finesse les thèmes du couple, du bonheur, de la réussite sociale et intellectuelle, ce n’est pas que ça. New York Melody est avant tout un film sur la musique. Et de tous les éléments qui en découlent : composition, mixage, production, distribution. Mais aussi et surtout le bonheur que procure la création artistique et la mise en commun de différents talents qui constituent un groupe. Le réalisateur n’hésite d’ailleurs pas à engager bon nombre de vrais musiciens pour une partie du casting, ce qui est un fait assez rare au cinéma pour être noté (qui se serait d’ailleurs douté que Keira Knightley était capable de concilier avec succès les deux domaines).
Le film évoque aussi parfaitement les enjeux actuels qui pèsent sur l’industrie musicale. On se rapproche d’ailleurs presque d’une sorte de fable contemporaine sur le milieu. En outre, le directeur d’un gros label (interprété par Mos Def), qui refuse de reconnaitre qu’il est dépassé par le téléchargement numérique, continue d’imposer aux artistes des conditions insultantes. Intéréssé uniquement par le profit que cela peut rapporter, au dépit de la qualité. En contraste avec Gretta, qui elle ne souhaite qu’une chose : créer quelque chose d’authentique, qui est l’expression de ses expériences de vie, extériorisées ensuite dans sa musique. Peu importe la notoriété ou les bénéfices, la création musicale vaut avant tout le reste. Et la proposition que va lui faire Dan dans ce sens est parfaitement loufoque et géniale en même temps.
Adam Levine, du groupe Maroon 5, est terriblement crédible dans le rôle de la pop star à la progression fulgurante, aveuglé par la célébrité, qui délaisse son entourage et se retrouve finalement seul et tourmenté. Idem pour Cee Lo Green, parfait dans son personnage. James Corden, le meilleur ami musicien qui n’a jamais percé et ne percera jamais dans la musique, vient rajouter une note d’humour au film. Pour finir, la ville de New York est bien plus qu’un simple cadre pour l’intrigue : sublimée et sensorielle, mélange de beauté aléatoire et de pluri-culturalisme, la métropole devient presque un personnage à part entière au fur et à mesure de l’intrigue.