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Grâce à Dieu – Le silence scandaleux de l’Eglise catholique
"La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits."

NOTE DE MaXoE
8
VOTE DES LECTEURS
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Récompensé lors de la Berlinale 2019 par l'Ours d'argent pour le Grand prix du Jury (soit la deuxième récompense majeure de ce Festival), "Grâce à Dieu" a failli voir sa sortie repoussée en France. La raison ? Le procès de Bernard Preynat n'ayant pas encore eu lieu, le film porterait atteinte à la présomption d'innocence. Son réalisateur - François Ozon - estime pour sa part que son oeuvre n'invente rien ou ne dit rien de plus des faits déjà portés à la connaissance du grand public. Grâce à Dieu, la justice a tranché en faveur du cinéaste. Et surtout en faveur de la liberté d'expression. Une expression bien trop longtemps étouffée par certains dirigeants de l'Eglise catholique.

Catholique pratiquant, Alexandre est marié et père de cinq enfants. Menant une vie a priori épanouie, tant personnellement que professionnellement, il a été dans sa jeunesse l’une des nombreuses victimes d’un prêtre pédophile : Bernard Preynat. Souhaitant lever le voile sur ce qu’il a subi, Alexandre entame des démarches auprès de l’archevêché de Lyon. Lors de son entretien avec l’archevêque – Philippe Barbarin – il découvre que sa situation est loin d’être singulière et que l’Eglise a étouffé l’affaire malgré plusieurs alertes de la part de parents. Pire, il apprend que le père Preynat officie encore et est toujours au contact d’enfants.

Constatant que l’Eglise ne prendra aucune mesure forte vis-à-vis des crimes commis en son sein, Alexandre prend la décision de porter plainte, malgré le délai de prescription. Grâce à son acte, d’autres victimes sont retrouvées. Les faits étant non prescrits pour certaines d’entre elles, une action en justice est amorcée. En parallèle, Alexandre prend part à la création d’une association – La Parole Libérée – aux côtés de François, Gilles, ou encore Emmanuel, tous victimes des agressions du père Preynat durant leur enfance.

« La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits. » C’est à partir de cette phrase d’une violence inouïe, prononcée par Philippe Barbarin – futur ex-archevêque de Lyon – lors d’une conférence de presse donnée en 2016, que François Ozon a construit son film. Un film qui donne la parole aux victimes tandis que certains dirigeants de l’Eglise catholique (suivez mon regard) ont tout fait pour l’étouffer. Quant à cette phrase, elle résume à elle seule tout le cynisme et l’hypocrisie dont l’institution a fait preuve des décennies durant, alors qu’elle aurait dû montrer l’exemple en dénonçant et condamnant fermement les crimes dont elle a été informée. C’est également cet aspect que dévoile le cinéaste, sans pour autant jeter l’opprobre sur les choix spirituels des uns et des autres. A aucun moment Grâce à Dieu ne tombe dans la facilité ou le manichéisme et ne se transforme en un plaidoyer anti-religieux. Au contraire, cette oeuvre poursuit un unique but : être au service de la parole et surtout de sa libération.

A l’image de Spotlightautre film traitant de ce scandale mais mettant l’accent sur l’enquête journalistique du Boston Globe au début des années 2000 – Grâce à Dieu met en avant la pugnacité de ses protagonistes. Ici, cette pugnacité n’est pas celle des journalistes d’investigation lauréats du Pulitzer. Elle est celle des victimes elles-même, qui mènent leur combat chacune à leur manière. A ce titre, François Ozon concentre sa caméra sur trois d’entre elles : Alexandre, François et Emmanuel. Le récit factuel devient un objet de cinéma dans lequel chacun des personnages a sa cinématographie propre.

Pour Alexandre – qu’interprète un Melvil Poupaud avec beaucoup d’émotion et de retenue – le film prend la forme d’un journal intime retraçant à la fois ses pensées mais également ses échanges épistolaires avec l’archevêché de Lyon. Très lent dans sa construction, ce premier arc narratif dénote avec le second, celui de François. A l’image de son double Denis Ménochet, cette seconde partie est tout en rythme et en action. Il faut agir vite, frapper fort et de façon retentissante pour contrer ce silence qui a duré bien trop longtemps. Enfin, le dernier acte – celui d’Emmanuel – se concentre sur la violence sourde qui anime le personnage de Swann Arlaud, toujours sur le fil, à la limite de l’implosion. Avec ce parti-pris, les styles varient autant que les points de vue et trouvent en même temps un point de convergence : la reconstruction.

NOTE MaXoE
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VOTE DES LECTEURS
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Une oeuvre essentielle pour mettre fin à l'omerta des innombrables violences sexuelles commises au sein de l'Eglise catholique. Qui n'est malheureusement pas la seule institution dans laquelle le silence règne encore.
ON A AIMÉ !
- Un sujet essentiel
- La construction narrative
- La totalité de la distribution
- La libération de la parole
ON A MOINS AIMÉ...
- Le rythme parfois inégal dû aux trois arcs narratifs
- L'hypocrisie jusqu'au boutiste de certains dirigeants de l'Eglise catholique
Grâce à Dieu – Le silence scandaleux de l’Eglise catholique
Grâce à Dieu
Support(s) : Cinéma / DVD
Réalisation : François Ozon
Scénario : François Ozon
Casting : Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Éric Caravaca, Josiane Balasko, …
Durée : 2h 17min
Genre : Drame
Sortie en France : 20/02/2019
Musique : Evgueni Galperine et Sacha Galperine
Distribution : Mars Distribution
Production : Mandarin Cinéma, FOZ et Scope Pictures, avec la participation de France 2 Cinéma

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