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Les Revenants ou la glaciale réalité du retour à la vie…

Nous ne sommes pas étranger à la mort, nous l’avons tous plus ou moins approchée lors du décès d’un proche. Etrange sentiment de vide. Un vide que ne comble que le souvenir de moments passés et qui permettent de garder un contact avec l’être disparu. Mais qu’adviendrait-il si, soudainement, les morts revenaient à la vie ?

 

Cimetière de Saint-Louis.

Des personnes par centaines quittent ce lieu de repos pour se diriger vers la ville.

La nouvelle se répand rapidement. Les morts, par un phénomène étrange que personne ne peut véritablement expliquer sont revenus à la vie. Ils sont au nombre de 70 millions à travers le monde et 13 000 dans la ville où le déroule l’action des Revenants.

Dès les premiers instants les autorités locales se trouvent submergées. Comment prendre en charge ce flot de « revenus » ? Le gymnase est réquisitionné comme en temps de grandes pandémies. L’armée apporte son soutien et son expérience pour essayer d’accueillir au mieux ces personnes dont certaines ne pourront être identifiées que bien des semaines ou des mois plus tard. Alertés par cet étrange phénomène, des hommes et des femmes, parfois des familles, affluent vers le site d’accueil temporaire afin de retrouver un être cher parti il y a peu. Les retrouvailles sont difficiles. Comment réagir face au retour d’un être dont on a pleuré le départ de longues semaines, de longs mois durant ? Une cellule psychologique est mise en place pour aider les plus fragiles. Parallèlement des sociologues, des anthropologues et des scientifiques de différents horizons se penchent sur l’étude du comportement des morts-vivants. Quels sont leur état de conscience par rapport au réel ? Sont-ils sensibles aux maladies ? Eprouvent-ils des sentiments ?

Les vivants quant à eux se trouvent vite confrontés à cette double question : Les morts vont-ils revenir définitivement ? Ou bien vont-ils repartir aussi soudainement qu’ils sont arrivés ? Le premier constat fait état chez les « revenus » d’une certaine lenteur, une aphasie clinique doublée d’un désynchronisme par rapport à la réalité. Les autorités elles se penchent sur la dure question de la réinsertion sociale de ces personnes qui, hormis cette lenteur, peuvent accomplir les tâches qui les occupaient avant leur disparition. La vie reprend donc progressivement son droit, elle semble refermer les blessures passées et pourtant, quelques temps après leur réapparition des premiers faits troublants se produisent. Les morts déambulent la nuit, ils se retrouvent dans des lieux ouverts ou fermés pour entamer de longues litanies. Que font-ils ? Nous ne le saurons sûrement jamais…  Un militaire qui les observe au travers d’un capteur à vision nocturne constate qu’ils ne dorment pas mais font semblant de le faire. Ils sont toujours en activité. Des incohérences dans l’expression apparaissent au contact prolongé des vivants. Des experts arrivent à cette constatation troublante que les morts parlent par mimétisme ou par écho de ce qu’ils entendent autour d’eux. Leurs gestes ne trouvent leur pleine expression que dans la répétitivité.

Alors que le maire de la bourgade dans laquelle se déroule le film essaye de rejoindre sa femme dans une de ses déambulations nocturnes, celle-ci, dans la voiture qui essaye de se frayer un passage vers un retour chez elle invite son mari, pris d’une attaque soudaine face aux évènements, à la rejoindre : Tu veux venir avec nous ? Alors ne résiste pas, laisse toi aller, viens.

La sombre mélopée d’une contrebasse jouée à l’archet berce ce film qui joue sur des tempos lancinants. Les gestes, les paroles, les séquences, les différents plans alternés mettent en avant ce rythme créant une forme de déshumanisation. Le vivant n’arrive pas à recréer le lien avec le proche revenu. Le mort quant à lui agit parfois de plus en plus avec détachement. La seconde séparation sera-t-elle aussi douloureuse que la première ?

Avec ce film Robin Campillo explore de façon quasi-clinique notre rapport à la mort. Il introduit aussi une vision de la société dans laquelle la déshumanisation de notre quotidien s’affiche de manière criarde. Les morts demeurent cantonnés, lors de leur retour, à des tâches récursives et la mort les rattrape de nouveau. Devons-nous y voir une réflexion sur notre devenir à tous, un devenir exempt de création, de dialogue, de partage et donc de vie ?  Si le film semble pêcher par un rythme uniforme que rien ne semble perturber, c’est pour mieux nous plonger dans le regard de l’autre, celui et celle qui ayant réussi à reconstruire une vie se trouve troublé dans son travail de deuil. Troublant, glacial et d’une puissance symbolique rare…

Les revenants de Robin Campillo avec Géraldine Pailhas, Jonathan Zaccaï et Frédéric Pierrot. 1 DVD Aventi


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