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Come Prima, le road movie émouvant d’Alfred, l’interview !

Au volant d’un légère Fiat 500, deux frères traversent la France pour se rendre en Italie à l’occasion de la mort de leur père. Cet épisode sera l’occasion pour les deux hommes d’échanger sur leur passé et essayer de recréer du lien. Come Prima primé à Angoulême cette année est en lice pour le Grand Prix des lecteurs 2014 !

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Come PrimaDeux frères, Fabio et Giovanni, se retrouvent après plusieurs années. Leur séparation intervenue dans l’épisode trouble de l’ère mussolinienne a laissé comme un goût amer d’inachevé. Fabio s’est retrouvé en France par fuite plus que par adhésion. Il livre quelques combats de boxe pour laisser exploser la furie qui l’envahit. Mais l’homme a pris l’habitude depuis un certain temps de recevoir plus que de donner et son corps meurtri porte les stigmates d’une fin de carrière à venir. Aussi lorsque Giovanni réapparait sans préavis, lui annonçant la mort du père et la perspective de toucher un héritage qui pourrait s’annoncer comme libérateur pour lui, Fabio hésite puis s’embarque dans la petite Fiat 500 qui doit les mener de l’autre côté des Alpes. Le voyage, qui se construit en huis clos, sera l’occasion pour les deux hommes de se livrer, d’essayer de se comprendre et surtout de crever l’abcès trop longtemps contenu qui ne demande qu’à s’épurer pour espérer repartir sur des bases plus saines et sur de nouvelles perspectives. Un voyage plein de promesses…

Alfred parvient à tenir son récit sur plus de 200 pages sans virer d’une part dans le mélo ou l’apitoiement et d’autre part en évitant de sombrer dans la redite ou la stagnation de la trame narrative. Il y parvient en se laissant des plages de respiration, en incluant aussi de petites histoires parallèles dans le fil de son récit principal. Sur le fond Come Prima parvient à ses fins. Fabio et Giovanni, les deux frères que tout oppose vont se parler, partager de nouveau, réapprendre à se connaitre et à s’apprivoiser. Cela donne des moments forts en émotion qu’Alfred parvient à magnifier sans voyeurisme. Sur la forme le huis clos opère et ne se fait jamais pesant, les couleurs chaudes – qui contrastent avec le rendu des flashbacks qui expliquent les dissensions qui ont pu naître entre les deux hommes – apportent un bol d’air frais au récit. On pourrait presque entendre dans nos têtes, à la simple lecture de cette histoire, le chant des cigales, le ronronnement du moteur léger de la petite boîte à savon qui sert à transporter les deux hommes vers un nouveau destin et jusqu’au froissement des herbes battues par les vents méditerranéens. L’auteur le fait en plaçant son histoire dans une trame très marquée par l’influence du cinéma italien des années 50 et 60, laissant s’opérer tout du long le basculement entre légèreté et gravité.

Alfred démontre avec ce projet qu’il sait construire des récits simples développant une finesse de détails émotionnels. L’auteur, qui explique avoir travaillé sur ce projet à un moment de sa vie où lui-même traversait des moments de doutes et de réflexions, livre ainsi l’une des histoires les plus remarquables de sa carrière, peut-être l’une des plus intimes. Alfred s’est en effet installé un temps en Italie au moment où il commençait à compiler les notes et les idées graphiques qui allaient donner plus tard forme à Come Prima, peut-être que ce retour aux sources teinte le récit de cette pincée de nostalgie et de sérénité mêlée qui au final marque parfois les très grands récits…

Alfred – Come Prima – Delcourt – 2013 – 25,50 euros

 

L’interview d’Alfred

 


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