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La BD du jour : Violette Nozière, Vilaine chérie de Camille Benyamina et Eddy Simon

Une jeune fille frivole, volage, manipulatrice, meurtrière qui entra dans la légende lors d’un procès surmédiatisé, telle est l’histoire de Violette Nozière. Si la partie purement judiciaire qui donna lieu à des déchainements de passion n’est pas le but de ce projet il révèle le talent narratif et graphique de deux auteurs à suivre…

Violette 1

L.10EBBN001441.N001_VioleNozi_C_FRAnnées 30 à Paris. Les joies de l’après-guerre dissipées depuis belle lurette ont laissé place à la crainte d’un avenir incertain. Dans ces conditions la belle Violette, pas encore majeure a décidé de prendre son destin en main. La liberté, l’insouciance guideront ses pas tout au long des mois qui la mènent de mars 1933 à ce terrible mois d’octobre 1934. Une spirale parfois ascendante mais dont la courbe vire pourtant irrémédiablement vers le bas. Une descente aux enfers, avec son lot de brisures profondes qui changeront à jamais sa vie. Mythomane particulièrement prolixe, la jeune femme fera de son quotidien un espace de jeu dans lequel elle s’inventera des vies. De cheminot émérite son père deviendra ainsi ingénieur notable et sa mère première dame chez un grand modéliste. Tout aurait pourtant pu ou du changer lorsqu’elle apprend que de sa relation avec Pierre reste un corps meurtri frappé de plein fouet par la syphilis. La jeune femme fera pourtant abstraction de cette « pourriture » de l’intérieur, comme elle le dit elle-même pour accélérer encore plus sa vie désunie. Elle accumulera les relations, parfois avec de riches bourgeois, pour grappiller de l’argent là où elle le peut. Elle volera aussi ses parents pour vivre avec un certain Jean Dabin qu’elle aimera sans doute et qu’elle entretiendra durant les mois qui précédèrent sa chute. Une chute pour le moins radicale qui la mènera devant la justice pour le meurtre de son père et la tentative de meurtre de sa mère…

Dans une époque qui se cherche le procès de Violette Nozière défia la chronique. La presse qui s’empara de l’affaire médiatisera à outrance ce parricide en peignant un portrait au vitriol de la jeune femme fait d’une surenchère permanente dans la recherche du sensationnel. En partie pour ces raisons les plus grands auteurs de l’époque feront de ce fait divers un combat de tous les instants pour réhabiliter la jeune femme qui aurait été abusée par son père. André Breton, Louis Aragon, Marcel Aymé, Paul Eluard et bien d’autres encore stimuleront leur plume en bâtissant un saisissant portrait de Violette Nozière. Camille Benyamina et Eddy Simon, les deux auteurs de ce projet n’explorent pas cette trame pour se concentrer sur le personnage même de Violette, une jeune fille un peu perdue dans une société à la dérive. La construction du récit pousse de fait le lecteur à se questionner sur la personnalité de Violette, en lui permettant aussi de lui trouver des circonstances atténuantes. Loin de tout académisme, le dessin de Camille Benyamina s’impose comme une vraie découverte. Un trait qui laisse place à des volutes et des nuées graphiques au service d’un projet au sein duquel il se fond à merveille. Au final le trouble causé par la personnalité de la jeune fille dévoilée ici laisse sur le lecteur ce petit moment d’incertitude au cours duquel il s’interroge sur les limites entre noirceur et lumière qui transparait jusque dans le titre de l’album « Vilaine chérie ». Une belle réussite !

Camille Benyamina et Eddy Simon – Violette Nozière, Vilaine chérie – Casterman – 2014 – 20 euros


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