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Les larmes de l’assassin, justice et injustices de la vie…

La vie est-elle juste ? Nous sommes parfois en droit de nous poser la question. Difficile de faire un trait sur les crimes commis par un assassin. Pourtant, celui qui exécute ou tue de sang-froid peut aussi retrouver le droit chemin… mais il est souvent trop tard. Les deuxièmes chances sont rares dans ce monde, faut-il pour autant ne pas savoir pardonner ou du moins essayer de comprendre les égarements d’une vie et la possible rédemption ? Les larmes de l’assassin pose de nombreuses questions, il nous amène aussi à réfléchir sur les aléas de la vie, les possibles et la détresse humaine. Dans la République du point d’honneur, décrite dans l’album Horacio d’Alba, la justice est aussi au cœur d’un débat entre duellistes et un réformateur nommé Rembrandt. De justice il n’y en a pas eu à Gournah, village détruit au nom du tourisme égyptien, restent pourtant les dessins et les photos d’une chronique essentielle…

Un paysage désertique au fin fond du Chili, lieu a priori sans vie, si ce n’est celle de quelques herbes folles, de serpents ou de renards égarés et d’une famille installée sur une improbable terre lunaire. Tel est le décor planté par Anne-Laure Bondoux dans son roman Les larmes de l’assassin édité chez Bayard Jeunesse en 2003. Thierry Murat a reçu un choc à la lecture de cette histoire et a souhaité l’adapter sous la forme d’un roman graphique. La gestation fut longue. Peut-être fallait-il au dessinateur prendre un recul suffisant avec l’œuvre originale pour permettre à la nouvelle version de posséder force et autonomie ? Car le but recherché par Thierry Murat n’était pas de donner une simple version illustrée de l’œuvre d’Anne-Laure Bondoux, mais bel et bien une histoire à part entière qui, par les images et le climat qu’elle construit, prolonge le plaisir de la lecture du roman et donne des éclairages nouveaux sur les thèmes qui y sont développés. La lecture de l’œuvre de Thierry Murat, démontre toute la réussite du projet.

L’histoire part donc de ce coin reculé du Chili. Là vivent un homme et une femme d’une trentaine d’années ainsi que leur fils Paolo. Une vie paisible, loin des soubresauts de la ville. Un lieu idéal pour les scientifiques de passage, les écrivains et poètes adeptes de lieux atypiques capables de stimuler leur imaginaire. Et puis parfois passent des criminels en cavale. Un en l’occurrence, et pas des moindre, Angel Allegria, un truand, un tueur de sang-froid, un de ces hommes qu’il vaut mieux ne pas croiser. Pour les parents du petit Paolo, cette visite sonne la fin. Tués d’un coup de couteau, ils gisent sur le sol de leur maison de bois, dans une mare de sang lorsque Paolo, qui s’était éloigné pour jouer avec les serpents revient. Le face à face entre le solide meurtrier et le jeune enfant possède quelque chose de quasi métaphysique : Angel : Je n’ai jamais tué d’enfant… Paolo : moi non plus. Le tueur épargnera l’enfant. Dès lors une relation se tissera au fil des jours entre le tueur et l’enfant. Une relation de confiance d’abord puis une relation où apparaitront progressivement des signes d’affection. Angel a toujours été le paria de la société dans laquelle il a vécu et Paolo, n’a jamais rien vu d’autre que les steppes désertiques qui s’étendent près de la maison de bois dans laquelle il a grandi. Les deux possèdent donc ce passé tragique et cette sensation de n’avoir jamais été. De l’affection qui grandit entre eux, des sentiments qui se forgent naîtra une complicité improbable. Et puis, un jour, un autre homme surgit, Luis Secunda. La petite vie paisible cadencée par le rythme des saisons trouve-là son premier test grandeur nature. Qui est Angel ? le père ? le tortionnaire ? qui est Paolo ? Le fils ? la victime ? les deux s’observent avec ce sentiment trouble d’une identité à trouver. C’est Paolo qui pendra l’initiative lorsque l’étranger exprimera le souhait de s’installer dans une cabane près de leur maison : Oh Papa, ce serait bien d’avoir un voisin ! Allez, s’il te plait, dis oui. Il sauvera ainsi la vie du voyageur. Une nouvelle situation s’installe avec une sociabilité à établir qui réveillera les sentiments enfouis, la jalousie, la peur, l’amour aussi. Et puis un jour, la nécessité d’aller en ville acheter du nouveau bétail devient une nécessité pour survivre au prochain hiver. La ville, ennemie d’Angel, dont le visage rappelle l’assassin. Luis prendra ses distances s’étant amouraché de la fille du gérant de l’hôtel qui les héberge pour la nuit. Les jeunes amoureux essaieront de prendre la fuite laissant l’enfant sans son cheptel espéré. Dénoncé, Angel devra fuir avec Paolo. Les derniers moments passés entre l’assassin et l’enfant forment le cœur du roman, des instants éphémères d’une grande intensité émotionnelle, des rapports vrais, des sentiments qui s’affichent enfin comme conscients de la fin prochaine.

Le travail de Thierry Murat sur cette adaptation libre du roman d’Anne-Laure Bondoux, se savoure à chaque case, chaque étape dévoilée du voyage qui rapproche Angel de Paolo. Le dessin tend vers l’épure pour mieux faire ressortir les sentiments qui naissent de cette solitude et de cette réflexion menée sur la vie. L’assassin prend conscience de ses manques, de ces instants d’amour qu’il ne connait que trop tard. L’enfant perd sûrement son père, le seul qui ait peut-être eu une considération pour lui, une attention et un attachement. Les couleurs froides décrivent le paysage et la mer tandis que la chaleur nait des rapports humains et des actes de socialisation. La fin du roman graphique se fait sombre, un gris foncé qui rappelle Angel dans sa prison et dans sa mort prochaine.

Les larmes de l’assassin de Thierry Murat porte le roman graphique vers de nouveaux sommets avec sobriété, humanité et en nous questionnant sur le sens de la vie et cette deuxième chance à donner. Si le passé doit nous porter tort, devons-nous pour autant faire le deuil de tout renouveau ?

Thierry Murat – Les larmes de l’assassin – Futuropolis – 2011 – 18 euros

 

Interview de Thierry Murat

Comment avez-vous découvert le roman d’Anne-Laure Bondoux et quand avez-vous pensé en tirer votre propre roman graphique ?
J’ai découvert ce roman en 2004, grâce à un ami libraire jeunesse. Le roman original publié chez Bayard était clairement annoncé comme un roman « pour ado ». Mais en fait ce roman se situe juste à la frontière du roman adulte. Après l’avoir lu, j’ai tout de suite su que je l’adapterais un jour en bande-dessinée, en essayant de faire passer ce récit de l’autre côté de la frontière… Il y avait tout ce qu’il faut pour en faire un roman graphique adulte. C’est un magnifique récit initiatique avec une incroyable portée universelle et humaine…

Pouvez-vous nous raconter les différentes étapes de votre travail sur Les larmes de l’assassin ?
J’ai d’abord proposé l’idée de cette adaptation BD à Anne-Laure qui m’a donné « carte blanche » pour faire mon livre à partir du sien ! Un bien beau cadeau… Sa confiance m’a donné des ailes et j’ai donc, dans un premier temps, réécrit entièrement ce récit, séquence par séquence, de manière à m’approprier un peu cette histoire, et surtout, afin d’être totalement immergé dans ma mise en scène. Ensuite, les étapes de travail sont toujours un peu les mêmes pour moi, d’un livre à l’autre, je griffonne d’abord très rapidement dans un carnet les pages telles que je les imagine dans leur découpage de cases. L’intérêt du carnet étant d’avoir la visibilité des doubles pages comme dans un livre en miniature… C’est très important pour moi de pouvoir feuilleter ce carnet comme un « vrai » lecteur, avant de me lancer définitivement dans la réalisation des planches. Dans ce carnet, j’esquisse grossièrement des lots de 10 ou 15 pages d’affiler, ensuite je vais à ma table à dessin et je crayonne d’une manière plus poussée ce lot de pages que je finalise à l’encre de chine. Je travaille la couleur dans la foulée. Lorsque j’ai fini, je reprends mon carnet d’esquisses là où je l’avais laissé et je démarre une nouvelle série de pages. Et ainsi de suite… Un rythme de 10 pages par mois pendant une année, écriture, découpage, dessin et couleur…

Vous avez choisi de ne pas reprendre certaines scènes du roman, par exemple l’épisode de la rencontre d’Angel et Paolo avec Ricardo Mugra, le bûcheron qui les héberge à la fin du récit. Comment s’est imposé ce choix (concernant cette scène) ? et d’une manière plus générale vos choix ont-ils été dictés par la recherche d’un équilibre à établir dans votre propre récit ?
La scène à laquelle vous faites allusion, à parfaitement sa place dans le récit original d’Anne-Laure. Ce moment de « paix » dans le cadre d’un roman dit « pour ado » marque une pause et permet à l’homme et l’enfant de se retrouver un moment après la fuite… et avant l’arrestation. J’ai voulu effectivement faire l’inverse. Je n’ai pas souhaité offrir à Angel et Paolo cet instant de répit. Pire, j’ai même voulu créer un sentiment de frustration chez le lecteur… L’homme et l’enfant n’auront finalement même pas le temps de se retrouver seuls tout les deux (après la trahison et la fuite de Luis)… Cela rajoute une intensité émotionnelle, à mon sens, qui désarme complètement le lecteur. Un sentiment de gâchis, de trop peu, de « tout ça pour ça ? ». Et finalement, leur dernier petit moment à tous les deux ce sera à la prison avec une grille entre eux et un maton pressé d’abréger le temps de parloir.
Je crois que la plupart de mes choix dans cette adaptation vont dans le même sens ; accentuer l’intensité dramatique et la rudesse de l’histoire. Le roman d’Anne-Laure était déjà très rude, mais j’ai voulu aller peut-être plus loin dans le côté âpre, aride et brutal. 

D’un point de vue graphique, vous avez souhaité tendre vers une certaine forme d’épure, dans le jeu des couleurs tout d’abord, et ensuite dans l’agencement des cases, avec une voix off que vous posez en dehors de celles-ci. En adoptant ce choix, votre dessin et votre propos s’en trouvent admirablement densifié. Le but était-il d’arriver à ce que le dessin se suffise à lui-même pour transcrire l’émotion qui se dégage de chaque scène ?
Je ne crois pas que le dessin peut se suffire à lui-même dans un roman graphique comme celui là. C’est le rapport texte-image qui est à l’œuvre, ici. Le but était plutôt, comme dans chacun de mes livres, de rendre très lisibles les émotions des personnages en donnant moins à voir… Je fais une grande confiance au lecteur dans sa capacité à s’approprier les images… Mais pour cela, je crois il ne faut pas le submerger d’informations superflues. La bande dessinée traditionnelle a tendance à vouloir trop montrer. C’est d’ailleurs ce que lui reprochent les lecteurs de littérature. Combien de fois ai-je entendu : « Je n’aime pas la la BD, je préfère les romans parce que je préfère m’imaginer les choses visuellement » ? J’ai envie de faire changer l’opinion de ces gens là en essayant de leur montrer que la bande-dessinée peut avoir un pouvoir de suggestion aussi fort qu’un bon roman… Si ce n’est davantage… 

Cette sobriété qui amène le lecteur à lire « entre les cases », à mener sa propre réflexion sur cette histoire qui mêle plusieurs thématiques fortes (le pardon, l’amour impossible entre un assassin et l’enfant qu’il a épargné, la (re)naissance…) porte le récit vers un public plus adulte. Ceci est renforcé par le peu de dialogues que vous avez souhaité dans votre récit. Est-ce un choix déterminé à l’avance et était-ce un moyen pour vous de proposer votre propre lecture du récit original ? 
Oui, comme je vous le disais en répondant à votre première question, c’est vraiment une volonté de départ, d’amener ce récit vers une lecture plus adulte, plus contemplative et plus tendue aussi… La manière de le faire s’est construite au fur et à mesure. Je n’avais pas la « recette » en tête en commençant l’écriture de cette adaptation. Mais les choses sont devenues très claires, très vite, comme une évidence. Je crois que oui, dans cette adaptation, je propose tout simplement ma propre lecture de ce roman, une lecture forcément subjective. C’est sûrement le meilleur moyen d’être sincère lorsque l’on adapte l’œuvre de quelqu’un autre…  

Contrairement au roman d’Anne-Laure Paolo est le narrateur de votre roman graphique. Il écrit, quelques années après, le récit des moments vécus au fin fond de ce territoire désolé du Chili. Par cette façon de raconter les évènements après qu’ils aient eu lieu avez-vous chercher à donner au récit une force supplémentaire à savoir celle de l’analyse a posteriori, de l’introspection menée par Paolo sur cette partie de sa vie ? 
La voix off à la première personne s’est imposée d’elle-même lorsque que j’ai commencé mon travail de réécriture. C’était un jeu plutôt amusant au début, de transformer les « il » en « je », un vrai plaisir littéraire, presque d’auto fiction. Et puis je me suis laissé prendre à mon propre « je ». Je me suis rendu compte, effectivement, que ça donnait peu à peu, une profondeur incroyable à cette voix mystérieuse, très adulte, très littéraire… On comprend vite que cette voix n’est pas celle de l’enfant que l’on voit à l’image, mais celle de cet enfant devenu adulte. On ne découvre Paolo adulte que dans l’épilogue au bout de 120 pages… devant une machine à écrire. Ceci justifie le côté littéraire de cette voix off (dactylographiée tout le long du livre). La boucle est bouclée.
Je suis content de cette nouvelle idée de final. J’avais envie depuis longtemps de rendre hommage à l’écriture dans un album de bande dessinée… Et de plus, rendre un hommage au travail de romancière d’Anne-Laure ! 

Les larmes de l’assassin se décline depuis peu sous la forme d’un spectacle de BD-musicale. Pouvez-vous nous parler de ce prolongement de votre travail ? Quel rôle avez-vous jouer dans ce projet et qu’en pensez-vous ?
C’est le groupe Splendor in the Grass qui a eu envie de composer une musique originale sur ce livre de bande-dessinée. Et j’ai dit d’accord, on va demander l’autorisation à mon éditeur chez Futuropolis. Ils sont cinq musiciens très expérimentés avec un bel univers… Ils proposent une bande son, jouée en direct pendant la projection des images et des textes sur un écran géant, en fond de scène. C’est un très beau spectacle. Je suis très fier de cette expérience. Depuis toujours, j’aime la musique presque autant que le dessin. Adolescent, je jouais dans un groupe de rock et je dessinais. J’ai longtemps été tiraillé entre ces deux passions avant de choisir de faire du dessin, mon métier. Avec ce BD-Concert, j’ai le sentiment que la boucle est bouclée (une fois de plus…). Splendor in the Grass est un groupe plutôt pop-rock. Les sonorités sont à l’image de l’histoire, rugueuses, âpres, parfois violentes, en tous cas l’émotion portée par ce récit est décuplée avec une force incroyable. Les planches de bande-dessinée ont été entièrement refondues dans un montage vidéo, cases par cases, une sorte de diaporama dynamique avec fondus, zooms, travellings, etc… J’ai assisté de près Antoine Haquin, le réalisateur vidéo qui a travaillé sur cette adaptation. J’avais envie qu’on ne soit pas trop loin de l’esthétique graphique du livre, dans la même sobriété et dans l’efficacité visuelle. Il a fallu veiller au rythme de lecture qui est imposé au public, par la force des choses… C’était assez compliqué, et long aussi (50 minutes de projection). Antoine a fait un super boulot et les gars de Splendor in the Grass sont de vrais musiciens complètement habités. Je crois que c’est plutôt réussit d’après ce que j’entends à la fin de chaque spectacle. C’est très étrange pour moi, de voir le public lire en direct. Parce que d’habitude, c’est plutôt une émotion solitaire la lecture… et là, le spectateur devient lecteur le temps d’un concert. C’est magique !

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La Renaissance italienne offre un terrain propice à l’expression de toutes les pensées. Philosophes, scientifiques, politologues, peintres et artistes de tout horizon laissent exprimer leurs idées dans un foisonnement peut-être jamais atteint. C’est dans ce contexte et après des luttes intestines qui ont vu s’affronter les états du nord de l’Italie, que la paix voit enfin le jour. Une République prend forme, la République du point d’honneur. Au sein de cette terre d’où la guerre est bannie, les conflits se règlent désormais par le biais de duels confiés à des professionnels. Telle est la trame d’Horacio d’Alba, une histoire construite par Nicolas Siner et Jérôme Le Gris.
Pourtant, dans cette République idéale qui ne connait plus la guerre, des voix s’élèvent pour dénoncer une justice basée non pas sur la recherche de la vérité et des tords de chacun mais sur la loi du talion qui offre au plus fort une victoire éphémère. Cette voix est celle de Rembrandt un sénateur qui souhaite instaurer une justice « humaine » et respectueuse du droit de chacun.  
Horacio d’Alba quant à lui représente une des deux académies de duellistes appelée à régler les conflits qui peuvent surgir. Métier ingrat s’il en est. Horacio le sait mieux que d’autres lui qui s’est vu opposé jadis à son ex-femme, laissant au passage un fils sans mère. Deux académies qui se détestent et s’affrontent régulièrement mais qui devront pourtant s’unir pour faire face au dessein de Rembrandt de réformer un système qui a fait ses preuves dans le maintien de la paix durant plusieurs décennies.
Alors que le pape malade ne peut garantir la sécurité des terres du nord, des armées se pressent aux portes de la République, prêtent à l’envahir au moindre prétexte.
Cet album au scénario riche en potentiel se savoure d’un trait par sa densité, la richesse du décor et les trames secondaires qui l’alimentent. Une vraie réussite dont on attend la suite !

 Le Gris/Siner – Horacio d’Alba – vol 1 : La République du point d’honneur – 12bis – 2011 – 13, 50 euros

 

Chroniques de Nécropole c’est avant tout une histoire d’amour de deux français pour l’Egypte et plus particulièrement pour le village de Gournah, situé tout près de Louxor. Golo, de son vrai nom Guy Nadaud, vit dans cette région depuis de nombreuses années. Dibou elle, est consultante en marketing et vit à Paris lorsqu’elle rencontre Golo en 1995. Progressivement Dibou va se faire accepter par les habitants de Gournah, découvrira les coutumes locales et les personnages singuliers qui le peuplent. Les séjours à Gournah se font de plus en plus réguliers jusqu’au jour où elle décide finalement de tout lâcher pour rejoindre Golo et poursuivre les projets déjà en gestation, dont l’ouverture d’un atelier/boutique de souvenirs pour touristes.
Au-delà de cette histoire d’amour pour une terre qui n’a pourtant rien d’hospitalier au premier abord, l’histoire de Golo et de Dibou, doit se lire comme un réquisitoire contre l’industrie outrancière du tourisme dans des zones écologiquement ou socialement fragiles. L’Egypte vit par son tourisme qui lui permet de faire entrer des devises étrangères fortes. Dès lors tout ce qui va dans le sens d’un développement des activités tertiaires est encouragé, et ce même si des populations où un village entier doit disparaître de la carte. Gournah deviendra ce village qui gêne le développement des activités lucratives. Dès lors il était condamné à court ou moyen terme.
Avec beaucoup de nostalgie Golo et Dibou nous content les derniers moments vécus sur place avant la destruction complète du village, agrémenté de photos prises sur le vif, avant et après l’ultime arasement des maisons. On y découvre les liens tissés notamment avec les enfants, les concours de la plus belle poupée ou du dessin du plus beau bateau. A chaque fois les photos immortalisent le moment de joie qui en résulte. Golo et Dibou auront tout donné pour créer le lien, offrir autant qu’ils ont pu recevoir, pour faire vivre l’âme du village et graver des souvenirs dans les mémoires.
Aujourd’hui le village n’est plus. Mais il reste cette chronique de la nécropole, magnifiée par le dessin de Golo. En véritable artificier d’émotions il use ainsi de couleurs bariolées à l’image de celles qui se mêlent dans les pays méditerranéens : Des déclinaisons de bleus et de jaunes au service d’une histoire sincère où l’émotion simple s’affiche au fil des pages. Un témoignage bouleversant…   

Golo et Dibou – Chronique de la Nécropole – Futuropolis – 2011 – 22 euros


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