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Victor Hugo lève le voile… par Gil & Paturaud (+ interview vidéo)

L’auteur des Misérables a épousé un siècle au point de laisser une marque indélébile de son passage. L’homme avait du caractère, des passions, de la verve, un immense talent mais aussi des talons d’Achille. L’amour qu’il a porté à sa fille Léopoldine, morte tragiquement dans un accident (?) malheureux sur la Seine, donne lieu à un récit documenté qui défend une thèse sur cette mort précoce. Un autre moyen de revenir à Hugo !

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HugoTout a été dit ou écrit sur Victor Hugo. L’homme force le respect par sa carrière de romancier, par sa longévité et sa capacité à prendre position pour l’opprimé et contre les fourvoyés de tous bords. Pourtant il reste un moment de sa vie qui, s’il a engendré de profonds bouleversements psychologiques chez l’auteur de Notre-Dame de Paris, n’a pas ou peu été étudié à la lumière d’éléments devenus pour le moins troublants : les circonstances de la mort de la mort de sa fille Léopoldine. Rappelons les faits. La fille aînée de Victor Hugo n’a que 14 ans lorsque se présente à elle un prétendant dont elle tombe amoureuse. Le jeune homme, Charles Vacquerie attendra cinq ans la bénédiction de l’écrivain. Le mariage sera célébré en début d’année 1843. Cette même année les deux époux se noieront dans la Seine alors qu’ils voyageaient à bord d’une embarcation dirigée par l’oncle de Charles Vacquerie. L’enquête de l’époque devait conclure à un banal accident, mais plusieurs faits portent à croire que l’accident aurait pu être provoqué…

Depuis 1852 Victor Hugo vit exilé à Jersey. Ses prises de position contre le second Empire l’ont poussé à partir loin de ce qui se joue à Paris. Dans cette mise au vert, loin de la ville et de son agitation, l’auteur s’adonne à des séances de spiritisme. Lors de l’une d’elle, il entre en contact avec sa fille Léopoldine qui, des profondeurs où elle séjourne désormais, lui suggère que sa mort et celles de ses compagnons d’infortunes ne seraient pas dues à des conditions climatiques fâcheuses mais à une origine plus pernicieuse et criminelle… Père, pourquoi les quatre innocents ont-il péri noyés ?  Dès lors Victor Hugo décide de consacrer sa vie à résoudre cette énigme. Il se rendra en France sur les lieux de « l’accident » et mènera sa propre enquête…

Et si Léopoldine, la fille aînée du plus grand génie littéraire du XIXème siècle avait été assassinée ? C’est dans cette brèche ouverte que s’engouffrent Esther Gil et Laurent Paturaud. Le couple d’auteurs soulèvent les manquements d’une enquête peut-être un peu vite conclue en banal accident et soulignent certaines incohérences ou faits troublants. Par exemple qu’est devenu cet homme trop âgé qui écrivait à la jeune adolescente des lettres et des poèmes enfiévrés ? Comment un homme comme l’oncle de l’époux de Léopoldine, marin aguerri aurait-il pu ne pas contrôler son embarcation au point de la faire chavirer et entrainer dans les profondeurs les quatre corps innocents ?

Les deux auteurs se sont ainsi replongés dans une étude méticuleuse de cet évènement, en fouillant les archives, en essayant de reconstituer les faits, de les comprendre et d’envisager ce qui s’apparente à une thèse défendue comme il se doit. Le récit composé reste purement fictionnel. Gil et Paturaud ne prétendent pas reconstruire le passé. C’est aussi en grande partie la raison pour laquelle le dessin ne vire jamais à la reconstitution photographique des faits mais laisse une grande marge à l’expression artistique. Se faisant ils reconstituent une époque, le second Empire, avec ses tensions, son architecture, ses rues sombres et dangereuses, ses perspectives. Victor Hugo endosse dans ce récit le costume d’enquêteur privé, un rôle qu’il aurait pu tenir au regard de l’amour porté à sa fille et de sa capacité à revêtir plusieurs manteaux tout au long de sa riche carrière. L’histoire se savoure pour ce qu’elle est, une théorie argumentée de la mort de Léopoldine, et pour ce qu’elle offre comme détails truculents autour de cet évènement. Au final et si l’envie vous vient d’en savoir plus, validez votre ticket en lisant en préambule à cet album le poème à l’origine de ce projet, Demain dès l’aube. Un projet ambitieux, superbement réalisé, qui plus est augmenté d’un épais cahier graphique offert par un éditeur qui s’adresse aux lecteurs avec cette passion partagée pour les beaux récits et les non moins beaux visuels…

Gil & Paturaud – Victor Hugo, aux frontières de l’exil – Daniel Maghen – 2013 – 19,50 euros

 

Entretien avec Laurent Paturaud

 

 


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