Tout le monde ne peut que constater que Nathan Hale est un homme très occupé. Après avoir survécu au massacre que les chimères ont opéré en Angleterre, le héros de Resistance n’a pas vraiment eu le temps de se reposer. Alors que l’infection des chimères consume son corps au fur et à mesure, il se retrouve embarqué dans une nouvelle bataille qui cette fois-ci se déroule au coeur des Etats-Unis. Dans Resistance 2, Nathan Hale se retrouve le héros d’un jeu qui propose d’une part, une campagne en solo aussi frustrante qu’elle peut être prenante, et d’autre part, de très nombreuses options de jeu en multi qui n’ont pas vraiment de précédent sur consoles. Malheureusement, malgré un contenu plus qu’intéressant, Resistance 2 manque d’âme pour devenir un véritable classique du genre.
Lorsque Resistance premier du nom est apparu sur Playstation 3 au lancement européen de la console, l’intérêt des joueurs vis-à-vis du titre d’Insomniac a su déguiser, au moins par intermittence le fait qu’il s’agissait d’un premier FPS pour les développeurs de Ratchet & Clank, qui manquait peut être de maturité par certains aspects mais avait ouvert des pistes très intéressantes. Comme tout suite qui se respecte, Resistance 2 suit donc la règle du genre, celle du toujours plus, et propose donc une expérience plus intense, plus violente et plus dramatique que dans Resistance : Fall of Man, ce qui lui permet de rivaliser avec les grands noms du genre.
L’un des aspects qui permet au jeu d’étendre l’action réside sûrement dans le fait que les évènements se déroulent maintenant aux Etats-Unis, un saut au dessus de l’Atlantique qui permet aux développeurs de laisser un peu plus de champ à leur imagination. Ainsi, chaque recoin de l’Amérique peut être visité au cours des 10 heures de jeu de la campagne solo. Le design parfois trop simpliste du premier épisode a été abandonné en Angleterre pour laisser maintenant place à une entrevue un peu particulière de l’Amérique des années 50, présentée dans une succession de chapitres plutôt bien pensée.
Après un premier chapitre assez tranquille, le rythme s’accélère rapidement pour ne plus jamais ralentir et laisser le joueur souffler un minimum. Lorsque le joueur se retrouve témoin de l’invasion de San Francisco par les vaisseaux chimères (un spectacle encore jamais vu dans un titre de ce genre), cela ne peut que marquer les esprits. Les combats contre les différents boss du jeu sont d’ailleurs dans la même veine. Qu’il s’agisse d’un Léviathan haut comme un immeuble de 30 étages ou d’un Kraken mutant, les créatures du jeu sont dépeintes dans des dimensions qui ne seront sûrement pas surpassées avant un certain temps.
Bien entendu, même les ennemis de taille plus raisonnable peuvent poser des problèmes. Les chaméléons comptent d’ailleurs parmi les ennemis les plus terrifiants, leur camouflage permettant de rester invisible quasiment jusqu’au dernier moment, où seul un coup de fusil bien placé permettra au joueur de sauver sa peau. Les Furies, qui envahissent les eaux, ou les Spinners sont d’autres exemples de créatures assez difficiles à appréhender. Certaines phases peuvent d’ailleurs rappeler le fameux Serious Sam où des hordes entières de chimères se ruent sur le joueur pour n’en faire qu’une bouchée.
Comme le bestiaire chimère, Nathan Hale a également subi quelques changements pour ce deuxième épisode. Il doit maintenant se cantonner à transporter deux armes, et possède un système de barre de vie plus classique, mais, comme dans le précédent volet, il dispose tout de même d’un arsenal des plus inventif, ce qui a toujours caractérisé les jeux développé par Insomniac. Le Foreur est bien entendu de retour, avec quelques nouveautés intéressantes comme le Magnum. Assez puissant de base, le Magnum permet par exemple d’utiliser un tir secondaire très destructeur, et peut être combiné à des armes comme le Splicer, qui se révèle idéal pour se défaire d’une horde de Spinners.
Cet arsenal très complet offre donc une diversité très intéressante au niveau du gameplay. Malheureusement, même si Resistance 2 propose de ce point de vue un contenu plus que plaisant, il pêche parfois sur des aspects plus basiques. Alors que le premier Resistance s’inspirait du fameux Halo dans sa construction, cette fois-ci, les développeurs ont puisés leur inspiration du côté de la série des Call of Duty, où chaque rencontre avec l’ennemi donne lieu à une véritable pluie de tirs adverses. Même si Resistance 2 reprend ici l’intensité de la série des Call of Duty, il en reprend malheureusement aussi les défauts, à savoir, la surabondance de scripts, et une progression hachée qui donne lieu à de la frustration sur la fin de la campagne dans les difficultés élevées.
D’autant que l’histoire est un peu laissée de côté face à cette débauche d’action, de tirs et d’explosions. Ce manque d’intérêt pour un scénario pourtant prometteur est particulièrement décevant car le joueur peut par exemple suivre, mais de façon bien trop superficielle, le déclin de Nathan Hale qui se voit assimilé au fur et à mesure par le virus chimère qu’il porte en lui. Il est vraiment dommage de ne pas voir cet élément narratif développé de manière plus approfondie. C’est sûrement ce manque d’âme qui empêche Resistance 2 de devenir un véritable classique du genre.
Visuellement, le jeu est plutôt attirant, même si pour un titre du calibre de Resistance 2, la présentation est parfois un peu trop classique. Les décors sont tous assez splendides, notamment dans les grandes villes américaines lors de l’invasion des vaisseaux chimères, et contribuent grandement à l’immersion du joueur dans le scénario. L’architecture des vaisseaux ou bâtiments aliens est elle aussi de qualité, même si avec le temps elle semble être ré-utilisée un peu trop souvent. Côté son, le titre propose une excellente bande son, et des bruitages très bien réalisés qui eux aussi participent à la création d’un véritable univers autour du joueur.
Bien entendu, l’expérience solo ne représente qu’une partie de ce qu’offre Resistance 2. Alors que la campagne reste parfois un peu en dedans, la quantité impressionnante d’options multijoueurs est au contraire assez irrésistible. Les parties compétitives offrent bien entendu toutes les options devenues maintenant assez classiques dans le monde des FPS, mais se révèlent également uniques de par le nombre de participants, qui peut monter jusqu’à 60, et donner alors lieu à des affrontements assez épiques. Le mode Skirmish, une des nouveautés de ce second volet, ajoute des objectifs supplémentaire à la boucherie habituelle, qui comme tous les autres modes de jeu, est très habilement servie par un système complet de ranking et de suivi des statistiques.
Resistance 2 propose également des parties en coopération tout aussi intéressantes. Avec un gameplay qui ressemble plus à un raid à plusieurs dans un MMO, les parties en coop mettent l’accent sur l’accumulation d’expérience et la complémentarité des trois classes disponibles. Les soldats ont la puissance, grâce à leur mitraillette rotative, les medics peuvent absorber la vie des ennemis et la donner à leurs camarades, alors que les snipers peuvent éliminer les ennemis à distance et donner des munitions à leurs alliés. Les joueurs doivent alors remplir une série d’objectifs aléatoires, ce qui maintient l’intérêt de ces parties dans le temps.
Au final, Resistance 2 s’avère être un très bon jeu, mais qui laisse un peu un sentiment en demi-teinte. Peut-être est-ce du à la campagne marketing faite autour du titre d’Insomniac, qui a poussé les joueurs à en attendre beaucoup. Malheureusement, même si la campagne solo possède de nombreuses qualités car plutôt longue et représentant un certain challenge, elle manque d’âme pour créer une véritable communauté autour du jeu. Heureusement, la partie multijoueur est là pour rectifier le tir et proposer sûrement le meilleur package en matière de FPS sur consoles. Tous les fans de premier épisode devraient donc y trouver leur compte et passer de longues heures à poursuivre l’affrontement entre humains et chimères.
Initialement publié le 16.12.08