Bienvenue à Patapon land
Commençons de manière très protocolaire par faire les présentations. Les Patapon s’apparentent à des minis cyclopes hallucinés. D’un naturel désordonné, ils vivent essentiellement de la chasse et de quelques fiestas bien senties le soir au coin du feu. Malheureusement, faute de guide spirituel, ce peuple sympathique est condamné à s’éteindre à petit feu. Comme vous l’aurez sans doute déjà deviné, c’est sur vous que ça va tomber : vous voilà donc investi du rôle de divinité « pataponesque » se devant de sauver son peuple. Ah, j’oubliais un détail, vos nouveaux amis ne parlent pas un mot de français. Le seul langage qu’ils connaissent, c’est celui des percussions.
En tant que fervents défenseurs de la 2D « old school », vos adeptes ne se déplacent que sur un unique plan horizontal. A vous de les aider à enchaîner les différentes missions allant des simples parties de chasse, destinées à ravitailler la tribu, jusqu’à l’invasion pure et dure d’un territoire voisin en passant par l’assaut d’un boss digne de Jurassic Park. Jusque-là rien de bien original mais là où ça se corse, c’est quand on réalise qu’en guise de possibilités de commandement on ne dispose en tout et pour tout que d’un quatuor de tambours. Chaque tambour est en fait assigné à un bouton d’action de la console et c’est en réalisant des enchaînements que vous dirigerez vos gugusses : un combo pour avancer, un autre pour attaquer, un troisième pour défendre, etc. Cela peut paraître simple à première vue, mais ce que je ne vous ai pas encore dit, c’est qu’il va falloir effectuer tout ceci en conservant un rythme parfait, sachant que vos Patapon poussent des cris aussi inopinés que perturbants et sachant que les bruitages en rajoutent bien souvent une couche. Ainsi, chaque challenge demande une concentration et une régularité à toute épreuve, d’autant plus que si vous réussissez suffisamment de combos à la suite, vos p’tits gars entrent en mode « Fever », état hystérique amplifiant leur résistance et leur agressivité. (Faut pas les chercher !)
Allez une petite vidéo pour mieux comprendre :
Vous reprendrez bien un peu de RPG et de stratégie ?
Attention, ne vous méprenez pas sur son compte. Patapon est loin d’être un simple jeu musical consistant à enchaîner les combos en rythme. Le soft est beaucoup, beaucoup plus profond que cela. Vous devrez tout d’abord préparer votre armée en piochant dans différentes catégories d’unités : lanciers, épéistes, archers, cavaliers… Les archers ont une portée d’attaque très grande mais sont très sensibles aux chocs directs alors que les épéistes aiment rentrer dans le lard de leur adversaire en prenant tous les risques. Les lanciers, quant à eux, constituent un bon compromis entre ces deux extrêmes, tandis que les cavaliers n’ont pas leur pareil pour éclater les lignes ennemies. Cette armée se construira petit à petit grâce à un arbre à Patapon qu’il faudra alimenter régulièrement en ingrédients de toutes sortes : branches, métaux divers et autres pierres. Il s’agira donc aussi de ramasser suffisamment de ces ingrédients de base au cours de vos missions puis de composer votre contingent en fusionnant les meilleurs éléments.
Patapon possède par ailleurs une véritable dimension RPG avec ses soldats aux caractéristiques bien détaillées : attaque, défense, niveau de vie, portée d’attaque avec level-up à la clé. L’arsenal des accessoires n’a pas été négligé non plus : casques, boucliers, armes de jets. Rien n’est laissé au hasard et il vous faudra faire preuve de beaucoup de discernement à l’heure d’équiper tel ou tel Patapon avec votre meilleure lame ou avec votre plus beau casque à pointe.
Entre l’équipement de vos gugusses, la création de troupes, la récupération de nouveaux ingrédients et l’organisation de la chasse pour nourrir tout votre petit monde, vous passerez bientôt autant de temps à faire de la gestion qu’à combattre réellement. Et c’est là qu’est toute la force de ce Patapon. Habile mélange de genres, il jongle adroitement avec réflexion, tactique et action, sans négliger l’humour, présent en bonne dose.
Alors d’accord, on relève bien une certaine forme de répétitivité, mais on s’y plie volontiers devant la ferveur soulevée par ces petits borgnes et l’addiction distillée par leurs mécanismes de création et d’amélioration. Et cet attachement va crescendo, suivant la même progression que la difficulté des missions, dont certaines réservent de bonnes suées.
Son et lumière
On retrouve cette même patte artistique qui fit des ravages dans Loco Roco : un univers coloré, des traits fins, des dessins naïfs et une ambiance bucolique. Les animations ne sont pas en reste : on goûte avec plaisir aux mimiques et autres déhanchements attendrissants de nos petits amis. Un vrai régal pour les yeux ! Par rapport à la version PSP, on a le droit à du 1080p sur PS4 et 4K sur PS4 Pro. Le remake graphique est très réussi. Nous n’avons pas l’impression d’un jeu ayant bientôt 10 ans, à part pour les cinématiques, un peu dégoulinantes.
Pour un jeu basé sur le rythme, il ne manquerait plus que la bande-son soit loupée ! Si les musiques de fond savent se faire discrètes, il en va tout autrement des voix des Patapon qui entonnent leurs airs sans aucune retenue et pourtant sans jamais lasser. Point d’orgue de cette partition, les percussions, moteur des actions de nos protégés, sont samplées à la perfection. Jamais cette catégorie d’instruments n’a été à pareille fête dans un jeu vidéo.
Testé sur PS4