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MaXoE Festival 2023 : La Sélection Livres – Récits / Romans

La Sélection Livres de cette 10ème édition du MaXoE Festival raconte notre société, notre monde. Autant dire que les ouvrages que nous avons sélectionnés sont très divers pour ne pas dire éclectiques, chacun posant un regard sur ce (ceux ?) qui nous entoure, sur un ton tantôt interrogatif, tantôt circonspect. A une époque où de nombreux conflits se dessinent, où nous nous sentons parfois dépassés voire désarmés face aux événements, s’intéresser, s’interroger, se questionner sur nous et le monde qui nous entoure, tout cela semble désormais nécessaire afin de conserver cet espace de liberté, soit-il intime et personnel. C’est ce que ces ouvrages que vous allez découvrir vous invitent à faire… Bonne lecture !

 

Récits / Société

 

De chair et de fer, Vivre et lutter dans une société validiste‘ de Charlotte Puiseux

Débutons cette Sélection Livres avec les Récits, et plus spécifiquement celui de Charlotte Puiseux, Docteur en philosophie et psychologue clinicienne diplômée de l’université Paris 7. Elle est aussi membre du collectif handiféministe Les Dévalideuses et de l’association Handiparentalité. Dans son livre ‘De chair et de fer, Vivre et lutter dans une société validiste‘ aux Editions de la Découverte, elle adresse un récit fort qui invite le lecteur à prendre conscience de ce qu’est le validisme, définit comme l’oppression et la discrimination contre les handicapés. L’auteure fait sortir le handicap du caritatif pour le politiser, pour que l’Etat prenne ses responsabilités vis-à-vis d’une population invisibilisée et souvent maltraitée, au sens propre comme au figuré, socialement et économiquement. Il est aussi question de violences et d’émancipation dans cet ouvrage qui bouscule et qui est là pour faire bouger les lignes, concrètement, et durablement.

 

De l’eau dans ton vin‘ de Olivia Leray

L’alcoolisme, ce fléau. Avec ‘De l’eau dans ton vin‘ chez Fayard, la journaliste Olivia Leray nous offre un récit sans fard sur l’alcoolisme de son père et une enfance insouciante jusqu’à la prise de conscience à l’adolescence. Entre honte et inquiétude, l’auteure nous entraine dans un parcours de vie, le sien et celui de sa soeur, mais aussi et surtout celui de son père qui malgré des cures de désintoxication, ne sortira jamais de l’alcoolisme. Aujourd’hui malade, le regard que porte Olivia Leray sur ces années qui sans être pour autant malheureuses, sont de véritables années perdues pendant lesquelles sans diagnostic, aucune prise en charge n’a été prise. ‘La dépendance, c’est la fin de l’indépendance‘ résonne dans cet ouvrage touchant qui met en lumière une forme de banalité de l’abus d’alcool qui fait des ravages dans les familles concernées, autant que dans le cerveau de ceux qui souffrent de cette addiction.

 

L’école des explorateurs‘ de Alban Michon

Explorateur des temps modernes, membre de la société des explorateurs français, passionné par les régions polaires et la plongée sous-marine, Alban Michon nous donne les clés d’une expédition avec ‘L’école des explorateurs‘. Cette expédition pourrait être la vôtre puisque l’explorateur nous donne tous les détails de ses expériences passées à travers le monde. Cet ouvrage en plus d’être forcément dépaysant, nous donne véritablement envie d’aller voir ailleurs, de partir à la découverte de contrées éloignées ou souterraines, de voir le monde différemment, de nous dépasser. Car tout y est : du projet au financement en passant par les conseils avisés de spécialistes, ce retour d’expérience est inspirant autant qu’il nous oblige à regarder en face la (dé)mesure du réchauffement climatique. Beau et salutaire, à vocation salvatrice, espérons-le.

 

Le livre de Liane‘ d’Agathe Lemaitre

Sujet tristement d’actualité, le harcèlement scolaire est au coeur de l’ouvrage d’Agathe Lemaitre. C’est l’histoire de sa soeur, harcelée, qui a mis fin à ses jours à l’âge de 21 ans que l’auteure nous dévoile. ‘Le livre de Liane‘ est un roman, une fiction du réel basée sur un récit qui reprend ce qu’a vécu Liane (personnage inspiré de sa soeur, Diane) pendant des années, les souffrances d’une petite soeur excellente élève dont l’entourage ne connaissait rien. Un choc pour la soeur ainée qui après la douleur et la culpabilité de ne rien avoir vu reprend l’enquête, interroge les harceleurs et reconstitue la vie harcelée de Liane grâce à ses carnets intimes. Le harcèlement scolaire, cette ‘maladie silencieuse’ qui tue insidieusement, à petit feu, est ici décrite avec beaucoup de force. L’histoire de Liane est bouleversante et poignante, et elle résonne particulièrement en ce moment. Il est temps de prendre les choses en mains et de lutter contre ce fléau qui fait chaque jour de nouvelles victimes.

 

‘Le Fils de la maîtresse’ de Serge Toubiana

La transmission, un mot qui porte les valeurs des générations précédentes auxquelles l’on tient et que l’on souhaite transmettre aux générations futures. De génération en génération, en somme. C’est du côté de la Tunisie que nous emmène Serge Toubiana que l’on a connu critique aux Cahiers du cinéma ou encore directeur de la Cinémathèque française et que l’on retrouve aujourd’hui avec plaisir à la radio. Dans ‘Le Fils de la maîtresse‘, il est donc question de transmission, celle de ses parents militants communistes, son père horloger et sa mère Georgette institutrice qui lui transmettra son amour pour le cinéma. Ses premiers souvenirs de films vus à Sousse, les beignets au miel, puis l’arrivée en France à Grenoble, où adolescent il découvrira la Nouvelle Vague. Après plusieurs ouvrages consacrés au cinéma (réalisateurs, acteurs et actrices) c’est un livre plus intimiste que nous livre le président d’UniFrance, qui nous emmène dans un parcours de vie, des bords de la Méditerranée aux salles obscures, à travers des souvenirs de cinéphile et d’autres plus personnels sur ses parents et le temps qui passe, trop vite peut-être. Dans quel but ? Celui de tansmettre à son tour.

 

Romans

 

Résistance 2050 d’Amanda Sthers et Aurélie Jean

Bientôt tous pucés ? C’est le thème du roman d’Amanda Sthers et Aurélie Jean. Dans ‘Résistance 2050‘, l’écrivaine et la scientifique nous proposent un roman dystopique qui ne nous semble pas si éloigné d’un futur proche qui se dessine devant nous : ‘En 2050, une grande partie des pays du globe encourage sa population à s’équiper d’une puce cérébrale qui augmente les capacités intellectuelles de chacun, prévient les maladies, anesthésie la douleur, apaise, réveille, endort – qui transforme les individus en ordinateurs…‘. Il est question de résistance, d’une histoire d’amour voire plusieurs, de lieux secrets pour que les pucés se fassent désactiver, pendant ce temps-là le Vatican et des religieux en Israël résistent alors que l’on puce massivement les enfants… Ce roman écrit à quatre mains est extrêmement réaliste et révèle ce qui deviendra très certainement et plus rapidement qu’on ne le pense, un enjeu majeur de nos sociétés modernes. Notre liberté de penser, notre libre arbitre, notre liberté tout court, sera-t-elle menacée par les puces ou même bien avant leur apogée ? Le roman (nous) pose de nombreuses questions et il faudrait encore plusieurs tomes pour y répondre… Ou une série télé peut-être ?

 

Ainsi pleurent nos hommes‘ de Dominique Celis

Dominique Celis est une écrivaine belgo-rwandaise vivant à Kigal qui sort son premier roman ‘Ainsi pleurent nos hommes‘. L’éditeur Philippe Rey présente l’ouvrage ainsi : ‘Un premier roman magistral qui raconte la dérive de l’histoire d’amour entre Erika et Vincent au Rwanda, 25 ans après le génocide des Tutsis. Kigali, 2018. Depuis sa rupture avec Vincent, Erika vit sur un fil, et écrit à sa sœur pour  » exorciser de son corps  » un amour-dévastation qui l’habite toujours‘. Il ne s’agit pas d’une ‘simple’ histoire d’amour passionnel mais bien des conséquences indirectes du génocide des Tutsis par des Hutus au Rwanda en 1994. Les traces que l’on ne voit pas forcément mais que l’on ressent, celles qui laissent des marques indélébiles, dans une société où victimes et bourreaux doivent vivre ensemble et pardonner. On apprécie autant l’histoire que la forme que l’auteure y met puisque le texte est très travaillé, dans son sens et dans sa forme. Poétique et puissant.

 

Jungle pourpre‘ de Julie Ewa

On la présente comme une figure de l’ethno-polar et à juste titre. Julie Ewa est une globe-trotteuse née en Alsace qui connait très bien l’Indonésie pour y avoir vécu pendant un an, et ce polar nous emmène donc logiquement à Sumatra. Au travers d’une enquête dans le milieu de la drogue, c’est la vie des enfants des rues en Indonésie qui est au centre de son ouvrage, et ce n’est pas un hasard. L’auteure a en effet fondé l’association Kolibri pour venir en aide aux enfants défavorisés qu’elle a rencontré lors de son séjour. Une jeune fille livrée à elle-même, le trafic de drogue et la corruption, la pauvreté et l’injustice sociale ; autant de sujets évoqués dans ‘Jungle pourpre‘ portés par des personnages attachants pour qui rien n’est simple. Un roman noir de qualité et une plongée qui fait mal.

 

Le Feu du Milieu‘ de Touhfat Mouhtare

Les Comores, archipel volcanique entre le Mozambique et Madagascar, est un laboratoire du métissage et du mélange des cultures. Touhfat Mouhtare est une écrivaine comorienne et dans ‘Le Feu du Milieu‘ elle reprend ce métissage dans lequel elle incorpore la magie à la religion et aux traditions. Une jeune servante obéissante qui ne connait ni sa mère ni son père, mais apprend les légendes de sa mère adoptive et le Coran de son maitre, fait une rencontre inopinée qui va changer sa vie. Deux univers se croisent, celui des dominants et des dominés, deux jeunes femmes qui sympathisent malgré tout et qui des années plus tard se retrouvent. Un mystérieux objet leur permet de voyager dans le temps et ouvre ainsi des possibilités inespérées… De la magie et beaucoup de poésie dans le texte de Touhfat Mouhtare qui nous transporte dans un monde luxuriant, complexe et riche d’histoires parfois surprenantes. On aime ce voyage imaginaire et imaginé, c’est une véritable expérience, entre rêves et réalités.

 

Mon coeur bat vite‘ de Nadia Chonville

Ce roman de Nadia Chonville donne le ton dès sa présentation : ‘Une lignée de combattantes, une île en dérive. Pour venger ses ancêtres, pour libérer son propre corps, Kim est prêt à tout‘. Dans ‘Mon coeur bat vite‘, l’auteure Antillaise originaire de la Martinique nous met face à la masculinité et le patriarcat, à la domination et l’oppression, pas exclusivement patriarcale d’ailleurs. Un frère, Kim, est parti, et une soeur Edith, qui est restée ; les deux ne se comprennent pas, ils prennent littéralement deux chemins différents. Edith doit sauver Kim après qu’il ait commis l’irréparable, l’impardonnable pour Edith. On retrouve ici aussi du fantastique, l’histoire des femmes victimes de l’esclavage, et plus largement ce qu’elles ont vécu sur des générations. Esprits des ancêtres, fantômes et sorcières sont omniprésents, ainsi que l’héritage transgénérationnel au coeur d’une Martinique contemporaine. Le tout superbement mis en mots.


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