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Le rôle complexe des marqueurs épigénétiques dans l’orientation sexuelle

Drapeau GayPeut-on choisir d’être ou de ne pas être homosexuel ? La question se pose pour bon nombre de comportements humains, mais dans ce cas le débat est sensible.

L’interdiction, la discrimination, voire les persécutions (quand ce n’est pas pire…) partent bien souvent de l’idée préconçue que l’homosexualité est un comportement déviant, acquis au cours de l’histoire de l’individu. Qu’en dit la science ?

Des marqueurs épigénétiques qui prédisent l’orientation sexuelle

On avait déjà tenté de savoir si les préférences sexuelles étaient codées par les gênes, sans succès. Mais récemment, le laboratoire d’Eric Vilain à l’Université de Californie (Los Angeles, USA) a prouvé que l’orientation sexuelle était fortement influencée par des modifications épigénétiques.

Pour rappel, des modifications de ce type changent la façon d’interpréter les séquences ADN grâce à ce qu’on appelle des marqueurs épigénétiques, ce qui ne change rien aux gênes à proprement parler.

En quelques sortes, si les gènes sont le livre dans lequel sont écrites les informations concernant notre être, l’épigénome représente la ponctuation, la façon de lire et les annotations en bord de page. Une façon d’assouplir son code génétique.

Tuck Ngun, chercheur post-doctoral de l’équipe d’Eric Vilain, a étudié les marqueurs épigénétiques de 140 000 régions d’ADN de 37 jumeaux d’orientation sexuelle divergente (hétérosexuel et homosexuel), et de 10 jumeaux d’orientation sexuelle identique (homosexuels).

Travail de titan, qui a permis de révéler cinq régions de l’épigénome. Dans plus de 70% des cas, la présence de cet épigénome a été prédictive de l’homosexualité.

Cela signifie que les orientations sexuelles (homo- ou hétérosexuel) sont en partie codées biologiquement, tout comme la taille ou la couleur des yeux et de la peau.

A noter pour les curieux que les portions d’ADN y correspondant (car l’épigénome est lié à l’ADN, mais n’est pas l’ADN) codent pour la conduction nerveuse, ou encore pour la fonction immunitaire. Pourquoi ? On ne le sait pas encore.

Et d’où viennent ces modifications épigénétiques ? Pour le moment, les chercheurs en sont encore à l’étape des hypothèses.

Les marqueurs épigénétiques sont inexistants au moment de la création de l’œuf, et apparaissent durant la gestation. Les chercheurs supposent que cela pourrait venir de différentes concentrations hormonales dans l’utérus maternel  (en particulier la testostérone), ou encore de la position du fœtus, voire même de la vascularisation du fœtus dans l’uterus.

Bref, il y en a encore du pain sur la planche pour avoir la réponse.

Des résultats à prendre avec des pincettes

Attention toutefois, les chercheurs stipulent bien que ces résultats sont à prendre avec des pincettes. Leur étude n’a porté que sur un très petit échantillon, qui plus est de jumeaux. Cet échantillon n’est pas représentatif de la population entière. De plus, 70% c’est grand, mais il reste toujours 30% chez qui ces marqueurs n’ont rien prédit du tout…

L’équipe d’Eric Vilain insiste aussi sur un point : ces résultats ne doivent en aucun cas être utilisés pour fabriquer des tests d’homosexualité, ou pour « guérir » l’homosexualité.  En substance, ils rappellent là de faire attention au spectre d’une pensée extrémiste qui, il y a quelques dizaines d’années encore, considérait l’homosexualité comme une maladie.

Il est donc important de préciser que ces résultats montrent que l’homosexualité n’est pas une maladie (au cas où certains en douteraient encore), mais une caractéristique au même titre que toutes celles qui composent un individu.

Bien des inégalités vis-à-vis des homosexuels ont été montrées du doigt ces dernières années, et parfois vaincues. Ces connaissances scientifiques pourraient donner des arguments en plus pour lutter contre l’homophobie.

 

Homosexuality may be caused by chemical modifications to DNA, Michael Balter, Science 8 October 2015.


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