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Le coin des vieilles feuilles : ‘Le recul du fusil’ de Jean-Sébastien Bordas (Soleil)

Parfois, en cherchant une BD dans nos étagères il nous arrive de mettre la main sur un récit que l’on avait un peu oublié mais qui nous avait procuré pas mal de plaisir à sa lecture. Parfois encore on retrouve par accident, chez un soldeur, sur un marché ou ailleurs, un récit rare ou méconnu d’un auteur que l’on apprécie et la curiosité nous pousse à l’acheter. Le coin des vieilles feuilles, votre nouveau rendez-vous du lundi mettra en avant ce type de récit. Avec pas mal de surprises à la clé !

L’intérêt de conserver les albums qui nous ont happé par leur récit et/ou leur graphisme, c’est que l’on peut y revenir un jour pour d’autres raisons. En 2012 je commençais, un peu avant l’heure, à filmer des interviews d’auteurs du neuvième art. Pas forcément pour m’épargner les longues sessions de travail de retranscription à venir, mais plutôt pour faire vivre les entretiens, les accompagner de ce qui ne passe pas forcément dans le texte : les gestes, les réflexions, les hésitations, les tensions ou expressions du visage de l’auteur face à la question sur son projet. Aujourd’hui encore je filme une bonne moitié des interviews que je réalise même si j’aime aussi l’idée de pouvoir les lire. En 2012 pour ma toute première interview filmée, à partir d’un appareil photo proposant du HD 720, je proposais à Jean-Sébastien Bordas de parler de son projet Le recul du fusil. Le récit reste l’une des plus fortes fictions ayant pour cadre la guerre d’Espagne (les auteurs espagnols proposent majoritairement des témoignages illustrés du conflit).

Dans la chronique qui accompagnait l’interview et que vous pouvez trouver ici avec la vidéo, je disais notamment ces quelques mots de conclusion sur la série, jamais achevée faute de ventes suffisantes : « Jean-Sébastien Bordas livre avec cette série un récit fort. Tout autant pour sa justesse historique – il s’est documenté auprès de spécialistes du conflit en plus de ses nombreuses lectures et séjours en Espagne -, que pour son héro dont la jeunesse se brûle plus rapidement que pour d’autres étudiants de son âge, et enfin pour l’humanisme qui se détache de chaque planche. L’humour qui vient se superposer à tout cela ajoute au plaisir. Si pour Bordas, cela va de soi, combien de récits se sont perdus dans leur volonté mortifère et aride ? Le recul du fusil, symbolise les coups à prendre pour grandir. Il nous pousse aussi inévitablement à dresser des parallèles avec notre société actuelle, portée elle aussi par la montée des nationalismes et le repliement sur soi. Et si finalement la grande force de ce triptyque résidait dans sa capacité à nous placer face à certaines réalités ? »

Aujourd’hui je reviens donc au Recul du fusil. L’album figure en bonne place dans une étagère que j’ai consacrée au conflit qui ruina l’Espagne jusqu’à la fin des années 70 et au-delà. J’entreprend en effet une longue (et j’espère la plus exhaustive possible) étude de la guerre civile espagnole. Aux côtés des albums de Carlos Gimenez, Carlos Guijarro, Antonio Altarriba, Bruno Loth, Denis Lapière, Julio Ribera, Lorena Cannotière, Paco Roca, du Mattéo de Jean-Pierre Gibrat, de Sento et de bien d’autres encore Le recul du fusil a toute sa place. Le récit apporte sa description des combats si particuliers au cœur de Madrid qui voyaient les républicains espagnols et leurs soutiens de la légion étrangère partir au front le matin et revenir en ville le soir boire des verres dans quelques bistrots encore ouverts. L’approche de Jean-Sébastien Bordas est différente de celle de Carlos Gimenez dans Les temps mauvais.

Là où l’auteur espagnol use de toute la dramaturgie du conflit, Jean-Sébastien Bordas propose de lier l’humour au conflit. Pour autant son approche du sujet reste ultradocumentée et ne souffre d’aucune approximation dans la restitution des évènements. Un album essentiel donc sur l’engagement de jeunes français, idéalistes pour certains, conscients surtout du danger de cette guerre, laboratoire à un conflit plus large à venir. Les deux tomes sur trois parus du Recul du fusil restent donc une lecture que je vous conseille plus que vivement !

Jean-Sébastien Bordas – Le recul du fusil T1 & 2 – Soleil – 2010-2012


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