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Outlast 2 : le plaisir dans la souffrance
Memento mori

NOTE DE MaXoE
7
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5
Le survival horror est un genre finalement assez prolifique dominé par quelques licences de référence et de temps à autre par certains titres isolés mais néanmoins très réussis. Avec la série des Outlast, on évolue dans une frange particulièrement extrême de cette catégorie de jeux par son caractère malsain voire franchement trash et des outrances gore faisant passer les passages les plus sanguinolents d’un Resident Evil pour un atelier de macramé. Outlast 2 n’entend pas modifier le tir et nous promet une expérience éprouvante pour les nerfs et pour les yeux…

Entre Candy et Human Centipede. Plus proche de Human Centipede quand même…

Rarement un jeu n’aura autant mérité son PEGI 18. Dès le lancement de celui-ci, une simple phrase d’avertissement annonce la couleur et le contenu pourrait se résumer ainsi : « Il y aura de la tripaille, des hurlements et de la déviance sadique« . Vous voilà prévenu ! Outlast premier du nom nous avait permis d’évoluer dans un asile particulièrement inquiétant où se pratiquaient moult sévices et actes barbares : Outlast 2 nous plonge dans un univers bien différent, celui d’une vallée de l’Arizona le plus profond, le plus désolé… et le plus dégénéré. Vous incarnez un caméraman accompagné de sa fiancée journaliste enquêtant sur le cadavre d’une Jane Doe (victime sans identité), une jeune fille enceinte retrouvée dans un état épouvantable. Vos recherches vous amènent à survoler une zone quasi inhabitée de la région. Un crash plus tard et vous vous retrouvez seul dans une obscurité aveuglante que viennent perturber les débris calcinés et luminescents de votre hélicoptère. Votre chérie a disparu et le pilote vient orner un arbre de la plus macabre des manières : mutilé, écorché et calciné. Plus haut, une lune brouillée qui peine à percer l’épaisseur de la nuit semble vous guetter de son monocle inquisiteur.

C’est le moment où l’on devrait courir et hurler comme un dératé en demandant de l’aide mais vous êtes apparemment très amoureux et vous vous mettez immédiatement en quête de votre dulcinée. Votre équipée vous mène à un lugubre village regorgeant de détails particulièrement horrifiques : décoration intérieure à base de têtes de poupées, charognes dépecées laissées à l’abandon et surtout des symboles religieux et cabalistiques dans tous les recoins. Pas de doute, une secte de débiles profonds est à l’ouvrage. Difficile de faire le poids sans armes et muni d’une seule caméra. Courage, fuyons !Im Tenebris

Ne nous trompons point, la série des Outlast ne se contente pas de proposer un univers des plus révulsifs, il s’agit de vrais jeux possédant une identité graphique marquée, au service d’un gameplay très spécifique. En effet, il est toujours impossible de s’armer dans ce Outlast 2. Le seul moyen de survivre, c’est de se cacher ou de fuir ! Car vos opposants, à savoir des sectateurs totalement siphonnés du bulbe et parfois même vaguement mutants, auront systématiquement l’ascendant et se feront une joie de vous éviscérer sans sommation. Pour éviter une issue aussi funeste, il sera donc nécessaire d’être le plus furtif possible en évoluant lentement, les sens aux aguets, et en profitant des éventuels refuges proposés par l’environnement. Se cacher dans un tonneau ou se glisser sous un lit en retenant votre respiration seront bien souvent les seuls moyens de rester en vie en dehors d’une course folle en espérant semer vos agresseurs.

Pour mener à bien cette opération survie, vous disposez de deux atouts majeurs. Tout d’abord, votre camera qui vous permettra de zoomer et de bien souvent repérer les sources de danger potentiel avant que la situation ne devienne rédhibitoire. Mais cette caméra permet surtout, grâce à sa fonction infrarouge, d’évoluer dans un environnement qui baigne le plus souvent dans une obscurité totale. Et cette obscurité, loin d’être handicapante, vous permet au contraire d’échapper à l’attention d’une population locale terriblement sanguinaire et déterminée. Vous serez donc le plus souvent amené à progresser au travers du prisme monochrome de votre objectif ce qui par ailleurs instaure une ambiance des plus oppressantes. Pour activer la fonction nocturne de votre caméra, vous devrez collecter des piles gentiment disposées ça et là ce qui ne pose donc pas véritablement de problème.

Du sang neuf ?

Cette ambiance majoritairement nocturne est pour beaucoup dans le charme vénéneux d’Outlast 2 D’autant que cette fois-ci, les développeurs de Red Barrels ont opté pour un environnement laissant une large place aux extérieurs. Vous n’êtes donc plus confiné dans les méandres labyrinthiques d’un asile ce qui permet de diversifier les décors tout en restant dans une ligne esthétique très cohérente. Cette obscurité a même quelque chose d’étrange et semble abolir toute alternance entre jour et nuit. En ce sens, Outlast 2 joue très clairement la carte du monde décalé et surnaturel. Mais il s’agit cependant d’une simple impression de liberté car le jeu reste en vérité terriblement directif. N’envisagez pas une seule seconde de multiples possibilités de progresser ou d’emprunter des chemins alternatifs. Vous serez véritablement téléguidé par le jeu d’un point A au point B, la faute à un gameplay dont le mode opératoire est clairement celui du Die and Retry. En effet, il s’agit de progresser pas à pas et de parfaitement repérer les déplacements de vos ennemis ainsi que leur apparition qui observe un pattern intangible. Outlast 2 fonctionne donc par micro séquences qu’il faudra analyser au grès de vos échecs successifs. Cet enchaînement de morts prématurées est paradoxalement source d’excitation mais aussi de frustration.

Bien évidemment, réussir enfin à passer avec succès une zone après plusieurs tentatives infructueuses ne peut que générer une intense satisfaction, un petit frisson exalté que recherchent tous les gamers aguerris. D’un autre côté, le jeu semble parfois si exigeant, si « obtus » et si rigide qu’il peut tout aussi bien agacer celui qui aura l’impression d’être littéralement « emprisonné » par le gameplay, dans l’obligation de se plier à des exigences qui frisent le ridicule. Concrètement, il est parfois insuffisant de se cacher pour s’en tirer et prendre les jambes à son coup reste parfois la seule alternative. Mais dans ce cas, il est souvent nécessaire de suivre un chemin et un seul, et de s’y conformer au mètre près sous peine de game over. D’ailleurs, les développeurs semblent avoir assumé cet aspect du jeu qui propose un nombre très important de sauvegardes automatiques. Parfois, le joueur aura clairement l’impression d’être dans la peau d’un Tom Cruise dans Days of Tomorrow. En plus gore…

Dans l’Arizona, personne ne vous entend gerber…

Difficile d’achever le test d’Outlast 2 sans aborder quelques instants la problématique du gore qui constitue clairement la signature ludique de la licence. Outlast 2 ne fait clairement pas dans la dentelle en multipliant les tableaux sanguinolents et barbares. Sans rentrer dans un débat moral qui n’a pas sa place ici et qui consisterait à déterminer jusqu’où il est possible d’aller dans un jeu, on peut s’interroger sur l’efficacité d’un tel jusqu’au boutisme. Car cette accumulation de séquences choquantes finit également par gommer le caractère horrifique en banalisant les effets, en provoquant une certaine lassitude. La suggestion a tout de même des vertus que cet opus a choisi d’ignorer de manière assumée. Chacun aura bien évidemment son avis sur la question.

Reste que cette débauche de cruauté est au service d’une trame scénaristique assez prenante qui s’intéresse aux dérives sectaires et à un fanatisme ésotérique que la culture américaine, puritaine à l’excès, a souvent engendrés. Evidemment, on frise parfois le WTF mais n’oublions pas qu’il ne s’agit que d’un jeu ! Là encore, Outlast 2 fait un pari audacieux en ne proposant aucune cinématique ou presque ; les estomacs fragiles se féliciteront de ce choix bienveillant. Pour saisir les tenants et les aboutissants de cette sombre histoire, il sera nécessaire d’explorer les lieux et de lire les différentes notes et extraits de journaux laissés par les habitants… ou leurs victimes. Cette collecte peut s’avérer un poil fastidieuse mais permet pour les plus courageux de s’investir totalement dans l’aventure.

Testé sur PS4. Disponible en téléchargement sur PS4, Xbox One et PC, ou au sein de la compilation Outlast Trinity.

NOTE MaXoE
7
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5

Difficile d'attribuer une note objective à cet Outlast 2 qui n'a bien évidemment rien du jeu consensuel. Mais il faut reconnaître que ce titre dispose de vraies qualités de réalisation et surtout une maîtrise absolue dès qu'il s'agit d'instaurer un climat oppressant. A défaut de sursauter ou de hurler de peur, un frisson permanent vous accompagnera au fil d'une aventure riche en émotions. Quant au gameplay, il nécessitera une véritable adhésion de principe : c'est à cette condition qu'Outlast 2 pourra garnir fièrement l'une des étagères de votre ludothèque. Mais clairement l'une des plus hautes, à distance respectable des âmes sensibles...
ON A AIMÉ !
- Une ambiance réellement stressante.
- Une charte graphique envoutante.
- L'utilisation de la caméra toujours judicieuse.
- Des environnements extérieurs plus variés.
ON A MOINS AIMÉ...
- Un gameplay très rigide
- Beaucoup de directivité dans l'aventure.
- Peu de nouveautés au final.
Outlast 2 : le plaisir dans la souffrance
Outlast 2
Editeur : Red Barrels
Développeur : Red Barrels
Genre : Survival horror
Support(s) : PS4
Sortie France : 25/04/2017

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