Bravo, vous avez deviné, il s’agit bien entendu de la préquelle, à ne pas confondre avec le reboot qui consiste à repartir aux fondamentaux de la série pour tout refaire et ainsi revendre une seconde fois un univers aux joueurs. La préquelle, donc, raconte les origines de l’histoire. Le problème, c’est que souvent, et le dernier God of War l’a prouvé, ce n’est pas une garantie de qualité : l’exercice est souvent périlleux pour la cohérence de l’ensemble de l’univers, et on ne s’expliquera jamais, tout bêtement, pourquoi un personnage est plus puissant au début de ses aventures qu’à la fin. Mais passons.
La planète Sera est envahie par les Locustes, des saletés souterraines bien décidées à casser de l’humain. Qu’à cela ne tienne, Braid et sa bande décident d’aller en chatouiller quelques-uns au fusil lourd, ce qui est diplomatiquement discutable mais militairement pertinent, convenons-en. Mais Braid n’est pas tout seul : à ses côtés, on (re)trouve Cole, le menhir vivant, ainsi que Garron et Sofia. Et nos quatre camarades de jeu ne sont pas en bonne situation, puisqu’ils passent en jugement (d’où le titre, quelle créativité) pour trahison ou désertion. Si vous connaissez un tant soit peu la question militaire, vous savez à quel point c’est apprécié dans l’armée. Chacun va donc raconter sa vérité via des flashbacks, ce qui en soi n’est pas une mauvaise idée en terme de narration, si l’histoire racontée a un quelconque intérêt. Ce n’est pas faire offense à la série des Gears que de dire que le scénario n’en est pas la qualité première, et cet opus ne déroge pas à la règle.
Pourtant, en terme de gameplay, cela donne une idée très intéressante, en légitimant les objectifs bonus. Explication : pour chaque mission, on peut s’infliger un handicap (arme imposée, temps limité, etc) qui, si on parvient à le surmonter, offrira un nouvel éclairage sur les événements. Une idée astucieuse, qui ne change pas grand chose au bout du compte mais a au moins le mérite de respecter la trame du jeu. Le gros défaut, et il est récurrent dans le jeu, c’est que les développeurs ne se sont pas donné trop de mal, et les défis deviennent rapidement redondants…
L’autre intérêt du concept, c’est le scoring : en effet, vos performances sont évaluées, et récompensées en étoiles; Les défis en apportent donc davantage. Ces étoiles permettront ensuite d’obtenir des accessoires pour le jeu en ligne, d’une part, mais aussi une mission bonus. Une bonne idée, mais qui introduit une notion de scoring dans une saga qui ne s’y prête pas tant que ça.
Autre idée intéressante : si vous mourez, le jeu pourra modifier un peu votre parcours, et les ennemis que vous rencontrez. Impossible, du coup, de mémoriser une séquence pour la refaire en cas de mort, il faudra toujours être réactif.
Le problème, c’est que toutes ces idées, parfois intéressantes, sont balayées par la structure même du jeu, qui répond au scoring évoqué précédemment : Gears of War Judgment est un gros mode Horde. Des arènes, des vagues de locuste, et on recommence. Or, si cela peut être amusant à plusieurs, tout seul on tourne vite en rond, d’autant plus qu’on doit subir une IA totalement à la ramasse et des ennemis qui n’ont d’yeux que pour vous.
Et il y a de quoi râler, bon sang ! Même si le scénario est mauvais, avec une vraie mise en scène et un vrai sens du récit, comme dans les précédents Gears, on aurait pu s’amuser vraiment, et prendre du plaisir. Ici, on a en fait un mode Horde coopératif géant, toujours nanti d’une réalisation aux petits oignons, mais auquel on ne prend pas de plaisir seul, l’impression générale étant une enfilade de combats qui finissent par tous se ressembler. Rien ne donne envie au joueur de s’investir, de s’impliquer… On sent largement la patte des nouveaux développeurs, auteurs de Bulletstorm…
Du coup, à l’inverse, le mode multi est plutôt réussi. En dehors des classiques, on trouve un mode Invasion qui, lui, est tout à fait sympathique : à tour de rôle, deux équipes de cinq joueurs vont incarner les CGU et les Locustes. Les premiers ont 4 classes, toutes avec des talents et des armes spécifiques. Les second, eux, auront le choix entre 8 espèces, allant des petits et explosifs tickers aux monstrueux maulers. En infligeant des dégats, les joueurs Locustes gagneront des points qui leur permettront d’acheter de nouvelles classes, un excellent système qui équilibre très bien le jeu.