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MaXoE Festival 2019 : La Sélection Cinéma – Catégorie Comédie/Comédie dramatique
Au menu, une entrée française, un plat de résistance grec et un cigare cubain accompagnant un dessert sud-coréen

Deuxième catégorie de la Sélection Cinéma du MaXoE Festival 2019, la catégorie Comédie/Comédie dramatique. Une catégorie qui accueille elle aussi une Palme d’Or, celle de 2019 cette fois ! Et qui fait la part belle à la diversité avec quatre films de quatre nationalités différentes.

I Feel Good, de Gustave Kervern et Benoît Délépine

Monique (Yolande Moreau) dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Un jour elle voit débarquer en peignoir son frère Jacques (Jean Dujardin) venant de s’échapper sans payer d’un centre de Thalasso. Elle lui propose de travailler mais lui n’a qu’une idée en tête : devenir riche, très riche.

Comme souvent dans les films de Gustave Kervern et Benoît Delépine, on retrouve une tête d’affiche  dans des situations inattendues. On a vu Gérard Depardieu en motard à cheveux longs dans l’excellent Mammuth, Benoît Poelvoorde en punk à chien dans Le Grand soir ou encore Michel Houellebecq en homme suicidaire dans Near Death Experience. Cette fois-ci c’est Jean Dujardin qui incarne Jacques, un homme fauché et un peu perdu, s’incrustant dans le centre Emmaüs. On le découvre en être abject égocentrique, se croyant au-dessus de tous, critiquant et rabaissant plus bas que terre toutes les personnes qu’il croise. L’acteur est d’ailleurs troublant en être ignoble face aux compagnons du centre Emmaüs et c’est l’une des réussites du film. Son personnage incarne l’ensemble des défauts de notre société face à ces ouvriers solidaires qui pour la plupart ont tout perdu et ont pour seul salut leur activité au sein du centre. Ainsi, en mélangeant humour et tendresse au profit d’un message social et humaniste, I Feel Good est la preuve pour Youri que le cinéma français est toujours en forme !

I Feel Good, réalisé par Gustave Kervern et Benoît Délépine. Avec Yolande Moreau, Jean Dujardin, Lou Castel, Xavier Mathieu, Jana Bittnerova, … Sorti en salles le 26 septembre 2018.

 

La Favorite, de Yórgos Lánthimos

Angleterre, début du XVIIIe siècle. Le royaume est en guerre contre la France, appauvrissant davantage une population vivant déjà dans la misère avec la mise en place de taxes supplémentaires. Mais la cour, enfermée dans son palais d’ivoire (une tour ne suffirait pas), est bien loin de cette réalité et occupe son temps en se divertissant selon les us et coutumes – et surtout les extravagances ! – de l’époque. Entraînement au tir sur volatiles, fêtes en tout genre réunissant l’aristocratie, courses de canards, ou de homards (si si !), sans oublier le lancer d’oranges sur cible mouvante uniquement affublée d’une perruque. De toutes ces joyeusetés,  la reine Anne – dernière souveraine de la dynastie Stuart – ne peut que rarement profiter. D’une santé fragile, autant d’un point de vue psychologique que physique, celle-ci passe le plus clair de ses journées dans sa chambre en compagnie de ses dix-sept lapins. Et de sa plus fidèle amie et conseillère, Lady Sarah Churchill, qui gouverne le pays à sa place. L’arrivée d’une nouvelle servante – Abigail Hill, une cousine de Lady Sarah – va rapidement bouleverser les relations entre la souveraine et sa favorite.

Bien loin des films en costumes tels que le Marie-Antoinette version Coppola ou les diverses adaptations sur grand écran de Tolstoï et Jane Austen, néanmoins très réussis mais aussi classiques sur le fond que sur la forme, La Favorite dynamite le genre policé de ces films historiques. En lieu et place des plans à l’esthétique aseptisée dont le but est de mettre en valeur de beaux décors et de beaux costumes baignant dans une belle lumière, le style Lánthimos propose une mise en scène anxiogène. S’il ne néglige pas pour autant toute cette beauté de l’époque (décors, costumes et jeux de lumière sont somptueux), il l’installe dans un huis-clos quasi permanent au sein du Palais de Kensington et la pare d’atours aussi baroques qu’opulents. Le grandiose se mêle au grotesque, la trivialité au raffinement. L’utilisation d’une bande-originale dissonante et d’une caméra fish-eye venant déformer les perspectives parachève ce sentiment d’étouffement, tant pour le spectateur que pour la reine et ses favorites, prisonnières de cet environnement autant que de leurs relations. Un tour de force qui dérange autant qu’il a su nous séduire.

La Favorite, réalisé par Yórgos Lánthimos. Avec Olivia Colman, Rachel Weisz, Emma Stone, Nicholas Hoult, … Sorti en salles le 6 février 2019.

 

Sergio et Sergei, de Ernesto Daranas

Dans Sergio et Sergei, Ernesto Daranas s’inspire de l’histoire vraie du cosmonaute Sergei Krikalev resté onze mois dans la station spatiale Mir lors de la mission Soyouz TM-13 durant l’année 1991 en plein effondrement de l’URSS. Le dernier cosmonaute soviétique entre en contact, grâce à sa radio et par hasard, avec Sergio un radioamateur et professeur de philosophie marxiste à La Havane. Depuis Cuba, Sergio décide d’aider Sergei à regagner la Terre. Tous deux vont se lier d’amitié et se trouver des points communs pour affronter les changements majeurs de leurs pays respectifs. 

Sergio et Sergei est un film sur la rencontre de deux univers. D’un côté Cuba et sa capitale La Havane, filmée en plan aérien, ce qui nous permet d’admirer les couleurs de ses magnifiques paysages, mais aussi l’extrême pauvreté et ce qui en découle, les coupures d’électricité, le manque d’eau et de nourriture. Sergio, vivant difficilement avec son maigre salaire de professeur, fait de la petite contrebande de rhum et de cigares. A l’opposé de cette minuscule île qu’est Cuba, la station spatiale Mir symbolise l’immense Union Soviétique d’où vient Sergei, astreint à rester au-dessus de la Terre avec comme seule occupation les discussions avec son homonyme cubain, Sergio. Enfin, lorsque l’on parle de Cuba et de l’URSS, les Etats-Unis ne sont jamais bien loin. Peter (interprété par l’excellent Ron Perlman), radioamateur lui aussi, va aider son ami cubain. Bien que le sujet choisi puisse s’y prêter, à aucun moment le film ne prend une tournure dramatique. Il assume de bout en bout son statut de comédie. Et qui plus est une comédie rafraîchissante, remplie de poésie et dont la bonne humeur – si l’on en croit Youri – fait un bien fou !

Sergio et Sergei, réalisé par Ernesto Daranas. Avec Tomas Cao, Hector Noas, Ron Perlman, Yuliet Cruz, A. J. Buckley, … Sorti en salles le 27 mars 2019.

 

Parasite, de Bong Joon-ho

Dans les bas-fonds de Séoul, la famille de Ki-taek tente de survivre parmi l’humidité et les cafards de leur entresol, au gré de petits boulots et multiples combines. Grâce à l’un de ses amis d’enfance, le fils – Ki-woo – réussit à s’introduire chez la richissime famille Park afin de donner des cours particulier d’anglais à leur fille. Grâce à une certaine ingéniosité (et surtout à beaucoup de mensonges), il parvient à faire entrer le reste de sa famille au service des Park, sans que ceux-ci ne se doutent de leurs liens de parenté. Tout semble sous contrôle. En apparences seulement…

Parasite est un film de genres. De genres au pluriel. Et c’est bien là tout le génie du cinéaste Bong Joon-ho qui, tel un jongleur, manie les styles sans que rien ne rencontre le sol un seul instant. Cette œuvre, d’une maîtrise formelle touchant à la perfection, débute à la manière d’une comédie de casse. À mesure que les indigents pénètrent chez les nantis, la satire sociale s’installe et sa problématique n’est pas uniquement sud-coréenne. Elle est universelle. Quoi que l’on fasse, où que l’on aille, la lutte des classes est omniprésente dans toute son injustice. Une injustice qui se passe de mots pour passer simplement par une image : un orage, vécu comme une bénédiction par ceux d’en haut tandis qu’il inonde les entresols, emportant avec lui le peu que possèdent ceux d’en bas. Sans que l’on ne voit jamais rien venir tant la mise en scène orchestrée par Bong Joon-ho est dénuée de fausses notes, Parasite bascule encore : vers le drame, puis le thriller, … et finalement dans l’horreur. Celle d’un engrenage implacable, aboutissement de toutes les finesses du scénario distillées ça et là par le cinéaste virtuose. D’une intelligence folle, tant d’un point de vue formel que vis-à-vis du sujet qu’elle aborde, cette œuvre prodigieuse mérite amplement selon nous sa Palme d’Or décernée à l’unanimité du jury.

Parasite, réalisé par Bong Joon-ho. Avec Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong, Jang Hye-jin, Choi Woo-sik, … Sorti en salles le 5 juin 2019.


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