La WiiU a un besoin désespéré de bons jeux. Les éditeurs tiers boudant manifestement une console qui n’a pas convaincu, Nintendo déploie donc, les unes après les autres, ses licences propres, pour tenter de corriger le tir. En l’occurrence, ici, big N s’est adjoint les services de Retro Studio, les auteurs de l’excellent Metroïd Prime, pour frapper fort.
Donkey vit sur une île paradisiaque, ce qui inclut soleil, plage et tequila. Mais voilà que les Frigoth (je vous le dis, j’adore ce nom), des barbares venus du Nord, décide d’emmener dans leurs bagages un temps à ne pas mettre un breton dehors. Donkey va donc demander des comptes au chef des envahisseurs, ce qui constitue, à n’en point douter, un scénario d’une puissance sans limite.
Prise de risque limitée dans ce Tropical Freeze? Toujours est-il que les premières minutes font immédiatement penser à Donkey Kong Returns en HD. On reste sur un jeu de plate-formes dont on s’aperçoit avec soulagement qu’il a maintenu le niveau d’excellence de son prédecesseur, en particulier en ce qui concerne le level design qui s’il ne rivalise pas nécessairement avec un Rayman offre tout de même des morceaux de bravoure remarquables et offre tout au long de l’aventure un niveau une qualité de tout premier plan. On retrouve au passage le cahier des charges de la série : embranchements multiples, passages secrets, chariots, tonneaux, et j’en passe
Et vous allez en baver ! Comme on en bavait dans les années 90 les jeunes ! Avec deux pauvres coeurs et vos objets récuperés chez Cranky, et un acolyte à choisir parmi les larrons habituels à savoir Diddy, Dixie et Cranky, justement, vous allez passer quelques moments épiques à refaire encore et encore un niveau coriace. Fort heureusement, chaque Kong vous offre un petit bonus, comme rebondir sur des obstacles, voler ou sauter plus haut. Et évidemment, chacun impactera différemment les affrontements avec les superbes boss, ce qui permet d’envisager plusieurs stratégies. Peu d’innovations, mais toujours cette fraîcheur dans le gameplay qui renvoie aux autres opus de la série avec un plaisir non dissimulé. Tout répond au doigt et à l’oeil, les commandes sont réactives au possible, et surtout tout est simple dans le gameplay, parce que Retro, même agissant pour le compte de Nintendo, a fait ce que beaucoup n’osent pas faire : le jeu n’utilise pas la mablette. Pas du tout. Alors bien sûr on peut jouer sur son écran quand la télé est réquisitionnée, mais c’est vraiment tout. Dans ces conditions, on peut voir cela comme un constat d’échec de la mablette s’il en était encore besoin, mais il faut bien reconnaître que le jeu, en se débarrassant de tout ce qui est accessoire, se concentre sur le fun. Là encore, comme dans les années 90. Encore une goutte de nostalgie, et je chante du Cabrel, vous êtes prévenus.
Et heureusement, d’ailleurs, que le gameplay est aux petits oignons, car à travers six îles, force niveaux et niveaux cachés, et autres petits secrets, vous allez avoir du boulot pour faire le tour de la question ! Cela dit, quel plaisir que d’évoluer dans ces univers aux couleurs chatoyantes, ces environnements toujours magnifiques, le tout sans le moindre souci technique et avec un gorille qu’on dirait tout droit sorti de la brume (attention, référence). Pas la moindre ombre au tableau, nos singes se déplaçant gracieusement dans un véritable régal pour les papilles, et je ne vous parle même pas des niveaux sous-marins, bluffants.
Au rayon des nouveautés, on notera avec plaisir l’amusant « Pow-Kong » qui, au bout de 100 bananes collectées, transformera tous les ennemis en loot. Amusant, sans être sensationnel. Et c’est à peu près tout…
Donkey Kong, le jeu parfait ? Hélas non. Non car, d’une part, les innovations ne sont donc pas légion, ce qui semble être le mal du moment, tellement les éditeurs ont peur de prendres des risques.
Non car l’inertie de DK, bien connu des joueurs de Mario depuis toujours, pourra rebuter les jeunes joueurs.
Et non encore car la difficulté est, par moments, stupide. Les combats contre les boss, par exemple, sont beaucoup trop longs. Et surtout, certains niveaux imposent littéralement une progression par l’échec, et ce pour deux raisons : d’abord une difficulté, donc, parfois franchement énervante, et ensuite des checkpoints qui ont été placé par un stagiaire toxicomane. N’importe où, n’importe comment, et rarement là où on les espère. On voit bien la volonté de proposer une expérience aux joueurs hardcore (ce qui, à mon sens, sur la Wii U, est une erreur), mais les truchements employés paraissent inappropriés…
Enfin, je ne parlerai pas du mode coop, par charité. Non, non, n’insistez pas, je ne vous dirai pas tout le mal que j’en pense, simplement que c’est un coup à courir après un copain en lui disant « non mais pardonne-moi au départ je pensais que ça allait être sympa » après qu’il a encastré sa manette dans votre télé avant de quitter la pièce. Tout est dit.