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A Bordeaux : Une conversation avec l’art, ça vous dit ?

C’est hier que le Groupe des cinq a lancé la 2nd exposition de sa trilogie de « Conversations » initiée en avril 2012 et présentée aux Glacières de la Banlieue à Bordeaux. Ces « Conversations » sont trois expositions qui mettent en scène des artistes qui travaillent un même élément, mais dont les approches sont différentes. Un débat est ainsi organisé autour de ces oeuvres et de ces matières, en présence et animé par les artistes, le commissaire de l’exposition, un média et un critique d’art.

La finalité de ce mouvement est bien de rapprocher le public de l’artiste, de lui ouvrir les portes de son imaginaire, de l’inviter à y entrer et, surtout, de lui donner les clés qui lui permettront d’appréhender son univers tel qu’il le conçoit.

La trilogie imaginée par le Groupe des cinq propose une ouverture sur l’art, un échange direct autour de trois thèmes:

  • Conversation avec la lumière, qui mettait en scène la photographie et a eu lieu en avril.
  • Conversation avec l’image, autour de 4 peintures d’artistes différents, l’exposition qui a lieu jusqu’au 1er août et que vous présente MaXoE aujourd’hui.
  • Conversation avec la matière, une exposition sur le design que vous pourrez découvrir du 12 septembre au 9 novembre 2012.
 

 
Peinture, conversation avec l’image

Sous la supervision de la commissaire d’exposition Katia Feijoo, cet entretien d’un peu plus d’un mois autour du thème de l’image, présente l’oeuvre de quatre artistes bien distincts : Jean-Marc Comby, Luc Détot, Thierry Le Baler et Nathalie Si Pié.
Chacun possède un univers qui lui est propre. Chaque oeuvre présentée, que chacun a été libre de mettre en scène comme il l’a souhaité, a sa propre vibration, une énergie différente, un message que le visiteur curieux ou circonspect peut interpréter comme cela lui chante ou, au contraire, repousser les limites de voir et paraître en échangeant avec l’artiste pour partager un point de vue, une idée, une vision.
Excepté Thierry Le Baler qui travaille en Bretagne, les trois autres peintres sont tous originaires et résidents bordelais.

Cette trilogie d’exposition est à l’initiative du Groupe des cinq. Créée en 1992, l’association le Groupe des cinq promouvoit l’art contemporain, autour de performances, différentes interventions d’artistes et expositions. Très proche des artistes de la région, l’association soutient les acteurs artistiques d’Aquitaine en les aidant à développer leurs projets, et se mobilise également pour la défense du patrimoine architectural en Aquitaine.

 

 
Nathalie Si Pié, une artiste pixelisée

Nathalie Si Pié présente « Face B… les automates« , une série de près d’une quinzaine de petits tableaux carrés sur un mur blanc presque immaculé. Réalisées à base de crayon lavis et d’acrylique, les toiles représentent des visages de poupons, dont certains ressemblent à s’y méprendre à de véritable visage d’enfants. Une partie de leur visage est occultée par de gros pixels.
Des enfants, des poupons… qui se cachent par jeux ou par censure, qui fuient ou au contraire semblent tenter de masquer leur vilenie. Car les oeuvres de Nathalie Si Pié ont beau représenter des automates aux visages d’enfants, certains d’entre elles mettent mal à l’aise et ne ressemblent en rien aux traits de gentils petits enfants angéliques.

L’artiste a gentiment accepté de nous accorder quelques minutes pour expliquer sa vision de son travail, son univers et ce qu’elle a voulu entreprendre avec ce monde de poupons pixelisés.

MaXoE : Lorsqu’on regarde vos toiles, on a du mal à se décider sur les visages qu’elles représentent. Votre travail est intitulé « Face b, les automates… », on se doute donc qu’il s’agit de poupées. Malgré tout certaines laissent perplexes tant elles ont des allures d’enfants.

Nathalie Si Pié : Effectivement, il y a aussi une « face b » dans l’oeuvre. J’ai choisi de présenter un regard critique sur les réseaux sociaux dans lesquels il y a du bon et du moins bon, avec tout ce qu’on peut imaginer derrière. Il y a donc à la fois des visages sympas et d’autres plutôt inquiétants. C’est justement le côté de la face b, ce danger qui peut être incarné dans ces réseaux sociaux. Ce thème est d’actualité et me laisse songeuse sur bien des aspects. Je suis issue de la tendance artistique gémométrique, c’est depuis peu que j’amène l’aspect abstrait et figuratif dans mon travail. Ce jeu entre présence et absence… qu’est-ce qu’on montre et qu’est-ce qu’on cache aux autres, qu’est-ce qu’on s’avoue et qu’est ce qu’on se cache à soi même. Le spectacteur ouvre les champs du possible sur cette face cachée/montrée, qu’est-ce qu’on montre sur ces réseaux, qu’est-ce qu’on veut bien montrer, qu’est-ce qu’on cache.

Il faut faire avec les réseaux sociaux, il ne faut pas dire « on ne doit pas y aller ». Moi je n’y vais pas, mais ça m’intéresse d’ouvrir ma petite lucarne de peintre pour voir comment je peux interprétrer cette évolution de la société. Et justement, j’ai choisi des poupées et automates parce qu’il y a un peu d’innocence dans les réseaux sociaux. Un peu toujours les mêmes choses sont dites… ils possèdent un côté automate. C’est un regard critique mais aussi un peu naÏf. Les réseaux sociaux ont l’air bon enfant mais pas tant que ça en définitive.

MaXoE : Le débat qui a précédé le vernissage du 28 juin était une première pour vous ?

Nathalie Si Pié : C’est pas notre truc, à nous les artistes, de débattre ainsi. On est dans notre atelier, on n’est pas des communicants, on a pas l’habitude. Mais le débat s’est bien passé. On a pu présenter notre travail, un peu trop brièvement peut être, mais c’était intéressant. On a pas l’habitude d’aller au contact et de parler du fond de notre travail. C’est un bon exercice, d’ailleurs la vidéo de la conférence passe en boucle pendant toute la durée de l’exposition, pour ceux qui n’ont pas pu y assister…

MaXoE : Quelle est la suite des évènements après cette Conversation avec l’image ?

Nathalie Si Pié : Je vais poursuivre mon travail autour de l’idée de pixel qui est plutôt récente. J’ai fait des grands formats, même si j’ai choisi ici de présenter des petits. J’ai envie d’aller plus loin, d’approfondir.
C’est un travail en devenir, dans les mois à venir pour l’instant le programme c’est le travail dans l’atelier !

 

 

Outre le travail coloré des deux toiles que présente Thierry Le Baler et l’univers plastique multiforme très intéressant de Luc Détot, le travail (visuel ci-dessus) présenté par Jean-Marc Comby m’a particulièrement impressionnée.

L’artiste travaille le motif, l’humain, l’animal… sur des toiles souvent immenses, qui donne l’impression de n’être qu’une particule de poussière face à un travail aussi démesuré. Les oeuvres de Jean-marc Comby laissent un sentiment, presque amer, de profonde interrogation. Une perplexité qui ne peut sans doute trouver d’issue qu’en tranchant véritablement pour un avis ou l’autre, ou en discutant avec l’artiste. Car il y a du cynisme dans ses toiles, mais aussi et surtout une profonde impression de ne savoir sur quel pied danser, de ne pas réussir à définir une bonne fois pour toute si l’oeuvre est volontairement malsaine ou simplement satyrique, si cet homme sourit parce qu’il est heureux ou si cette façade n’est qu’un masque dont on ne sait ce qui se cache derrière.
L’art n’est intéressant que lorsqu’il renvoie vers une émotion forte. La peine, l’euphorie, le rire, l’angoisse, la peur, le questionnement… en sont quelques exemples. En cela et par, à travers sa technique, l’oeuvre présentée par Jean-Marc Comby à l’occasion de cette Conversation avec l’image, ne laissera personne indifférent.

Peinture, Conversation avec l’image
Exposition du 28 juin au 1er août 2012

Les Glacières de la banlieue
121, avenue Alsace Lorraine, 33200 Bordeaux
05 56 08 08 88

Entrée libre et gratuite de 9h à 12h et de 14h à 18h du lundi au vendredi


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