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Le M.O.N.A de David Walsh en Tasmanie: ‘Sex and Drugs $25’ (And that’s just the art)

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La première chose que l’on aperçoit quand on débarque à l’aéroport d’Hobart est une bien étrange publicité. Un énorme panneau noir et rose qui fait la promotion d’un endroit mystérieux : « SEX AND DRUGS 25 $, and that’s just the art ». Promu dans un aéroport international, forcément ça interpelle. Mais de quoi s’agit-il ?

D’un des endroits les plus atypiques de la Terre. Tout simplement.art-Mona-Tasmania-3-620x349

Il est toujours difficile de décrire le MONA (Museum of Old and New Art). On ne sait pas vraiment par quoi commencer. Doit-on présenter les œuvres subversives qui s’y trouvent ? Doit-on décrire l’île-musée, casse-tête architectural ? Doit-on  dévoiler l’expérience unique d’errer 30 mètres sous terre et passer d’une salle secrète à une autre ? Enfin, faut-il évoquer le génie fou, le gourou philanthropique qui en est à l’origine ?L1080326Depuis sa création en 2011, cet endroit fascine et surprend car il a su bouleverser tous les codes et toucher autant les cercles les plus privés de l’art contemporain que le badaud de passage. Il s’agit du musée de tous les superlatifs, de tous les paradoxes, de toutes les bizarreries. L1080345L’histoire de sa création est toute aussi étonnante que son créateur, David Walsh,  milliardaire autiste atteint du syndrome d’asperger. Passionné de probabilité et de statistiques, il crée un algorithme très pointu au black-jack et devient multi-millionnaire, se fait bannir des casinos du monde entier puis décide d’appliquer son système dans les courses de chevaux.1Amona_20120106222529404629-600x400David Walsh est une des figures les plus emblématiques d’Australie, l’histoire du gamin pauvre qui devient Dieu, tout en restant humble.

Ci-dessous la place de parking de David Walsh et sa femmeL1080536Oui, car même si le musée est un succès critique (cité comme un des endroits les plus intéressants à voir dans le monde par le Lonely Planet) et commercial (1 million de visiteurs), il perd tout de même 6 millions d’euros par an.

L’entrée souterraine du MONA : 

L1080505Aucun souci. Même si David Walsh habite une partie du temps dans les lieux (qui accueillent aussi plusieurs bars, une salle de concerts et des chambres perchées au-dessus de l’eau), on raconte que des mathématiciens, chercheurs, analystes et  bien d’autres continuent de parier pour lui aux quatre coins du monde, en perfectionnant le système qu’il a créé. Lorsque le fisc australien lui réclame 37 millions sur ses gains aux jeux, il riposte en soutenant que le M.O.N.A est une manière de dédommager le pays en investissant dans la culture pour tous. Personne n’a pu le nier. Pas même le fisc qui s’est incliné. L1080529Le seul problème avec le MONA, c’est qu’il ne se trouve pas à Londres, New York ou Paris. Non, il se trouve en Tasmanie, au Sud de l’Australie, sur une île privée, où l’on peut se rendre en bateau, en hélicoptère ou en hydravion.L1080558 Alors, soit vous habitez à Hobart, soit vous êtes de passage en vacances, soit vous êtes vraiment très passionné d’art et vous dépensez 2500 euros et passez 28 heures dans l’avion. Le musée est à la fois inaccessible par son positionnement géographique mais s’ouvre à tous les genres et à tous les âges. Fin spécialiste ou simple curieux, la visite de ce lieu est forcément marquante.  L1080409Que ce soit l’énorme cube en verre posé sur l’eau qui sert à acheter ses billets, le bateau street art où on est assis sur des moutons, les oeuvres aux dimensions improbables que l’on aperçoit en arrivant sur l’île, ou les 99 marches qui mènent à l’entrée souterraine, on est déjà plongé dans l’art avant même d’être entré dans le musée.

Les sièges du bateau :

20150313_170101La boutique du MONA à Hobart :

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Mais oublions les endroits poussiéreux, élitistes, moroses et froids. Le M.O.N.A ne se prend pas au sérieux et c’est en partie ce qui en fait son intérêt. Le but est de vulgariser l’art, de le dédramatiser, de décoincer chez le visiteur cette peur coupable et ridicule de ne pas être capable de comprendre un artiste ou une oeuvre.L1080483L’art ne peut-il pas être provocateur, drôle, ingénieux et beau tout en étant simple et humble ? Quelque chose n’a pas toujours besoin d’être complexe pour être génial, et c’est cette réflexion que partage l’endroit.L1080517Même s’il faut admettre que le musée possède aussi son lot d’oeuvre parfois plus sombre et inaccessible pour ceux qui auraient du mal à digérer l’art contemporain, soyez rassuré, si un montage vidéo en sept dimensions dans le noir complet vous a fracassé le cerveau, il est possible de faire une pause en buvant un whisky entre deux murs de granite tout en écoutant les explications données par l’Ipod distribué à l’entrée.L1080422

Celui-ci est équipé d’un GPS et décrypte votre environnement en fonction de là où vous êtes. Mieux encore, à la fin de chaque oeuvre, il vous propose de dire si vous avez apprécié ou non. A l’inverse d’un musée classique, aucune oeuvre n’est décrite ou signée, elles sont simplement posées sur le sol, nichées dans des pièces que seuls les curieux trouveront, ou accrochées sur les murs. Ou les trois en même temps. L1080440Après avoir passé plus de 5 heures dans l’ombre entre d’épais murs de pierre, on continue de plonger sous terre, à se balader de salle en salle. Un flipper qui fonctionne aux liquides humains, une gamine dans une boîte, une Porsche qui a fondue au soleil, mille moulures de vagins, une chambre noire remplie d’eau où sont posés deux authentiques sarcophages égyptiens.L1080432

Enfin, la fresque de 46 mètres de long dans la pièce principale (et j’en passe)… Ce qu’on y voit est toujours étrange, dérangeant, tordu, parfois macabre, souvent malsain, toujours brillant. L1080425Quand on sort du labyrinthe souterrain après avoir passé des heures sous terre entre sexualité, mort, drogue et mysticisme, on peut s’échouer dans un jardin perché au-dessus de la mer en commandant un verre de vin issu du domaine viticole qui se trouve sur l’île, et donc aussi propriété de David Walsh, viticulteur avant d’être collectionneur.L1080537

On entend alors souvent la réflexion suivante de la part des personnes ayant fini la visite : « It blew my mind » . Forcément, on se trouve sur une île, elle-même située sur une île, elle-même rattachée à une autre grande île, dans un dédale sombre et profond où des œuvres tordues vous questionnent sur votre condition humaine et la folie qui nous guette. Et pourtant c’est drôle, divertissant, culturel, intelligent et surtout très beau. L1080375Les médias et les critiques ont souvent décrit le MONA comme « un Disneyland subversif pour adultes ». Impossible de nier ce propos. Ce lieu est une expérience de vie, un chef d’oeuvre architectural, un temple oisif au dixième degré où il est interdit de se prendre sérieux.L1080352Dans une interview, David Walsh a dit la phrase suivante:

La vie est parfois tragique mais elle n’est jamais grave.

Si on devait résumer le MONA, c’est avec ces mots. Dans un périple, cette phrase reste dans un coin de la tête comme une petite fée qui vient vous rassurer dans les moments d’adversité. Les informations sont tragiques, les humains sont tragiques, la guerre, la pauvreté et la maladie sont tragiques, et le monde est lui aussi tragique. 

Mais jamais rien n’est grave. Donc pourquoi être si sérieux ?

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