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La Nouvelle-Zélande, entre émerveillement et lassitude

Dans l’avion au départ de Sydney, je me fais la réflexion que je connais finalement assez peu de choses sur la Nouvelle-Zélande. J’ai entendu parler des maoris, du rugby, des paysages magnifiques et de ses nombreux moutons. Cependant, si on me demandait comment définir la culture Néo-Zélandaise, je dois admettre que je n’aurai pas grand-chose à développer mis à part ces quelques clichés.

20150401_151840 La Nouvelle-Zélande est un miracle économique. Entre 2008 et 2011, en pleine crise mondiale, elle passe de la 21ème à la 3ème place des pays les plus développés au monde. Peu importe où vous vous trouvez, le cadre de vie se veut relativement idéal.20150324_144657 Wellington, la capitale

On le ressent très rapidement en arrivant à Wellington, ville considérée comme « petite capitale la plus agréable à vivre sur Terre« . Un front de mer qui entoure la ville, un vieux centre, des petits bars, cafés, pubs, librairies. Tout est mignon, tout est sympathique, tout est simple. Et puis on s’ennuie aussi.20150324_150644 La capitale Néo-Zelandaise représente le premier moment, après trois mois de voyage, où je me suis fait cette désagréable réflexion : « Tiens, je m’ennuie là. » Wellington est agréable à vivre, certes, mais il faut avouer qu’il n’y a pas non plus grand-chose à faire. Quand le Lonely Planet vous dit « Allez voir le musée de la pêche, c’est un immanquable ! », ça annonce déjà la couleur sur l’étendue de fun que peut proposer la ville.20150324_144645Devant le constat de cette morose situation, je prends une décision radicale et totalement stupide : demander au type de l’accueil de l’auberge de jeunesse de choisir pour moi la suite de mon itinéraire ainsi que le logement et le moyen de transport. Après tout pourquoi pas. J’ai soif d’aventure et d’imprévu, et un local saura sans aucun doute m’envoyer dans les coins les plus cools du pays.20150324_160922 J’arrive le lendemain à l’accueil et lui demande de me donner uniquement mon ticket de bus et l’adresse de l’hôtel. Il me prend pour un fou mais peu importe, je suis content à l’idée de voguer vers l’inconnu. Sur le chemin, je profite enfin des superbes paysages parsemés de collines irrégulières, de montagnes vertes et de grands lacs où se reflètent le ciel bleu.20150327_113531 Wanganui, la ville de l’angoisse

J’arrive à Wanganui, une ville vraiment très calme où il n’y a pas beaucoup d’âmes au mètre carré. Je questionne la fille de l’office du tourisme sur les possibles activités disponibles ici. « Ah, si vous avez déjà fait le chemin de la gare jusqu’ici, vous avez à peu près tout vu ! » me répond-elle d’un air gêné. 20150325_184309Je suis de plus en plus inquiet sur ce que je vais pouvoir faire les deux prochains jours mais le pire m’attendait juste après. Je me dirige vers l’auberge qu’on m’a louée sans avoir eu aucune info sur cette dernière. J’arrive devant une maison hantée qui me fait franchement froid dans le dos. Immédiatement, je pense au motel de Norman Bates dans Psychose. Oui, cet affreux manoir avec une annexe devant et une maison baroque derrière où dort le propriétaire.Une-petition-pour-sauver-la-maison-de-Psychose_portrait_w532 Je me rassure en me disant que c’est juste la maison qui est inquiétante, mais que l’aubergiste est sûrement sympathique et que plein de jeunes sont déjà là en train d’animer l’endroit. Je passe la porte du lobby. Un silence de mort. Des couloirs sombres avec une tapisserie rouge sang. Une odeur de moisi. Des vieux lustres abîmés qui clignotent. Je suis amusé par cette situation insolite, mais j’ai un peu peur aussi. Une silhouette s’approche dans l’ombre à côte d’une immense horloge en bois. Bien entendu, l’homme boîte, un œil m’observe et l’autre se balade dans son orbite. En fait, il cumule tous les attributs du personnage angoissant.

« Zetes qui vous ?! Veux personne chez moi ! Qui vous envoie ! » me lance-t-il en grognant. Je lui explique que j’ai une réservation effectuée à Wellington et que je suis là pour deux nuits. Finalement, il accepte de m’héberger et me fait visiter les lieux. Agressif, menaçant, méprisant et moqueur il fera globalement tout pour que je me sente le plus mal à l’aise possible. Bien entendu, il n’y a pas âme qui vive. Je vais devoir passer la nuit seul dans ce lugubre endroit avec un malade mental qui dort dans le manoir derrière. Mais la chambre a été prépayée et il est déjà trop tard pour chercher un autre endroit. Je veille jusqu’à 3h du matin de peur de me prendre un coup de poignard en plein sommeil ou dans ma douche. Psychose-1960-Movie-Picture-01 Le lendemain, une pluie battante cogne sur les vitraux. J’ai froid, il pleut, je n’ai rien à faire et le tenancier revient m’agresser : « Ce n’est pas normal de dormir jusqu’à 12h à ton âge, tu n’as pas intérêt à louper le check-out demain ! Moi je t’ai observé dans les caméras cette nuit et hier soir tu dormais pas à 3h du matin, tu respectes pas le règlement ! » A ce moment précis, j’hésite à l’assommer avec la chaise de bureau, puis je me dis que c’est dommage de terminer en prison alors qu’il me reste encore trois mois de voyage. Je me tâte à argumenter avec l’individu puis je me dis qu’il est inutile de dialoguer avec un fou. J’attrape ma valise et quitte l’endroit sous la pluie, à la recherche d’un endroit où dormir. Pour la première fois depuis le début de mon voyage, je me sens seul. 20150326_164000 Cette journée fut l’unique mauvaise journée de mes six mois de voyage. Une journée d’ennui, de problèmes et de solitude. Après avoir trouvé un autre endroit où dormir, je raconte ma mésaventure à l’office du tourisme, et ces derniers me jurent de m’aider à préparer un incroyable itinéraire pour la suite de mon voyage, pour s’excuser au nom de la ville.20150325_145122 Promesse tenue. Les jours suivants furent parmi les plus passionnants de mon voyage. Comme un enfant qu’on console, la gentille dame me demande : « Est-ce que tu aimes le Seigneur des Anneaux ? Est-ce que ça te dirait d’aller visiter les lieux de tournage du film comme le Mordor et la Comté ? C’est possible, on peut organiser ça ensemble si tu veux. »

Tangarino volcano, le défi d’une vie

Le lendemain, j’arrive dans une toute petite ville où le ciel ressemble à celui du film Toy Story et ou un inquiétant volcan noir trône au loin. Ce volcan, c’est l’unique activité des environs. On vient ici uniquement pour le grimper. Il s’agit du Tangarino National Trail, une randonnée de sept heures autour d’un site où les éruptions volcaniques sont toujours très actives.L1090013 La tenancière du lodge me briefe sur ce qui m’attend demain. Il faut préparer beaucoup d’eau, beaucoup de nourriture, louer des chaussures de randonnée, avoir des vêtements chauds, une bonne nuit de sommeil et un mental d’acier. Je ne possède rien de tout ça dans mon sac à malices mais je prends la journée pour récolter ce que je peux, et prends conscience que je n’ai absolument pas le niveau pour ce genre de truc. Mais je sens que j’en suis capable. Ça s’annonce dur mais il s’agit d’un défi personnel.L1090010L’heure du rendez-vous de la navette pour se rendre au pied du volcan est déjà un énorme challenge en ce qui me concerne : 6h du matin. A 5h55, je suis toujours dans mon lit. A 6h01, je suis un zombie en pyjama qui s’habille dans le bus. Tous les autres touristes sont prêts comme s’ils faisaient ça tous les jours, et tout le monde est hilare en me voyant mettre mon pantalon avec peine. Je suis cependant content de les avoir fait marrer à une heure aussi matinale.20150327_154319 Un Néerlandais me propose de faire le trek avec lui. Je me dis que c’est plus prudent et plus motivant d’avoir de la compagnie pour les prochaines heures qui vont suivre. Pendant le trajet, on aperçoit le lever de soleil derrière le volcan, une couronne de brume accrochée à sa roche tranchante.L1090033 Sept heures de marche à pic. Alternant entre froid, pluie et sol instable. Émerveillé par les déserts de sable et de rocs. Éreinté par les crampes et le vent battant sur le visage. Le corps qui hurle « Arrête toi ! » et l’esprit qui répond « T-en est capable ! ». L1090120 Cette randonnée de 23 kilomètres représente le plus grand accomplissement personnel de mon voyage. Je me souviens encore de cet état second où je ne suis même plus capable de parler mais que mes jambes continuent d’avancer dans un effort où chaque pas est une étape de plus.L1090096 Arrivé en haut, j’exulte. J’y suis arrivé. J’ai du mal à respirer, je sais que je ne pourrai plus marcher demain, mais je me sens profondément vivant. Au milieu de cette atmosphère lunaire, j’aperçois au milieu des nuages un rocher qui se prend pour le sommet du monde. Je donne l’appareil photo à mon acolyte et lui crie « Prends une photo de moi dans les nuages ! »L1090113 Il reste encore 3 heures pour la descente. Mais je suis tellement à bout et trempé que je préfère en rire avec mon compagnon de galère. Je n’y vois plus rien, trébuche dans la boue, m’écorche les mains et les jambes, puis un panneau annonce la fin du calvaire dans deux heures. GOPR1886 C’est finalement presque en rampant que je termine le chemin. A l’arrivée, une cinquantaine de personnes sont allongés sur le sol en couinant de fatigue. La scène fait penser à un champ de bataille moyenâgeux où on vient achever les blessés.L1090147 En arrivant à l’hôtel, je sombre aussitôt dans un sommeil profond. Après avoir grimpé le volcan qui sert de décor au Mordor de Sauron, il est temps de se diriger le lendemain matin vers un autre décor du Seigneur des anneaux : Hobbinton, le plateau de tournage où le village de Hobbit a été reconstitué au millimètre.

Hobbinton, la féerie du Seigneur des Anneaux L1090166 Après 6 heures de bus au milieu de nouveaux paysages mystiques et époustouflants, j’atterris à Matamata, une petite ville dont l’unique caractéristique est d’être le point de départ pour le plateau de tournage du film de Peter Jackson. L’ambiance du film est présente partout, y compris l’office du tourisme qui est une maison de Hobbit. La veille de mon départ pour Hobbinton, je dors dans un petit motel où il m’arrive une anecdote plutôt loufoque.20150327_121412 En allant prendre ma douche dans la salle de bain commune, j’oublie la clef de ma chambre à l’intérieur sans m’en rendre compte. Je sors de ma douche, trempé, et me rend compte que je n’ai pas la clef. Je me cogne la tête contre le mur en comprenant que je vais devoir aller demander de l’aide à moitié nu et mouillé à l’accueil. Seul problème, il n’y a pas d’accueil dans ce petit motel et uniquement un petit écriteau « Après 20h, demandez à la personne au bar d’à côté pour TOUTES DEMANDES ». J’arrive donc en serviette au milieu d’un pub animé, mon shampoing à la main, en expliquant, bredouille, que je me suis enfermé dehors. Dans ce genre de moment, on se dit que l’intérêt de voyager seul, c’est que personne n’est là pour vous juger.L1090225 Le lendemain, j’arrive enfin au village de Hobbit. L’endroit est féerique, l’atmosphère du film est parfaitement reconstituée et aucun détail n’est oublié. Les guides sont des fanatiques de la trilogie et n’hésitent pas à donner un nombre de détails hallucinant sur l’univers de Tolkien. L1090252 Après avoir vu la maison de Frodon, on m’offre une bière au pub des Trois Dragons, comme au début de la communauté de l’anneau. La visite d’une heure et demie est particulièrement onéreuse mais vaut le détour, que vous aimiez le film ou non.L1090245 Le jour suivant, départ pour Tauranga, une station balnéaire qui concentre un peu tout ce qu’on peut trouver en Nouvelle Zélande : sport extrême, culture maoris, animaux sauvages, nature et randonnée.

Tauranga : l’authentique pays des kiwis 20150401_145534 Comme dans tous les endroits où je suis allé avant, c’est calme, c’est petit, et peu de gens sont dans les rues. A 17h, toute la ville se torche à la bière devant le cricket, et à 21h tout le monde est couché.20150401_160225 N’étant pas très chaud pour le base-jump et n’ayant pas les moyens de payer 300 dollars pour apercevoir une baleine, j’opte pour une balade sur les hauteurs de la ville, réputé comme ayant un des panoramas les plus sensationnels du pays.20150401_152412 Après un petit trek de deux heures, j’arrive au sommet d’où s’élancent des parapentistes. La vue est un des plus beaux paysages que j’ai pu voir dans ma vie. Un mélange des calanques de la Côte d’Azur, des fjords norvégiens et des collines vertes typiquement Néo-Zélandaises.20150401_153204 Je prends encore une fois la route pour la sixième et dernière étape de mon voyage aux pays des kiwis. Direction Auckland, ville la plus peuplée et centre économique du pays.20150401_154433 Auckland, la grande ville sans intérêt

Il n’y a strictement rien à écrire sur Auckland. Car il n’y a rien à raconter. J’ai passé quatre longs jours à faire absolument tout mon possible pour trouver des choses intéressantes à faire, en vain. La ville est très développée, très animée, très chinoise aussi. Certains voyageurs que j’ai pu rencontrer m’ont expliqué que c’était leur ville préférée. Je les crois même si je ne les comprends pas. 20150404_145123 Si la première ville du pays est plus ou moins agréable à vivre, elle n’a strictement aucun charme. Il est assez déplaisant d’avoir atteint l’endroit le plus loin de chez soi pour retrouver un centre-ville identique à celui de n’importe quelle grande ville de province française. La Nouvelle-Zélande est un pays sublime qui offre une grande diversité de choses à découvrir. Le cadre de vie est idéal, il est facile de se déplacer et beaucoup de voyageurs y trouveront leur compte. En fait, il s’agit d’un pays parfait et c’est peut-être ça le problème. Tellement parfait qu’il est en perd son charme et efface l’intérêt de sa culture. On apprécie l’explorer mais il ne vous touche pas. A force d’avoir trop voulu protéger sa qualité de vie, la Nouvelle-Zélande donne une étrange sensation en double teinte, entre émerveillement et lassitude. 20150403_155427 Ces derniers jours à Auckland, la ville me déplaît mais peu importe car mon esprit est ailleurs, il fourmille d’excitation. La Nouvelle-Zélande n’était qu’une étape dans mon objectif principal. Un pays « à faire », et que j’ai apprécié, mais qui ne m’attirait pas particulièrement. L’apogée de mon voyage arrive dans quelques jours et je ne pense plus qu’à ça : aller se perdre au bout du monde, dans les îles du Pacifique, pour réaliser un rêve d’enfant…


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