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La Tasmanie : l’improbable bout du monde

20150311_154529Me rendre en Tasmanie, c’est vraiment un vieux rêve qui se réalise. Enfant, je faisais tourner le globe terrestre pour aller à l’opposé de la France. Là, j’étais fasciné par la taille de L’Australie et surtout par la petite île qu’il y avait en dessous. Dans mon imaginaire, c’était vraiment le bout du monde. Autant d’un point de vue géographique que culturel : des animaux sauvages, des tribus cannibales, des volcans en éruption et des océans déchaînés. Dans mon esprit, plus c’était loin et plus c’était différent, exotique.  Une logique d’enfant qui a grandi en regardant Taz, ce dessin animé culte des années 90 où un diable de Tasmanie hyperactif dévaste tout sur son passage.

En grandissant, j’ai pris conscience que certains aspects de la Tasmanie étaient liés à mon imagination. J’ai fait des recherches et constaté qu’il y avait tout simplement des Australiens qui vivent là-bas, dans des maisons en pierre et qui roulent en voiture et mangent dans des restaurants. Il y a même un gouvernement, des enjeux politiques, économiques, etc…

Mais pas si vite, on ne nomme pas un territoire avec des noms aussi cools de manière anodine : Island of inspiration, Natural State, Terre de feu ?!20150315_134234

Oui, cette destination a dépassé toutes mes attentes de voyages lointains et cela sur beaucoup d’aspects auxquels je ne m’attendais pas. En plus de rencontrer des animaux sauvages et de profiter des plus beaux paysages du monde, la Tasmanie se passionne d’art, de festivals, de gastronomie et d’alcool. Honnêtement, que rêver de mieux ?

A mon arrivée dans la capitale, je suis accueilli chez Nat, une Australienne d’origine Croate qui a pris de la distance avec sa vie d’avant et a décidé de ne plus jamais quitter la Tasmanie, tellement sa nouvelle vie lui plaît. Célibataire sans enfant, elle passe ses journées à s’occuper des formalités pour accueillir les réfugiés en Australie. J’ai besoin d’à peine quelques instants pour comprendre rapidement pourquoi elle ne souhaite pas partir tout de suite d’ici.L1080537Déjà, l’air est tout simplement réputé pour être le plus pur au monde. Ensuite, la ville n’est pas immense, on peut d’ailleurs tout faire à pied, mais elle est pourtant loin d’être inanimée. Lorsque l’on est dans le centre, on a la mer devant soi et les montagnes tout autour. De multiples bars à vins ou à whisky, restaurants gastronomiques, galeries d’art et marchés bio sont disséminés un peu partout. A la fois moderne et branché, mais néanmoins vieille ville pavée et fleurie, Hobart fait indéniablement penser à des endroits typiques de Normandie comme Honfleur ou Trouville.20150312_155717La vie est paisible et calme, tout le monde se connaît et se salue cordialement. Dès 17h, les bars du port sont pris d’assaut et il est bien rare de ne pas voir les habitants qui en sont déjà à leur troisième bouteille de vin blanc. Si ce n’est pas le vin, c’est la bière. Car il faut le dire, les bières artisanales locales sont particulièrement reconnues et ont un goût unique. La diversité est à chaque fois improbable. Il m’est arrivé plusieurs fois de devoir faire un choix entre une trentaine de bières à la pression, parfois même fabriquées sur place et reliées directement au fût dans la même pièce.L1080568Le soir suivant, Nat me présente à son groupe d’amis qui a la quarantaine. On se retrouve dans un bar à whisky mythique qui tient les murs de la ville. Certains sont géologues, d’autre artistes-peintres, galeristes ou bien viticulteurs. Ils me font vaguement penser à une sorte d’élite intellectuelle australienne où le domaine d’activité et les opportunités sont vastes et forcément aisés pour ces derniers. L’un d’eux m’explique : « Tu vois, là j’ai 44 ans, je suis encore jeune, donc je vais faire une pause dans mon boulot de décorateur d’intérieur et je vais partir faire le tour de l’Amérique du Sud en moto avec ma femme. Quand je reviendrai, je vais reprendre mes études de psychologie parce que j’aime bien ça ! ». Ma réponse ensuite : « Alors tu vois en France, on ne fait pas ce qu’on veut comme ça, c’est assez mal vu de détourner un système scolaire antique et poussiéreux. Chez nous, quand tu as 16 ans, que tu sais pas encore qui tu es, ni ce que tu veux faire, on te demande de choisir si tu es un scientifique, un littéraire ou un économique. Ensuite, ton choix va définir ton diplôme final, et donc définir les études que tu vas faire, et donc définir ton boulot et donc définir ta vie. Si tu souhaites revenir en arrière à 40 ans, tu peux, mais peu de gens osent le faire. Tu sais, en France, même quand un système est absurde et prouve qu’il ne fonctionne pas, on a tellement peur que les gens gueulent face aux changements qu’on préfère encore ne pas y toucher. »

Hobart est une ville intéressante et agréable à vivre, mais son intérêt réside aussi dans le fait qu’elle peut être le point de départ pour les sites d’intérêt, les excursions et les réserves naturelles.L1080532Arrivé à l’office du tourisme, je réserve quelques excursions pour les prochains jours. La personne me conseille la descente du Mont Wellington en VTT. Je suis un peu sceptique sur la dangerosité potentielle de cette activité mais elle m’assure qu’il n’y a pas de soucis puisque je suis « Fit and young« . « Young » pourquoi pas. « Fit », tout est relatif après les bières et les pizzas que j’ingurgite depuis que je suis en Australie. Arrivé à l’excursion, je constate que je ne suis qu’avec des types suréquipés et surentraînés qui ont déjà descendu la montagne cent fois. « Ouais les gars on prend le col du vautour ou le chemin des gobelins aujourd’hui ? Bon j’espère que tout le monde a un bon niveau de VTT, y a des nouveaux aujourd’hui  ? » lance le chef du clan de bikers. « Euh, oui moi monsieur, mais je doute un peu de mon niveau en fait là, parce que y a quelques années je me suis quand même fait une double fracture à bicyclette, et je n’étais pas sur une montagne, mais sur une route de campagne quoi… » L1080657En bref, cette activité fut clairement le truc le plus dangereux que j’ai pu faire depuis le début de mon voyage. Il est juste inconscient de laisser des touristes descendre une pente raide de deux heures où le moindre coup de guidon vous précipite vers une mort certaine. Quand vous ne risquez pas d’aller dans le vide, vous pouvez vous prendre une voiture, et quand c’est pas la voiture, c’est éventuellement un arbre en forêt. Point de photo cette fois-ci, vous ne m’en voudrez pas d’avoir préféré garder les deux mains sur le guidon. 

Il faut cependant admettre que la vue depuis le haut du Mont Wellington était bien sympatique, et puis c’était quand même fort revigorant de respirer cet air frais et d’avoir un peu d’adrénaline.L1080645Le jour suivant, c’est l’excursion qui dure toute la journée. Celle où il faut se lever à 6h du mat. Au programme, du air walking, des grottes, des sources chaudes et du miel. Journée sympatique mais avec néanmoins beaucoup de route et d’autres personnes loin d’être funs : le genre touriste allemand de 60 ans qui porte des sandalettes en cuir, un énorrrmme appareil photo et une chemisette à manches courtes et qui me dit « Ich bin Friedrich, je adoorree les petits zanimaux et les très grosses arrbres ! » Bref, je me moque de lui puis je me dis que finalement je ressemblerai peut-être à Friedrich plus tard, parce que moi aussi j’aime bien les animaux et les arbres et que je voyage seul comme lui. 20150316_101441

L’air walking, ça consiste à se balader à 30 mètres au-dessus du sol grâce à des passerelles qui ont été placées en hauteur. C’est assez sympatique et je me suis bien marré à faire flipper tout le groupe en faisant balancer la structure quand il s’agissait du pont de singe.L1080715La grotte, c’est un endroit unique qui n’a pas bougé depuis des milliers et des milliers d’années. Un peu comme un voyage de classe de CE2, une vilaine maîtresse me dispute toutes les cinq minutes « Faut pas toucher la stalactite, ça les abîme ! Faut pas parler, ça résonne trop ! Monsieur avec les cheveux bouclés, vous n’avez pas le droit d’aller par là ! Merci de ne pas photographier les formations rocheuses ! »  Excepté cette bonne femme, c’était plutôt intéressant et pour ceux qui ont vu le Seigneur des Anneaux, on aurait dit une reconstitution parfaite de la Moria dans le premier opus. L1080741La piscine thermale consiste en une piscine chauffée par des sources d’eau chaudes. Ni plus ni moins. Et le miel consiste en une dégustation de dix sortes de miels différents dans une ruche artisanale. Rien d’intéressant à raconter si ce n’est qu’il était possible de nager dans la piscine et le miel avait le goût de miel.L1080710 En conclusion, une journée intéressante mais bien trop chère pour ce que j’ai vu. Surtout quand le guide vous arrête à 9h du mat devant une station essence pour que vous achetiez un sandwich triangle car le repas n’est pas compris dans la journée. 20150316_133523Le Dimanche matin, Nat me réveille en me disant : « Eh, ça te dirait d’aller dans une réserve naturelle pour caresser des koalas, voir des wombats, donner à manger aux kangourous et voir à quoi ressemble le diable de Tasmanie ? » 

Une minute plus tard, mon sac est fait et j’attends dans le hall comme un enfant qui va à Eurodisney pour la première fois de sa vie. « Et on y va comment du coup ? » demandais-je, voyant qu’il n’y a pas de voitures sur son parking. « Eh bien avec ma moto. Tu es déjà monté à l’arrière d’une vraie moto sur l’autoroute ? » « Euh non je crois pas, faut bien s’accrocher c’est ça ? » « Oui voilà tu lâches pas surtout parce que sinon… » L1080644Après avoir eu quelques bonnes frayeurs sur cet engin, nous arrivons à la réserve naturelle. Un authentique ranger me donne les instructions de sécurité avec les animaux. Odeur de ranch et ambiance un peu cow-boy à l’ancienne. Nat m’observe et commence à comprendre que j’ai un enthousiasme très particulier à l’idée d’aller rencontrer des kangourous et des koalas pour la première fois de ma vie.

La première partie de la visite de la réserve est guidée par Monsieur parfait, l’aventurier beau gosse qui s’occupe de soigner les koalas, nourrir les diables de Tasmanie à mains nues et qui est gentil avec les enfants. Je suis un peu jaloux de son travail mais j’écoute quand même les infos malgré un accent australien vraiment très local.20150314_144327

On commence avec le diable de Tasmanie. Enfin l’occasion de voir à quoi cette bête ressemble et lever le mythe sur le dessin animé de mon enfance. Il s’agit donc du croisement cocasse d’un rat qui fait la taille d’un chien et qui hurle comme une chauve-souris croisée au son d’un cochon qu’on égorge. D’où la fameuse appellation de diable et la mauvaise réputation qui va avec.L1080575 Le hurlement de cet animal est tout droit sorti des enfers et on ne le trouve qu’en Tasmanie. Ta-dam, vous savez tout sur le diable de Tasmanie. En réalité l’animal est aussi craintif qu’un chihuahua apeuré et ne souhaite qu’une chose : manger le petit bout de viande que vous avez dans vos mains pour ensuite retourner se terrer dans sa cachette.  20150314_143641Ensuite le fameux wombat, un animal vraiment atypique puisqu’il s’agit d’un petit ours d’un mètre qui possède une poche comme les kangourous et creuse des galeries souterraines. Il a la particularité d’être adorable et convivial s’il est élevé en captivité par des humains sympathiques. En revanche, il peut être un adversaire sauvage absolument redoutable pour l’homme : absence totale de peur, il fait aisément chuter un humain de 80 kilos et ses crocs peuvent vous amputer facilement de vos doigts.20150311_15442455Enfin bien-sûr, le koala, l’espèce supposée la plus cool du monde animal. Pour preuve, je n’ai encore jamais rencontré une personne me dire « Je déteste les koalas, c’est vraiment des sales bêtes, ils me font flipper ! ». Donc, pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de tenir cet animal dans leurs bras, je vous confirme qu’il s’agit bien d’un petit ourson à la tension très lente, qui possède à la fois une attitude d’enfant avec une tête de vieillard savant. 20150314_144340Une fois la visite guidée terminée, il est possible d’aller nourrir la centaine de kangourous que possède le parc. Des groupes de 50 espèces s’élancent d’un seul coup en bondissant sur leurs deux pattes et je remarque que leurs déplacements se font en suivant le sens du vent.L1080637Malgré leurs immenses griffes et leur attitude vraiment entreprenante et très peu farouche, le kangourou est un animal amical. Pouvoir les observer enfin de près fait partie des choses que je m’étais promis de faire pendant ce voyage.

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Hobart est une ville idéale. Une sorte de territoire hybride à la fois très Australien par certains aspects (faune, flore, niveau de vie élevé)  mais qui conserve un certain charme européen (architecture, art et culture, gastronomie, œnologie)  qui en fait un endroit unique au monde.  Si j’en avais l’opportunité – et si la ville n’était pas à 20 000 kilomètres de mon pays natal – c’est sans aucune hésitation dans ce genre d’environnement que je souhaiterais vivre. La capitale de la Tasmanie représente tout ce dont un Homme sensé a besoin : air pur, culture abondante, nourriture et alcool de qualité, faune et flore protégées, opportunités professionnelles illimitées. Je le répète encore, que demander de plus pour vivre heureux ?L1080629Il manque une seule journée à ce voyage passé sur la terre de feu. Et il s’agit de la plus unique, de la plus intéressante et parmi la plus marquante de mon voyage : la visite du M.O.N.A. Il y a d’ailleurs tant de choses à dire sur le musée le plus étonnant au monde, qu’il mérite son propre article, à suivre prochainement.


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