Une histoire de singe
Toki dispose d’un scénario relativement convenu pour le genre qu’il représente, avec une histoire de damoiselle en détresse à sauver des griffes de vauriens. En effet, Miho, la bien-aimée du guerrier Toki, a été enlevée par le démon Bashtar et le sorcier vaudou Vookimedlo, ce dernier ayant usé de ses pouvoirs magiques pour transformer Toki en chimpanzé. Ni une, ni deux, même avec sa nouvelle apparence (et des habilités inédites au passage), Toki est bien décidé à ramener sa dulcinée en bottant l’arrière-train de ses adversaires.
Un gameplay reprenant les codes de l’arcade
Jeu vidéo entièrement en 2D à scrolling différentiel, le soft de Tad garde sa palette de coups restreinte qui vient naturellement des salles d’arcade. Outre la possibilité classique du saut permettant de sauter au-dessus des précipices, de rejoindre des plates-formes éloignées ou de vaincre certains ennemis en sautant sur leur tête, le bougre sait aussi ramper mais il peut surtout « tirer des bullets » ou boules d’énergie (à la manière d’un Shmup) sur ses adversaires afin de les vaincre.
Tout au long de la progression dans l’aventure, l’aspect scoring étant de mise, des Power-Ups à l’effet temporaire sont disséminés çà et là dans les niveaux pour rendre la tâche plus facile. On a par exemple des tirs plus puissants ou multiples, des baskets pour sauter plus haut qu’à la normale, ou encore un casque servant à encaisser les dégâts (autrement dit il s’agit d’un boost d’invincibilité provisoire), très pratique lors de passages plus ardus. Inutile de dire que si l’un des effets bénéfiques est encore actif lors de l’affrontement contre un boss, celui-ci n’en sera que plus facile à éliminer.
Sous ses airs bon enfant via ses graphismes colorés, Toki n’est pas un jeu à mettre dans toutes les mains, mais aux plus patients qui acceptent de recommencer plusieurs fois certains passages. Si des niveaux de difficulté ont été implémentés (allant de facile à difficile, ils octroient plus ou moins de vie/crédit et des ennemis plus résistants), tout comme des checkpoints pour rendre l’expérience d’autant plus accessible à un plus large public. La moindre erreur effectuée, comme le ratage de passages millimétrés ou entrer en collision avec un monstre ou tir sans casque, est fatal. Pour progresser, il faut être méthodique, faire preuve de dextérité et surtout faire attention à chaque petit détail insignifiant, un ennemi pouvant apparaître d’un seul coup. L’apprentissage se fait donc par l’échec, et en tout état de cause, dès que l’on est conscient d’un danger, il est évitable plus facilement.
Chaque erreur coûtant une vie, au lieu de recommencer complètement le niveau comme il y a 30 ans, il vous faudra désormais revenir à un checkpoint préalablement atteint. Beaucoup plus accessible sur ce point, Toki n’en reste pas moins punitif pour la jeune génération ou les moins patients, dès que l’on n’a plus du tout de crédit en réserve. Dans ce cas précis, il faut littéralement recommencer le jeu au complet, ce que risque d’en frustrer plus d’un.
Mais il faut dire qu’il s’agit là de la réitération du mode opératoire des jeux arcade ayant finalement une durée de vie largement gonflée de manière artificielle sur la difficulté pure. Et même si une minorité de joueurs(euses) pourra pester sur ce postulat où il faut intégralement recommencer l’aventure, celui-ci s’avère nécessaire dans la mesure où Toki dispose d’un très petit nombre de stages (six à peine), qui se bouclent très rapidement. Sans ajout de ce côté-là, ni stage supplémentaire, ni bonus stage ou stages à débloquer, ce qui est très regrettable, le soft peut être fini entièrement en moins de 35 minutes et ce, sans même le connaître par coeur au préalable. La plus-value du soft (comme un Ikaruga par exemple) restant essentiellement son scoring, qui n’est pas disponible en ligne, et l’envie de le pulvériser à l’infini.
Un look beaucoup plus moderne !
Inutile de dire que Toki s’offre logiquement un look plus moderne dans sa direction artistique. Déjà à l’oeuvre sur la version Amiga, le dessinateur Philippe Dessoly (directeur artistique pour ce remake), à qui l’on doit des dessins officiels d’Albator et de Goldorak, a réalisé entièrement les dessins à la main pour ce rendu graphique, donnant ainsi un aspect résolument plus proche de la bande dessinée. Très agréables pour la rétine et très colorés, les décors superbement réalisés et les graphismes léchés rappellent à notre bon souvenir le travail effectué sur Wonder Boy and The Dragon’s Trap. La seule différence entre les deux softs (outre les artistes) étant de ne pas pouvoir voir le rendu graphique original par simple pression de touche.
Comme à l’époque de Mr. Nutz, les deux autres compères de Philippe Dessoly étaient présents pour ce remake. Pierre Adane s’est occupé du développement, tandis que Raphaël Gesqua, habitué à la composition de musique de jeux vidéo, a effectué une entière réorchestration de l’OST de Toki pour un résultat très satisfaisant.
Si on devait faire un petit reproche à tout cela, c’est que 30 ans après la parution originale, on trouve qu’il manque quelques « frames » à Toki pour assurer une parfaite fluidité dans ses mouvements. En l’état, même avec une jouabilité répondant au doigt et à l’oeil, les animations du singe restent rigides.
Testé sur Switch