Ce clown nommé Ayo et son histoire ont été imaginés par les développeurs de Cloud M1, et comme vous allez le voir, il a mis du temps avant de venir nous divertir dans sa version « définitive ». Effectivement, tout a commencé en 2015, une « démo » du soft a été montré pour la première fois au public en décembre lors de la NYC Arcade, durant cette même année il faisait partie du Square Enix Collective servant à promouvoir les œuvres indépendantes. Un an plus tard, soit en 2016, grâce à cette « démo », Ayo The Clown a reçu le prix de la meilleure direction artistique lors des GameACon ainsi que deux nominations aux Bit Awards respectivement dans la catégorie du meilleur jeu PC/Consoles et du meilleur « style ».
Quelques années plus tard, en août 2019, le titre est passé par la case d’une campagne kickstarter et a récolté un peu plus de 20 000 dollars grâce à 475 backers. L’équipe a donc poursuivi le développement afin de n’exclure aucune console (les versions Playstation et Xbox seront disponibles plus tard) mais a également tenu à respecter un cahier des charges particulier. C’est-à-dire que le jeu puisse être joué par de petites têtes blondes en étant accessible et bien adapté à eux dans les thèmes abordés. Et c’est bien le cas, sauf que contrairement aux habitudes, nous avons affaire à un clown triste.
À la recherche de son meilleur ami
Sa vie a totalement basculé une nuit lors d’un grand vacarme. Ce soir-là son chien « Bo » a mystérieusement disparu. Inconsolable, Ayo met désormais tout en œuvre pour le retrouver.
Ici, il n’est donc pas question de sauver une certaine princesse en détresse d’un Royaume Champignon, ni de sauver le monde mais bien de retrouver un chien, ce qui est déjà plus original, même si, nous sommes d’accord, il s’agit quand même d’un sauvetage. Cette histoire apporte sa propre dose d’humour et mignonnerie tout en apparaissant sous la forme d’un conte qui ravira les plus jeunes, mais pas seulement, avec des thèmes abordés comme le courage, l’amour, l’amitié, l’aide à autrui et le fait de ne jamais abandonner.
Un plateformer qui sent bon les références et la diversité
Et Ayo ne compte pas abandonner, car pour lui c’est de son chien adoré qu’il est question. Pour le retrouver, il n’hésite pas à se rendre dans des forêts, des exploitations agricoles, des environnements glacés ou même à croquer. Ces divers environnements, très joliment modélisés, ne sont pas exempts de petites bestioles à se débarrasser et de nombreux pièges (précipices, piques,…).
Cet univers, visitable en 2,5D avec une World Map pour sélectionner chaque niveau, est un véritable hommage et une ode aux jeux de plateformes reconnus. Dès le début, si la forme reste classique, les développeurs n’ont pas hésité à partir de zéro dans le sens où l’on ne peut pas effectuer de sauts, tant qu’Ayo n’a pas récupéré ses chaussures. C’est une manière originale de débuter l’aventure, et ce n’est pas la seule.
Tout au long du parcours, notre clown acquiert de nouvelles compétences. C’est par exemple l’occasion pour Ayo de s’accrocher à des grilles comme un certain plombier moustachu, ou alors de se « transformer » en boule de flipper à la manière de Sonic et les références vidéoludiques ne s’arrêtent pas là, on a du Kirby, LittleBigPlanet,… D’ailleurs le studio l’a bien dit dans sa campagne Kickstarter si « Super Mario Bros., Yoshi, Kirby, et Little Big Planet avaient un enfant, ce serait Ayo The Clown », eh bien nous sommes entièrement d’accord avec des propos. Le mélange fonctionne parfaitement et la prise en main est hyper intuitive.
Maintenant que vous avez les références en tête, vous ne serez donc pas surpris(e) de devoir éliminer un ennemi (araignées, fantômes,…) en lui sautant sur la tête, d’éviter des précipices, d’utiliser un bon timing lors de saut avec des plateformes mouvantes, de voler temporairement avec un ballon (genre de dérivé du planeur de Yoshi), ou même de retrouver une séquence de course-poursuite avec de la lave brûlante.
Le soft va même jusqu’à récupérer la tendance des collectibles avec la recherche de trois nounours et de trois sucres d’orge cachés dans les niveaux. Enfin cachés, disons que dans les premiers mondes visitables, soit l’équivalent d’une dizaine/douzaine de niveaux, les indications fleurissent avec des diamants en forme de flèche qui nous indiquent leurs emplacements. C’est l’idéal pour initier les petites têtes blondes, mais les aficionados du genre râleront peut-être un peu sur ce point. Mais ces derniers pourront se rattraper avec la recherche supplémentaire de dix trésors ou plutôt accessoires du clown.
Ayo The Clown ne se contente pas d’être un simple plateformer, il intègre aussi plusieurs mini-séquences séparées, on peut citer l’accès à un hélicoptère pour du Shmup à scrolling horizontal, un « costume » de dinosaure pour se la jouer Godzilla, ou même un mini-jeu de pêche. Des phases toujours aussi simples en termes de manipulation et qui permettent une diversité bienvenue.
Des combats de boss moins accessibles ?
Le soft a donc les bases d’un très bon jeu de plateforme mais il y a un point qui risque d’agacer les plus jeunes, les moins patients et voire plus. Pour vous expliquer, chaque dernier stage d’un monde est l’occasion de rencontrer un boss. Logiquement, celui-ci possède de la variété dans ses patterns mais aussi trois phases d’évolutions.
La première phase est toujours la plus simple à définir, on sait à quel moment le toucher et esquiver. Ensuite, pour la seconde, il faut changer d’approche, idem pour la dernière phase. Sauf que pour ces deux dernières phases, on ne sait pas réellement ce que le boss fera. Pour expliquer le premier boss, lors de sa première phase, il roule en boule de gauche et droite jusqu’à épuisement, à ce moment-là on lui saute sur la tête. Deuxième phase, on s’attend logiquement à ce qu’il roule un peu plus vite mais que nenni, à la place, il roule bien en boule mais le fait en diagonale en se servant de la perspective de profondeur. Dernière phase il se déchaîne littéralement. On ne peut donc pas véritablement planifier une approche spécifique sans avoir chaque phase une première fois.
Alors on use de persévérance jusqu’à soit réussir, soit jusqu’àl’ épuisement total des cœurs et des vies de notre clown. Dans ce cas dernier cas, nous sommes obligés de recommencer à partir de la World Map. Autrement dit, il faut refaire le niveau complet, phases de plateforme, hélicoptère ou autres et recherche de collectibles incluses. Dommage que l’équipe n’ait pas implémenté des checkpoints servant de véritables sauvegardes afin d’éviter cette frustration ou simplement une mise en place de niveaux « stage boss » complètement séparés du stage initial.
Attrayant
Visuellement le soft s’appuie sur une ambiance très colorée et mignonne, certains niveaux inspirés rappellent ceux de franchises Nintendo comme Mario et Yoshi ou encore celui de la mascotte de Sega : Sonic.
La modélisation de l’ensemble est très jolie et les animations sont très réussies, à l’image d’éclaboussures ou de ces gags de tartes à la crème. On regrettera juste la présence d’aliasing se faisant sentir en mode docké, à l’inverse du mode nomade, qui lui, est relativement propre. Terminons en mentionnant les très beaux artworks façon « manga » distillés çà et là au fil de la mission d’Ayo.
Enfin, sachez que le soft est accessible à un grand nombre puisqu’il est entièrement sous-titré en français avec des doublages anglais. Les thèmes musicaux, eux, sont en parfaite adéquation avec les lieux visités.
Testé sur Switch