Kamiwaza – Way of the Thief a été réalisé par Acquire, un studio fondé le 6 décembre 1994. Les membres de l’équipe ayant eu Sony, Nintendo ou encore Koei Tecmo pour clients, sont notamment connus pour le développement des épisodes Tenchu, Katanakami, Labyrith of Zangetsu, Shinobido – Way of the Ninja, Akiba’s Trip ou encore Akiba’s Beat. Paru initialement en 2006 au Japon, Kamiwaza – Way of the Thief est un jeu d’Action-Infiltration n’étant pas vraiment comme les autres.
Voler pour guérir
L’histoire se déroule au Japon, plus particulièrement durant l’ère Edo. Ebizo a rejoint la bande des Silver Ravens, des voleurs au grand cœur pillant les riches pour donner aux pauvres. Sous la houlette de son mentor et frère d’armes Ainosuke, Ebizo apprend les ficelles du vol dans un manoir.
Pendant ce temps, dans une autre aile du manoir, le reste de l’équipe des Silver Ravens dérape et assassine tous les membres de ce manoir… ou presque. Car effectivement, lors du déroulement de sa première mission, Ebizo trouve une jeune fille désormais orpheline. Afin de la protéger, Ainosuke, désabusé par cette démonstration de violence, confie la fillette à Ebizo en lui conseillant de s’enfuir.
En s’éclipsant du manoir, Ebizo jure alors de la protéger et de tirer un trait sur sa vie de voleur. Dix ans plus tard, Ebizo est un honnête citoyen, il possède un travail et s’occupe toujours de sa « fille adoptive » : Suzuna, la jeune enfant qu’il a autrefois sauvée. Malheureusement, Suzuna tombe malade… Le traitement étant trop onéreux, Ebizo décide de reprendre ses activités de voleur afin de trouver les fonds nécessaires pour tenter de la sauver.
Disponible en 2006, l’aventure suit donc une quête « noble », le personnage principal Ebizo, même voleur, a un code d’honneur, il ne souhaite tuer personne. Il préfère également voler aux riches, même si le titre permet de faire les poches des pauvres. À noter que plusieurs fins sont présentes et diffèrent en fonction de ce que l’on fait au cours du jeu ; à ce propos nous aurions apprécié un éclaircissement sur ces possibles variations, là c’est plutôt assez complexe à saisir.
L’attirail du voleur
En tant que voleur se disant noble, Ebizo ne possède pas d’arme létale, à la place il a juste des objets pour détourner l’attention comme un feu d’artifice… mais peut aussi se servir de ses poings ou encore porter des déguisements.
Jouant sur un cycle jour/nuit, l’aventure se déroule dans les rues de Mikado et ses alentours. Un endroit où l’on trouve la petite maison d’Ebizo. Si cet endroit permet de rapporter des remèdes à Suzuna, il sert aussi à modifier le style de déguisement cachant le visage de notre protagoniste. Déguisement qu’il faut prendre en considération, car le tissu que l’on porte n’est pas un élément indestructible.
Même si Ebizo porte un déguisement, cela n’empêche pas les gardes locaux d’émettre des avis de recherche plus ou moins ressemblants. À force de se faire repérer, la ressemblance sera de plus en plus évidente, et si Ebizo est reconnu, son escapade et les balades en ville ne seront pas de tout repos. Pour préserver l’anonymat, il est alors possible de subtiliser les panneaux/avis de recherche, -en évitant toutefois de se faire repérer-, mais aussi de faire attention à la taille de son baluchon. En effet, à force de récupérer du butin, ce dernier prend de l’ampleur et vous vous doutez bien qu’une fois plein à craquer, Ebizo devient vraiment soupçonnable.
Avec ce système « réaliste » tout à fait intéressant, on pourrait avoir à l’esprit de balancer son baluchon, sauf que ce n’est pas la meilleure des options, car sans baluchon les actions de vol ne sont pas disponibles. Par contre, vendre le butin récolté à une guilde de voleurs afin d’en récupérer des deniers et ainsi réduire le volume du sac, est une bonne idée. Cette guilde des voleurs correspond d’ailleurs à une sorte de HUB, ou du moins il s’agit d’un lieu/QG indispensable.
A l’intérieur de ce QG, vous pouvez donc vendre votre surplus d’objets volés, accepter des missions de vol (récupérer puis ramener les objets), acheter des consommables et/ou des éléments détournant l’attention d’autrui, ou encore apprendre de nouvelles techniques/capacités à l’aide d’argent et de vos points de skills -acquis notamment lors de vols-, ceci afin d’obtenir un meilleur kit de crochetage par exemple. Il faudra donc choisir ses priorités avec intelligence, d’autant que si l’on ne paye pas un tribut à la Boss des lieux, et bien tous les objets/éléments à débloquer, upgrader ou acheter deviendront plus chers. Vaut-il donc mieux avoir une bonne réputation auprès des villageois en se la jouant Robin des bois avec eux, ou tout s’accaparer pour la fille d’Ebizo ou la guilde ? A vous de voir !
Système original et atypique
Mais venons-en maintenant aux méfaits que peut faire Ebizo et ses capacités d’infiltration. Si dans les jeux plus récents nous avons appris à faire les poches aux passants en nous faufilant dans un groupe de gens par exemple, ou en suivant notre victime très discrètement, voire par des moyens plus orientés sur l’intelligence artificielle, Ebizo a une méthode bien à lui : des vols à la tire… mais en face à face. Un système à l’ancienne assez déroutant, surtout que la victime peut clairement voir son visage.
Mais ce n’est pas le plus déconcertant dans l’histoire, la partie infiltration « pure » peut carrément être mise de côté… Et oui, même si l’on peut se plaquer contre les murs pour progresser, avancer accroupi pour faire moins de bruit, être caché dans les hauteurs ou encore se mettre dos à dos auprès d’une autre personne, la technique de l’intelligence artificielle n’a malheureusement pas bougé depuis l’ère Playstation 2.
Certains « ennemis » pouvant simplement nous voir au travers d’un mur, alors que d’autres ne nous repèrent même pas à un centimètre, ou même en dos-à-dos justement, et ce sans se servir de la faculté des cabrioles…
C’est assez dommage, d’autant qu’Ebizo a plus d’un tour dans son sac, notamment ses prouesses physiques. En effet, sans la jouer furtivité, lorsque l’on passe devant quelqu’un on peut brièvement faire un salto pour gagner des points de skills et ne pas se faire repérer, voire même en profiter pour voler directement du butin au passage. Ou alors lancer le baluchon et le frapper façon ballon de football pour distraire l’adversaire -tout en faisant des dommages aux produits amassés au passage-. Une idée faisant rapidement sourire soit dit en passant.
Old-School
Si le titre garde les traits de l’infiltration de son époque, il reste aussi très ancré dans l’ère « old-school ». On se répète, mais comme il s’agit juste d’un portage, les errances de l’époque sont malheureusement présentes. Outre une IA défaillante, on retrouve des bugs de collision, des objets qui rebondissent sur les surfaces, une caméra pas toujours optimale, des personnages traversant les murs.
Côté graphisme, le décalage peut être très grand pour quelqu’un qui n’a jamais eu l’occasion de voir un jeu PS2 de près ou de loin. Si des jeux de la machine se sont démarqués au fil des années, on ne peut pas dire que Kamiwaza – Way of the Thief était déjà réputé à sa sortie comme l’une des références graphiques de la PS2. Alors même si l’aspect remaster/portage apporte de la netteté et du lissage supplémentaire pour cette mouture 2022, on reste dans une tournure très old-school. Tout va dépendre donc de votre propension à accepter ou non ce visuel à l’ancienne.
Précisons également que les voix sont en japonais avec des textes en anglais, une bonne compréhension de la langue étant nécessaire pour bien saisir l’ensemble.
Testé sur PS5 via la rétrocompatibilité