On ne négocie pas avec les terroristes !
Les Rainbow Six, malgré différentes évolutions, obéissent toujours à une règle immuable. A commencer par des environnements resserrés et des missions basées sur des objectifs très ciblés comme le désamorçage d’une bombe ou l’exfiltration d’un otage. C’est exactement sur cette même ligne que Rainbow Six Siege règle son gameplay et l’habitué de la licence retrouvera au final assez vite ses marques. En revanche, il apparaît clairement que cet épisode mise beaucoup sur le Multijoueurs. En effet, alors que les FPS à la mode comme CoD ou Battlefield proposent systématiquement une campagne basée sur des intrigues plus ou moins élaborées, Rainbow Six Siege a tout simplement procédé à une impasse scénaristique. Cela ne veut pas dire que le titre ne propose pas d’expérience solo, mais si vous désirez être porté par la destinée d’un personnage viril et tatoué confronté à un complot planétaire digne d’un James Bond dopé aux anabolisants, vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin. Est-ce un mal ? Pas forcément si l’on considère la vacuité du scénario du dernier Call of Duty pour ne citer qu’un exemple… Pour les loups solitaires, Rainbow Six Siege propose un ensemble de petites missions baptisées « situations », sans aucun lien entre elles. Celles-ci passent en revue les différents cas de figures auxquels sont confrontées les principales unités anti terroristes mondiales. C’est d’ailleurs l’un des partis pris de cet opus. Siege ne met pas en valeur un groupe d’intervention en particulier mais vous permet d’enfiler le treillis d’un Spetsnaz, d’un Swat ou d’un membre du GIGN. Une sorte de grosse entente mondiale contre le terrorisme planétaire. Vaguement d’actualité non ?
Un FPS cérébral mais fun
Pour revenir au mode solo, le menu débute donc par dix missions d’initiation qui font office de didacticiel. Elles vous permettront d’appréhender petit à petit les différentes possibilités de déplacement comme la descente en rappel mais surtout la manipulation d’un matériel foisonnant. L’arsenal disponible est plus que conséquent avec un copieux panel d’armes mais il faudra aussi compter sur différents types de charges explosives ou encore la manipulation de drones afin d’avoir une vision la plus claire possible du théâtre d’intervention ou de localiser précisément les différents objectifs. Mais la grosse nouveauté de cet opus réside dans la gestion d’un environnement largement destructible et un level design idoine. A savoir qu’il est possible de faire des brèches dans les cloisons que ce soit avec du C4 mais aussi avec votre fusil d’assaut. Evidemment, dans le deuxième cas, c’est un peu moins radical mais cela s’avère assez pratique pour créer de petites meurtrières afin de jeter un coup d’œil sur une salle et éventuellement se dégager une bonne ligne de tir tout en vous assurant une couverture momentanée. Car les terroristes utiliseront aussi cette possibilité quoique assez rarement au final : l’IA, très correcte, ne devient véritablement retorse qu’en mode réaliste.
Après ce didacticiel, vous pourrez enchaîner seul ou en multi les missions « traque aux terroristes » qui proposent plusieurs interventions dans des environnements généralement urbains. Vous pourrez choisir votre personnage parmi plusieurs agents issus des plus prestigieuses unités d’élite. Ces machines à tuer se divisent en deux catégories distinctes, les assaillants et les défenseurs. Ces derniers disposent de tout un attirail défensif vous permettant de tenir une position ou du moins de ralentir sensiblement les assauts ennemis. Vous pourrez ainsi placer une barricade, des barbelés mais aussi des charges explosives ou gazeuses déclenchées à distance. Certains gadgets comme la grenade perforante ou le scanner cardiaque constituent d’assez bonnes trouvailles et laissent entrevoir des tactiques assez diversifiées. Evidemment, pour acquérir ces agents très spéciaux ou upgrader leur armement, il faudra dépenser l’expérience acquise au cours du jeu. Il est indéniable que l’un des objectifs sera de débloquer l’ensemble du casting à savoir une vingtaine de machines à tuer.
Haute tension
Et tout ça fonctionne ? Et bien tout dépend de ce que vous attendez réellement d’un FPS… Si vous êtes un adepte du run and gun, Rainbow Six Siege risque fort de vous décourager. Ici, point de jauge de vie qui se remplit lorsque vous parvenez à rester en retrait ou de medkits gracieusement disposés sur votre parcours. Le moindre faux pas peut se payer très cher et vous invite à une extrême prudence. Et disons-le tout de suite, lorsque vous serez abattu, ce sera pour de bon : inutile d’attendre un respawn pour entrer à nouveau dans la mêlée. Ah ! la petite tension nerveuse qui s’empare de vous lorsque votre jauge est presque vide… Irremplaçable !
Très clairement, on se situe à la frontière entre l’arcade et le fun d’un FPS traditionnel et un gameplay plus tactique invitant à davantage de réflexion. En revanche, on n’est très loin de l’exigence en la matière d’un opus comme R6 Raven Shield qui permettait de prévisualiser les maps grâce à des blueprints et de préparer ses points d’entrée. Siege s’avère tout de même beaucoup plus direct et accessible.
Un multi en mode alternatif
Mais après ces escarmouches apéritives, reste à évaluer ce qui constitue le plat de résistance de Rainbow Six Siege : le mode multi compétitif. Il vous propose d’intégrer des escouades de cinq agents. Deux groupes seront ainsi opposés en plusieurs manches. L’idée est qu’alternativement, chacune des équipes endosse le rôle des « défenseurs » ou des « assaillants » ce qui modifie clairement le gameplay. La démarche offensive vous amènera à déployer des drones pour localiser l’objectif ardemment défendu par les adversaires. Vous avez trente secondes pour explorer les lieux et ainsi préparer votre assaut. Durant ce même laps de temps, la stratégie défensive consistera à placer des barricades, des pièges explosifs voire de se créer des lignes de tir croisées en créant des « meurtrières » dans certaines cloisons. Ensuite, c’est la politique de la tortue, on se retranche et on attend plus ou moins patiemment sous sa carapace d’acier et de barbelés. Le climax qui émane de ces phases est assez intense d’autant que la spatialisation sonore s’avère surprenante de précision. On entend clairement les bruits de pas annonçant l’arrivée des assaillants et une oreille particulièrement attentive pourra même déterminer de quel côté viendra l’assaut. Avec un casque 5.1 ou un home cinéma, l’effet est réellement saisissant. A chaque début de mission, chacun des membres choisira un personnage parmi ceux qu’il aura débloqué. Il est à noter qu’on ne peut avoir deux fois le même spécialiste représenté dans la même équipe. Le premier arrivé disposera donc d’une liberté totale, le dernier sera plus limité dans ses choix et même éventuellement contraint de prendre en main une simple recrue. A titre personnel, je trouve que cette limitation est en fait un très bon moyen de s’adapter à tous les cas de figure, d’éviter de la spécialisation à outrance en évoluant perpétuellement dans une zone de confort. Bien vu !
J’entends également çà et là que le netcode est particulièrement défaillant. Dois-je ma chance à la fibre ? Je dois dire que les multiples instances auxquelles j’ai participé ne m’ont pas posé de problèmes particuliers. Quant aux caractéristiques techniques, le soft n’est certes pas une démonstration graphique des possibilités des next gen et se voit entaché de quelques bugs. Mais on oublie vite ce détail pour se concentrer sur l’essentiel.
Testé sur PS4