Pentiment est un jeu que beaucoup n’aimeront pas à cause du style ou à cause de la quantité de lecture qu’il y a à faire, surtout au début. Et pourtant, c’est un jeu qui mérite d’être découvert. Son style graphique, son côté historique et les enquêtes à mener rendent ce jeu très original et prenant.

L’histoire est particulièrement importante puisque l’équipe de développeurs s’est entourée d’historiens. Tout commence en Bavière (en Allemagne, pour ceux qui ne sont pas amis avec la géographie) et va s’étaler sur 25 ans. Vous incarnez un artiste, Andreas, qui travaille en tant qu’enlumineur à l’abbaye du village de Tassing. Il est chargé d’illustrer un manuscrit pour un Baron et il est en retard. Faut dire qu’Andreas est un peu dissipé et a du mal à respecter les horaires. Malheureusement pour lui, le Baron décide de venir voir où en est l’avancement de son manuscrit. Et lors de sa visite, il se fait malencontreusement assassiner. Est-ce lié à une sombre affaire de viol qui a eu lieu des années plus tôt ? A la conversation qui a viré à la dispute à l’abbaye sur la religion ? Ou encore à d’autres possibilités que vous allez découvrir au cours de votre enquête. Ou pas. Parce que vous n’aurez pas le temps de tout explorer et d’interroger tout le monde. Vous n’avez que 4 jours pour trouver un maximum d’indices.

Alors je vais le dire tout de suite, je n’ai pas fini le jeu. Pas parce qu’il n’est pas bien. Mais parce que les décisions que vous prendrez ont beaucoup d’influence sur l’histoire mais aussi sur la personnalité d’Andreas. Il suffit d’une mauvaise décision pour faire disparaitre un personnage et vous en mettre un autre à dos. Il suffit d’une mauvaise réponse dans un dialogue pour vous couper des choix dans votre enquête. Rajoutez le fait que vous êtes limité dans le temps et que vous ne pourrez pas interroger tout le monde, et vous comprendrez qu’il est facile de passer à côté de quelque chose. Et malheureusement, pour le premier meurtre je suis persuadée d’avoir fourni des preuves contre la mauvaise personne. Ou plutôt j’ai fourni des preuves sur cette personne mais je ne pense pas avoir exploré la bonne piste. Je suis autant minée par la culpabilité que mon personnage. Parce que quand j’ai commencé le deuxième chapitre qui a lieu plusieurs années plus tard, Andreas est marié, père d’un enfant et rongé par la culpabilité. Il est morose et déprimé. Et sachez que vous ne saurez pas qui est le tueur. Même si vous rejouez le jeu, le tueur n’est jamais donné. C’est vous qui enquêtez et fournissez des preuves mais vous ne serez jamais sûr de vous. Mais du coup le jeu a une énorme rejouabilité. Si la moindre réponse peut engendrer des changements dans l’histoire, cette dernière peut varier considérablement.

Un autre point important est la personnalité d’Andreas. Vous la choisissez au début du jeu et vous choisirez aussi quelles expériences. Parle-t-il grec ou latin ? A-t-il étudié l’astronomie ou la médecine ? A-t-il visité un pays au lieu d’un autre ? Tous ces choix que vous ferez peuvent vous aider, ou pas. Saura-t-il lire tel manuscrit ? Saura-t-il trouver ou identifier des indices lors de son enquête ? Rien n’est anodin. Et parce que parfois se décider peut-être difficile, un petit temps de réflexion vous est accordé, incarné par sa conscience, ou plutôt ses consciences parce qu’il a plusieurs petites voix dans la tête, notre cher Andreas.

Passons maintenant au style graphique du jeu. Style très surprenant puisqu’il reprend le principe des manuscrits médiévaux. Les graphismes sont similaires aux ornementations de ces manuscrits. Andreas se déplace sur des scènes figées en 2D. Mais ce que j’ai aimé le plus, ce sont les textes des dialogues qui apparaissent comme si quelqu’un les écrivait. Avec le son de la plume sur le papier. Et s’il fait des erreurs, elles seront effacées et corrigées avec les sons qui vont avec (mais pas le grognement de déplaisir de celui qui écrit). La police d’écriture change en fonction du statut de la personne qui parle et comme cela se faisait à l’époque, tous les mots en lien avec Dieu sont écrits en dernier et en rouge.

Je vous ai parlé du temps limité pour notre enquête ? Oui je l’ai fait. Mais je ne vous ai pas dit comment le temps se décompte dans le jeu. Vous avez comme une roue du temps séparée en segment comme les Primes pour le lever du soleil et les Complies pour le coucher du soleil. Andreas doit manger deux repas par jour donc pas possible de gagner du temps sur son temps de repas (je vous ai vu venir : pas possible de faire des heures sup !).

Alors je vous souhaite bien du courage dans votre enquête et j’espère que vous ne serez pas autant rongé par la culpabilité que moi.

Testé sur Series X sur un code éditeur