Comme chaque année MaXoE demande à ses rédacteurs de puiser dans leur mémoire pour en sortir ce qui a fait l’année 2013 dans le domaine des jeux, du neuvième art, du septième art, de la musique… Cette année a été bien bonne merci à tous nos artistes qui donnent des couleurs à nos quotidiens. J’ai opté pour un choix de BD, romans, documentaires et CD. Cela reste bien sûr un choix personnel qui n’engage que le simple rédacteur que je suis mais qui peut donner des idées ou vous faire découvrir des références qui auraient pu vous échapper. Bonne lecture !
Bande dessinée
Dans le magma bédéphile mouvant et toujours très chargé en références, il est parfois difficile de mesurer la qualité d’une année. Alors j’avoue pratiquer un exercice qui, s’il ne fait pas l’objet d’un modèle déposé, possède le mérite de placer un cadre et des balises sur les derniers mois écoulés. A partir de la liste des albums publiés par l’ensemble des éditeurs, liste exhaustive je le précise, je sélectionne à la volée les titres qui m’ont réellement transportés, amenés vers des ailleurs à explorer, bref les albums qui restent comme des références vers lesquelles je me tournerai encore volontiers dans un futur plus ou moins proche. Cette année l’exercice a révélé une liste de 46 albums. A partir de cette liste je me suis remémorer plus finement mes impressions de lecture pour élaguer encore un peu ma sélection pour qu’elle soit réellement parlante et dense en qualité. C’est cette liste de 25 albums que je vous propose dans ce A retenir de 2013. Classés par ordre alphabétique les titres proposés ont fait l’objet la plupart du temps d’une chronique sur MaXoE et vous trouverez donc les liens adéquats pour vous replonger dans la présentation de l’album sélectionné.
On retrouve dans cette sélection des récits intimistes qui peuvent se teinter d’une portée historique ou fantastique et qui puisent au plus profond de l’âme humaine (Aéropostale (L’) : des pilotes de légende, Ardalen, vent de mémoire, Comme les traits que laissent les avions, Couleur de peau miel, Deadline, Hôtel particulier, Jack Joseph, soudeur sous-marin, Melvile, Temudjin, Eco T3), on y retrouve aussi des albums où l’humour se vit comme un élément si ce n’est moteur au moins porteur d’une réelle fraicheur (Le Chien qui louche, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu), des récits romancés sur fond historique ou documentaire qui nous ouvrent à des sujets sensibles (Balilla, les enfants du duce, Kililana Song, Mauvais Genre, Stevenson, le pirate intérieur, Terra Australis), des adaptations de classiques littéraires ou des récits habités par une réflexion sur l’art ou la littérature sur fond d’aventure à petite ou grande échelle (Hänsel & Gretel, Long John Silver, Le silence, Niourk, Ontophage : Un jour sans matin, Whaligoë) et enfin deux récits singuliers et inclassables qui prouvent que la BD peut se réinventer sans cesse (La Danse macabre et Fenêtre sur rue). Bref de très bons moments de lecture !
– Aéropostale (L’) : des pilotes de légende. T. 1 : Guillaumet de Patrick A. Dumas & Christophe Bec (Soleil)
– Ardalén, vent de mémoires de Miguelanxo Prado (Casterman)
– Balilla, les enfants du duce de Nathalie Baillot (Des Ronds dans l’O)
– Chien qui louche (Le) d’Étienne Davodeau (Futuropolis/Louvre éditions)
– Comme les traits que laissent les avions d’Andrea Bruno & Vasco Brondi (Rackham)
– Couleur de peau : miel Tome 3 de Jung (Soleil/Quadrants)
– Danse macabre (La) de Yann Taillefer & Yohan Radomski (La Boîte à bulles)
– Deadline de Christian Rossi & Laurent-Frédéric Bollée (Glénat)
– Eco T 3 de Bianco & Almanza (Soleil/Métamorphose)
– Fenêtres sur rue de Pascal Rabaté (Soleil)
– Hänsel & Gretel de Jean-Louis Le Hir (Mosquito)
– Homme qui n’aimait pas les armes à feu (L’) Tome 2 : Sur la piste de Madison de Paul Salomone & Wilfrid Lupano (Delcourt)
– Hôtel particulier de Guillaume Sorel (Casterman)
– Jack Joseph, soudeur sous-marin de Jeff Lemire (Futuropolis)
– Kililana Song Tome 2 de Benjamin Flao (Futuropolis)
– Long John Silver Tome 4 :Guyanacapac de Mathieu Lauffray & Xavier Dorison (Dargaud)
– Mauvais Genre de Chloé Cruchaudet (Delcourt)
– Melvile, l’histoire de Samuel Beauclair de Romain Renard (Le Lombard)
– Niourk Tome 2 : La Ville d’Olivier Vatine (Ankama)
– Ontophage Tome 3 : Un jour sans matin… de Marc Piskic (Emmanuel Proust Éditions)
– Silence (Le) de Bruce Mutard (çà et là)
– Stevenson, le pirate intérieur de René Follet & Rodolphe (Dupuis)
– Temudjin d’Antoine Carrion & Antoine Ozanam (Daniel Maghen)
– Terra Australis de Philippe Nicloux & Laurent-Frédéric Bollée (Glénat)
– Whaligoë de Virginie Augustin & Yann (Casterman)
Littérature
En réalité, une fort belle saison qui s’ouvre pour le roman français et ses lecteurs (Télérama), un millésime 2013 de qualité (L’Express), Le spectre est large, du futur Goncourt aux romans « de gare », la rentrée 2013 s’annonce grosse de surprises et de pépites (Le Monde), Littérairement parlant, la qualité des œuvres ne connaît pas la crise (L’Humanité), Qui a dit que les romanciers français, célèbres ou anonymes, étaient en panne d’inspiration ? En cette rentrée, tous les genres, tous les thèmes et tous les styles sont au rendez-vous (Le Figaro)
La presse l’avait annoncé à grands coups de formules ronflantes, la rentrée littéraire 2013, évènement éditorial sans pareil dans le monde des lettres, pouvait s’enorgueillir d’une cuvée remarquable. La raison principale réside dans l’absence des têtes d’affiches qui monopolisent généralement les regards et cachent la nuée de bons auteurs réduits à amasser les miettes… Bref cette année 2013 reste l’une des plus attractives depuis longtemps, et pour ne pas trouver chaussure à son pied il fallait, comme souvent, bel et bien ne pas fréquenter les bonnes librairies !
Nous vous proposons cette année de découvrir douze romans, un essai, un poche (plutôt épais !) et un recueil de poésies qui ne représentent bien entendu qu’une proposition de lecture parmi d’autres. Et pour vous humecter les lèvres et vous faire saliver (je m’adresse à ceux qui n’auraient pas encore découvert ces titres) nous avons choisi pour vous un bref extrait de chaque œuvre, pour aller bien entendu plus loin !
Parfois nous avons la sensation que la vie passe sans que l’on puisse contrôler les éléments qui la fonde et la teinte de façon plus ou moins acidulé. Le quotidien à grande efficacité parvient à ruiner les derniers espoirs d’une décrépitude notoire. Dans Précipitation en milieu acide, Pierre Lamalattie nous fait vivre le quotidien désenchanté de Pierre. La vie grise qui l’entoure, les formules d’usage, la reproduction uniforme de la médiocrité de l’âme. Pourtant il possède encore l’envie de basculer au-dehors de ce monde. La preuve en sont ces virées au club de lecture, ces promenades au Champs-de-Mars. Bref à l’image du Woody Allen de Manhattan qui s’aperçoit un peu tard avoir pris le mauvais train, tout reste encore possible mais faut-il encore ne pas sombrer dans une lassitude mortifère. Une écriture pleine de dérision et d’humour éclairé à la lampe frontale.
L’extrait : Elle a dû sentir que je n’étais pas encore tout à fait dans l’ambiance. Elle a allumé notre écran plasma et lancé un DVD porno. En quelques coups de zappette, elle s’est débarrassée des avertissements et de la pub pour se positionner directement sur la première scène. Ça se passait dans un immense hangar désaffecté, en banlieue, la nuit. Trois BMW noires ont fait leur entrée. Elles ont dessiné un vaste virage en demi-cercle, bien coordonné, digne de la Patrouille de France. Puis, les voitures se sont immobilisées de façon légèrement décalée, afin de rester visibles toutes trois dans le champ de la caméra. Les portes arrière-droite se sont ouvertes simultanément. On a vu s’y déplier lentement trois paires de jambes fuselées, gainées de bas. Puis des femmes sont apparues. Elles se sont mises debout, cambrées sur leurs talons aiguilles, une main appuyée sur la carrosserie. À ce stade, cela aurait pu être une pub de voitures. Précipitation en milieu acide de Pierre Lamalattie – L’EDITEUR – 19 euros
Il faut parfois revenir vers son passé, refaire le fil de sa vie et au-delà de sa famille, confesser les fautes, avouer l’inavouable pour, peut-être, partir l’âme en paix. Mais rien n’est moins sûr car le diable a parfois pris le parti de s’en mêler. Adrià jeune garçon coincé entre deux destins tracés d’avance dans le Barcelone austère des années 50 relit, avant que sa mémoire ne lui joue des tours, ce passé lourd duquel il espère se défaire en le partageant. De ce fait il embrasse tout un siècle noyé d’infamies les plus abjectes, d’immondices à ciel ouvert… Bouleversant par son fond et par sa forme Confiteor fait partie de ces livres qui restent longtemps en tête après en avoir lu la dernière page. Comme pour mieux nous pousser à questionner nos propres passés…
L’extrait : Ce n’est qu’hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j’ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. Tout à coup, j’ai vu clairement que j’avais toujours été seul, que je n’avais jamais pu compter sur mes parents ni sur un Dieu à qui confier la recherche de solutions, même si, au fur et à mesure que je grandissais, j’avais pris l’habitude de faire assumer par des croyances imprécises et des lectures très variées le poids de ma pensée et la responsabilité de mes actes. Hier, mardi soir, en revenant de chez Dalmau, tout en recevant l’averse, je suis arrivé à la conclusion que cette charge m’incombe à moi seul. Et que mes succès et mes erreurs sont de ma responsabilité, de ma seule responsabilité. Il m’a fallu soixante ans pour voir ça. J’espère que tu me comprendras et que tu sauras voir que je me sens désemparé, seul, et que tu me manques absolument. Malgré la distance qui nous sépare, tu me sers d’exemple. Malgré la panique, je n’accepte plus de planche pour me maintenir à flot. Malgré certaines insinuations, je demeure sans croyances, sans prêtres, sans codes consensuels pour m’aplanir le terrain vers je ne sais où. Je me sens vieux et la dame à la faux m’invite à la suivre. Je vois qu’elle a bougé le fou noir et qu’elle m’invite, d’un geste courtois, à poursuivre la partie. Elle sait que je n’ai plus beaucoup de pions. Malgré tout, ce n’est pas encore le lendemain et je regarde quelle pièce je peux jouer. Je suis seul devant le papier, ma dernière chance. Confiteor de Jaume Cabre – Actes Sud – 26 euros
Geste ultime et sans retour. En décidant de sauter du haut d’un immeuble de douze étages, le poète savait que la fin serait proche. Sous la façade, l’affichage d’une pseudo-réussite se cachait des souffrances bien plus difficiles à saisir que le refuge des mots, qui ne peut s’éclaircir qu’à la vision de cet acte désespéré. Lui venait de Port-au-Prince et son ami – celui qui partageait parfois ses histoires et ses mots dans la nuit d’un petit appartement de fortune – tente de comprendre, de retracer, à travers la mémoire des échanges, les failles qu’il n’a pu déceler. Le vide se fait trou béant et par là-même désolation de l’impuissance du langage…
L’extrait : Oui. Ce soir où la station des nouvelles étrangères a annoncé qu’un garçon de chez nous s’était jeté du douzième étage d’un immeuble d’une grande ville, que les causes de son suicide n’étaient pas connues, tandis que le camionneur et sa femme se livraient à leurs jeux, l’Estropié et moi, nous avons regardé le matelas sur lequel tu ne te coucherais jamais plus. Nous l’avions laissé à sa place pour le jour où tu reviendrais. L’autre, quand il revient, il convient qu’il retrouve les choses du coeur à la même place. Comme une preuve qu’il nous a manqué. Ce matelas, tu l’avais acheté dans un bric-à-brac du Poste Marchand, au pied de la colline. Tu l’avais choisi à cause des motifs imprimés sur la toile. De vagues lignes courbes sans qualité auxquelles tu donnais force d’âme, et qui évoquaient selon toi le labyrinthe du destin. Toujours pourri, le destin. À preuve, les trous creusés dans ton matelas fétiche par le temps et les mites. Ce matelas, tu avais grimpé la pente raide de la colline de Saint-Antoine en le portant sur ton dos. Deux gamins faisaient semblant de t’aider, mais se contentaient en réalité de profiter de l’ombre que tu leur offrais. Tu l’avais ensuite posé dans ce coin sombre que tu avais choisi pour en faire ta demeure à côté du lit en fer de l’Estropié. Et, maintenant que tu ne reviendras pas, nous ne l’avons toujours pas bougé, ton symbole mité du destin. Ni recouvert d’un drap. Tu détestais les draps, les enveloppes, les couvertures. Nous le gardons à ta convenance. Et, parfois quand on a trop bu, l’un ou l’autre se jette dessus et joue à être toi. Mais, merde, nous n’avons pas ton talent pour être soi-même et les autres. Parabole du failli de Lyonel Trouillot – Actes Sud – 19 euros
Bjarni n’a jamais perdu le souvenir de la flamme passée. Un amour dévorant pour la belle et juteuse Helga. Amour impossible dans une campagne reculée aux terres glacées balayées par les vents eux-aussi peu enclins à maintenir la chaleur des corps et des esprits. Dans ce terroir isolé, Bjarni n’a pu assouvir sa passion pour la seule femme qu’il a véritablement aimée. Alors que sa femme Unnur vient juste de mourir il se décide à raconter ces instants fugaces d’amour impossible. La rudesse extérieure de l’éleveur de brebis laisse alors place à une superbe confession romantique. Un incontournable de 2013.
L’extrait : Tu pouvais être aussi résolue que mal embouchée et cela te rendait plus attirante encore, tout en accroissant mes doutes sur la conduite à tenir. Tu as dit que tu ne pouvais pas continuer à vivre ici dans la honte, sous le nez de Hallgrímur et de sa famille disséminée dans toute la contrée. Comment ferais-tu pour te rendre à la Coopérative, en femme honnête ? « La voilà la putain qui s’est fait engrosser par Bjarni du temps qu’elle était mariée à Hallgrímur. » C’est moi qui irais à la boutique. Non. Il n’y avait pas de compromis possible. Tu ne laisserais pas la moindre rumeur d’adultère se répandre, pour ensuite avoir à repousser les ragots sans fin, coincée comme tu le serais dans les gosiers infamants du canton. Voilà ce que tu as déclaré. Bon Dieu quel talent tu as pour trouver tes mots, Helga chérie. Ce sont tes paroles que je cite : « les gosiers infamants du canton ». La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson – Zulma – 16, 50 euros
Du froid du grand Nord, la jeune fille garde des souvenirs rangés dans une boite qu’elle croyait ne plus jamais devoir ouvrir. Elle y a vécu avec son père, sa mère et sa sœur des moments pesants qu’une passion pour les lettres ont permis d’adoucir. Lorsqu’elle décide enfin de tenter sa chance au loin, en Californie, elle passe très vite de l’ombre à la lumière. Son roman autobiographique aurait pu et dû la brouiller définitivement avec les siens. Oui assurément et pourtant pas tout à fait… Lorsque sa mère la contacte dix ans plus tard elle décide de prendre le premier vol pour Lapérouse, et ainsi revenir sur les terres qu’elle a quittées jadis sans arrière-pensées. Sauf que le passé viendra perturber/percuter le présent… L’écriture de Véronique Ovaldé possède toujours cette grâce, cette suspension, cet attachement à la suggestion du/des moments passés et à venir qui en font l’une des auteures dont on sait à l’avance que le récit à lire nous enveloppera de ses effluves impossibles à laisser filer.
L’extrait : Un homme bedonnant et suant monte en même temps qu’une jeune Philippine, ils sont accompagnés d’un enfant qui se laisse traîner et pleure et geint en piétinant le sol de ses minuscules baskets d’athlète. La jeune femme se plaint de la méchanceté et de l’égoïsme des gens, l’homme hoche la tête sans l’écouter. Il soulève son chapeau pour s’éventer. C’est un homme d’âge mûr qui a l’air de se demander ce qu’il fait dans un bus. La jeune femme lui fait payer cher de l’avoir sortie de son île en la forçant à baiser avec lui et à l’épouser. Elle boude et le tient responsable de la cruauté du monde. Ils prennent le bus parce qu’il s’est fait retirer son permis pour conduite en état d’ivresse il y a trois jours. Elle déteste prendre le bus. Elle n’est pas venue aux Etats-Unis pour prendre le bus. La grâce des brigands de Véronique Olvadé – Editions de l’Olivier – 19,50 euros
L’extrait : Bird Boisverd gardait à l’œil les trois autres cow-boys qui ne s’étaient pas encore mêlés de la transaction mais qui risquaient de le faire sous peu. Il avait lui aussi son fusil, au creux du coude comme à son habitude, mais un fusil n’a pas la répartie d’une arme de poing à barillet, et même si le soufflant du péquenot que Brad avait dans sa ligne de tir était sans doute plus dangereux pour lui-même que pour quiconque, il ne voyait pas comment les trois autres étaient équipés, et il en concevait un soupçon d’inquiétude. Quand il les vit s’éloigner pour vaquer à leurs occupations après avoir remarqué le sombre éclat du canon de Brad pointé sur le ventre de leur acolyte, Bird respira plus librement. C’était bon signe. Pas très courageux de leur part mais bon signe. Brad attendait toujours. Le type finit par se décider, et sans dire un mot, il alla par le travers en évitant d’offrir son dos à la gueule du fusil, chercher deux bêtes assez correctement en chair, dont les pis pendaient jusqu’au sol. Faillir être flingué de Céline Minard – Payot/Rivages – 20 euros
Une histoire en trois mouvements, trois temps qui résonnent et se répondent à travers les ans. Lui simple gigolo pour dames, un tantinet voyou mais gentleman tombe par hasard, alors qu’il traverse l’Atlantique à bord de Cap Polonio, sur celle qui animera sa passion. Dame du monde, épouse d’un célèbre et riche compositeur, elle jouera son rôle de femme troublante et dangereuse. Max et Mecha de leurs prénoms se recroiseront deux fois, la première en 1937 dans le sud de la France sous fond de guerre d’Espagne et en 1966 en plein cœur de la guerre froide à Sorrente où se déroule le championnat du monde d’échecs… Perez-Reverte livre peut-être avec Le Tango de la vieille garde son roman le plus abouti. Il y mêle ses sujets force en les doublant d’une intrigue romantique sous fond d’aventure des plus sensuelle. Difficile de ne pas se laisser prendre !
L’extrait : Max regarda les éclats du phare, sans rien dire. Il réfléchissait à ces gens bien placés que leur argent mettait à l’abri, et aussi à ce que, du point de vue des invités au dîner de Susana Ferriol, il fallait comprendre par « normalement ». Il rejeta cette pensée lorsqu’il ressentit un petit pincement familier, très ancien, de rancœur diffuse. A voir ce qui se passait dans le monde, conclut-il, Armando de Troeye dénoncé par sa concierge et conduit entre des miliciens en prison n’était pas quelque chose de si délirant. Quelqu’un devait bien payer, de temps en temps, au nom ou pour le compte des gens « bien placés ». Et c’était encore trop bon marché. Même ainsi, le mot folie appliqué par Mecha à la situation en Espagne ne manquait pas d’exactitude. Avec son passeport vénézuélien, Max s’était rendu à Barcelone pour affaire, quelques mois plus tôt. Cinq jours lui avaient suffi pour évaluer le triste spectacle de la République sombrant dans le chaos : séparatistes catalans, communistes, anarchistes, agents soviétiques, chacun agissant séparément, s’entre-tuant à des centaines de kilomètres du front. Réglant leurs comptes entre eux avec plus d’acharnement que celui qu’on mettait à combattre les franquistes. Jalousie, barbarie et méchanceté, avait pointé Mecha, lucide et précise. Un bon diagnostic. Le Tango de la vieille garde d’Arturo Pérez-Reverte – Seuil – 20 euros
Les souvenirs du passé remontent souvent à la surface lorsqu’on s’y attend le moins. Aurélien va le découvrir par lui-même un week-end d’automne alors qu’il se rend sur les lieux de son enfance pour régler la vente de la maison de ses parents qui ont décidés de partir sous d’autres cieux. Ce qui ne devait n’être qu’une formalité administrative va se transformer pour le jeune homme en véritable introspection. Aurélien aime cultiver sa solitude. Confronté à son passé il va pourtant devoir composer avec ses fuites en avant pour boucler définitivement la boucle. Arnaud Cathrine possède une patte, c’est indéniable, faite d’un dosage de nostalgie envers le passé, d’une fluidité dans l’expression des sentiments et de cette légèreté dans l’écriture très aérienne qui permet d’aborder des sujets parfois délicats avec un faux détachement qui lui évite les possibles lourdeurs. Cela sonne juste et mérite une attention particulière.
L’extrait : Junon portait un manteau prune que je ne lui connaissais pas. Je suis toujours vaguement étonné (moi qui nous connais depuis tant d’années) par cet effet du temps : Junon est passée directement de jeune à élégante. Elle est allée d’un chapitre à l’autre avec le plus grand naturel quand je me sens, de mon côté, figé dans mon sempiternel uniforme terne. Junon fait son âge, pour le meilleur, un âge lumineux ; quant à moi, il me semble traîner un alliage indécis : juvénile tout autant que cerné, je ne sais pas vraiment quel âge j’ai, et il n’est pas rare qu’on se trompe à ce sujet, me donnant tantôt trente ans, tantôt quarante. Je ne retrouve personne d’Arnaud Cathrine – Rivages – 17,90 euros
Le pouvoir des mots peut-il être si fort pour faire naître des flots d’incompréhensions mêlés de haine et de passion ? Lorsque Pierre Jourde publie chez un petit éditeur un court roman qui décrit en toile de fond le terroir reculé dont il est originaire, il ne pouvait penser déranger ses habitants au point d’en essuyer jusqu’un procès qui deviendra malgré lui médiatisé plus qu’il ne faut. Pris à parti, l’écrivain sera touché par le déversement d’agressivité dont il est la cible. Dix ans plus tard en 2013, il revient sur cet épisode de sa vie pour essayer d’en comprendre le déroulé et d’en saisir les possibles causes. Sans parti pris, sans polémique, avec le pouvoir du verbe.
L’extrait : Le livre dégoutant avait pris pour objet le deuil et la douleur. Il les rassemblait autour d’un deuil qui les résumait tous. Les morts ont besoin de prolonger leur vie dans le monde des vivants. Ils auraient encore des choses à dire, ils n’y arrivent pas. On ne les entend pas. Mais ce n’est jamais terminé. La souffrance passée est encore là, elle ne cesse d’avoir lieu. Rien ne la fera cesser, ni ne fera qu’elle n’ait pas eu lieu. Le livre les ravive, ces souffrances, et c’est son tort. Il refait couler le sang, il rouvre les plaies, il montre les blessures. Il ne semblera jamais assez respectueux, parce que les mots ne pèsent pas comme les corps, et cette légèreté leur donne l’air gratuit. Mais le livre ne se contente pas que les choses aient été. Les douleurs sont toujours présentes, les morts continuent à mourir, indéfiniment. La première pierre de Pierre Jourde – Gallimard – 17,90 euros
Le pouvoir des mots, encore… est-il possible qu’il renverse des guerres, refoule et contienne les haines les plus vivaces alimentées par des petits rien devenus au fil du temps des rancœurs tenaces ? Sommes-nous idéalistes si nous le croyons ? Nous sommes au début des années 80. Sam rêve de monter à Beyrouth Antigone d’Anouilh dans un Liban qui reste en proie à des tensions sans pareille. Dans son dessein le jeune homme forge l’idée de puiser dans chaque camp, communauté, groupe religieux un acteur/actrice qui viendra déclamer son texte sur scène pour exposer aux yeux du monde le ridicule de la guerre face au possible respect de l’autre, à l’écoute et au partage. Des notions humanistes qui pourtant vont se trouver bien seules et bien faibles confrontés aux armes aux bombes et aux hommes qui décident de les utiliser dans une avalanche destructrice. Un roman qui, après Retour à Killybegs, poursuit l’analyse des conséquences de la guerre et de ses déraisons. Sorj Chalandon va peut-être plus loin dans la description du chaos et dans la définition de ses possibles et fragiles échappatoires. Un roman sombre habité par une plume inégalable sur le sujet.
L’extrait : Beyrouth était attaqué. Je répétais cette phrase dans ma tête pour en saisir le sens. Des avions se jetaient sur la ville. Ils bombardaient la capitale du Liban. C’était incroyable, dégueulasses et immense. J’étais en guerre. Cette fois vraiment. J’avais fermé les yeux. Je tremblais. Ni la peur, ni la surprise, ni la rage, ni la haine de rien. Juste le choc terrible, répété, le fracas immense, la violence brute, pure, l’acier en tous sens, le feu, la fumée, les sirènes réveillées les unes après les autres, les klaxons de voitures folles, les hurlements de la rue, les explosions, encore, encore, encore. Mon âme était entrée en collision avec le béton déchiré. Ma peau, mes os, ma vie violemment soudés à la ville. Personne ne l’avait remarqué. Au milieu de leurs cris, je souriais. Je pensais à Joseph-Boutros et son fusil d’enfant. Je pensais aux snipers du Ring, de la tour Rizk, à tous les tireurs de la ville jetés contre les murs à cet instant. Je pensais aux claquements parisiens de nos grenades lacrymogènes, aux pétards du 14 Juillet, à l’orage, à la foudre, à tous ces bruits trop humains. Je mâchais mes joues, j’ouvrais la bouche en grand, je la claquais comme on déchire. Mon ventre était remonté, il était blotti dans ma gorge. Ma jambe lançait des cris de rage de dents. Je n’avais jamais entendu cela. Jamais. Le quatrième mur de Sorj Chalandon – Grasset – 19 euros
Sam pourrait être l’incarnation parfaite de la réussite. Une place envieuse d’avocat au barreau de New York, un mariage avec Ruth, fille d’une richissime et influente famille versée dans les affaires, l’argent, les costumes sur-mesure, les perspectives de carrière bien dégagées sur les côtés pour atteindre les sommets. Bref le rêve américain. Pourtant, à y regarder de près, tout n’est pas si rose. Car le jeune homme respecté doit sa réussite au mensonge sur son identité, lui le jeune beur Samir Tahar, deviendra Sam, diminutif de Samuel, prénom de son ami de fac et donc juif. Lorsque Nina, la copine de Samuel aperçoit sur le petit écran un reportage dans lequel leur ancien ami apparait, elle essaye de reprendre contact avec lui et, sans le rechercher vraiment, va précipiter sa chute… Un des romans les plus attendus de la rentrée littéraire dont la lecture des premiers chapitres précipite l’addiction de lecture. Chaudement recommandé !
L’extrait : Chaque fois qu’il retrouve sa mère, Samir sort le grand jeu, l’artillerie lourde, c’est clinquant, ça claque, clac, le cliquetis des bracelets bringuebalants, des fermoirs de sacs à main, pour elle, rien n’est trop beau, c’est rodé, liasses de billets – euros, dollars -, cadeaux achetés dans les meilleures boutiques – des bijoux fantaisie/en or, en argent, des pendentifs en diamant blanc/noir ; des foulards en soie, des carrés qu’il achète chez Hermès ou chez Dior, et parfois même des robes, quand il a le temps, des tuniques amples, bigarrées – de marque toujours, il sait que ça l’impressionne, ça dit la réussite et l’appartenance – souvenirs de duty-free – chocolats au lait essentiellement, elle les adore, mais aussi les parfums poudrés, eaux de Cologne, bagages à main, porte-clés en cuir -, l’expiation passe par là, ça aide et ça soulage quand la culpabilité est trop forte (…) L’invention de nos vies de Karine Tuil – Grasset – 20, 90 euros
Regis Debray reste assurément plus connu pour son engagement sud-américain de la fin des années 60 que pour ses écrits et ses réflexions sur l’image et son pouvoir évocateur. Il est pourtant l’un des plus réputés spécialistes de l’image qu’il a étudié dans une thèse au début des années 90 (« Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident »). Il nous propose en cette fin d’année un ouvrage qui entend embrasser l’emprise du visuel sur nos sociétés depuis les temps les plus reculés. Il y analyse notamment le pouvoir de l’image sur le texte et surtout ce qu’il nomme les « images fixes » ces images que l’on peut dater par leur style ou leur technique, mais dont nous demeurons étonnamment contemporains. Un essai passionnant à prolonger ou introduire par la lecture de la longue interview de l’auteur dans l’Humanité datée du 13 décembre 2013.
L’extrait : Si le « stupéfiant image », dont Aragon, dans Le Paysan de Paris, recommandait l’usage passionnel et déréglé, reste l’opium préféré des adultes, c’est qu’il respire l’enfance, et qu’il n’y a pas de grandes personnes, sauf pour jouer la comédie devant ses petits camarades. Pour ce que nous avons tous été gamins avant que d’apprendre à lire et à écrire, à l’instar de ces dizaines de millénaires où nos aïeux dessinaient et gravaient sans le moindre alphabet, le vu précède en nous le su, comme le désir inconscient le projet raisonné. Un être humain est un palimpseste. Aux heures ouvrables, il y a ce qu’il dit er fait pour la galerie, ses beaux effets de manche. La nuit tombée, il y a les images en clair-obscur qui le gouvernent en sous-main. Après tout, le roman national aussi est fait d’images d’Epinal bien plus que de mots d’auteur. Pourquoi en irait-il autrement pour nos menues autofictions ? Savants sont nos plaidoyers et bonnes peuvent être nos raisons de faire ceci ou cela. Mais enfin, ne nous leurrons pas, grattons un peu le verbiage du dessus. J’en connais qui sont partis refaire la guerre d’Espagne sous de tristes tropiques non pour avoir lu Marx et Lénine, mais pour avoir gardé en tête la couverture de Pour qui sonne le glas en livre de poche. Ils se voyaient, ces hurluberlus, en Gary Cooper miniature faisant sauter un pont d’une main et caressant de l’autre Ingrid Bergman. Le stupéfiant image de Régis Debray – Gallimard – 30 euros
Olivier Peru est un de ces auteurs contemporains qui ne se complait pas dans un seul genre et dans un seul medium. Auteur de BD il écrit aussi, des scénarios et des romans aussi bien sur un registre épique que dans le gore débridé avec la série Zombies publiées par les éditions Soleil. Il nous revient en cette année 2013 avec un beau petit pavé publié par les éditions J’ai Lu, un pavé où il est question de sombres alliances dans un monde rongé par la guerre. Deux frères guerriers Irmine et Helbrand, niché au creux de Palerkan, la cité tentaculaire du Royaume vont voir leur destin prendre une tournure pas forcément espérée qui leur réservera assurément bien des surprises…
L’extrait : Regrets, questions, plus rien de tout cela n’avait d’importance. Elle pensa toutefois à son unique trésor en ce maudit château, un passage secret qu’elle avait découvert cette année et qu’elle n’avait jamais eu le courage d’emprunter jusqu’au bout. Elle avait toujours craint que quelqu’un ne remarque son absence. Peut-être aurait-elle dû tenter sa chance pendant ces jours de liesse au lieu de s’enfermer dans ses appartements… Elle aurait pu quitter le château et descendre en ville, participer à la fête avec des gens pour qui elle n’était rien et qui pour elle étaient tout. Elle serait sans doute morte moins triste ce matin. Martyrs Livre I d’Olivier Peru – J’ai lu – 16 euros
A venir début 2014…
Ce n’est pas un titre de 2013 mais je voulais tout de même l’annoncer ici pour confirmer que la poésie française ne meurt pas à petits feux. Thomas Vinau que nous avions interviewé pour son remarquable premier roman Nos cheveux blanchiront avec nos yeux propose le sobre Juste après la pluie, toujours chez l’éditeur Alma. Un recueil de poésies « sans prétention » qui se veut éloge de la simplicité, du moment présent, de l’instant de vie capté et magnifié par l’observation que l’auteur porte sur le monde qui l’entoure. Pas un blockbuster littéraire mais un de ces opus qui se veut aller à l’essentiel : la vie, le quotidien et ce qui se cache derrière un bonheur apparent qui ne demande qu’à être partagé… Le tout dans un style épuré qui redonne sens au mot qui, s’il apparait brut de prime abord, pas encore taillé au burin par l’écrivain, offre surtout au lecteur les stimuli à son imaginaire…
Le cinéma n’est pas uniquement voué à présenter des fictions plus ou moins survitaminées qui nous permettent de nous évader le temps d’une séance. Les documentaires, qui explorent souvent un sujet pointu, richement documentés, nous permettent de découvrir ce qui se passe parfois juste en bas de chez nous. Ils explorent aussi des sujets de société, drames humains, écologiques ou géopolitiques. Bref ils parlent de la vie dans toutes ses vicissitudes et en cela demeurent essentiels. Pour en donner la preuve je vous ai sélectionné trois documentaires publiés en DVD en 2013 sur des sujets très variés, pour démontrer la richesse du film documentaire, futures archives vivantes d’une époque, la nôtre !
Pour débuter je vous propose Adapté(s) qui présente un sujet sensible, celui du handicap mental. Sebastiano d’Ayala Valva a choisi de filmer et de s’immiscer dans la vie d’un groupe de jeunes atteints de « déficience mentale ». Ces jeunes ont malgré tout fait le choix de ne pas se replier sur eux. Ils composent l’équipe de France de basket qui prépare les Global Games (jeux mondiaux pluridisciplinaires réservés aux athlètes déficient mentaux). Au fil du quotidien le réalisateur opère sans fard une plongée dans cet univers qui nous est peu connu. De fait il interroge perpétuellement notre regard et notre vision du handicap. Un film humain qui ne plonge jamais dans le pathos. Relativement frais !
Adapté(s) de Sebastiano d’Ayala Valva – Kanari Films/BQHL Editions – 14,99 euros
Avec L’amour est dans le pré M6 a fait une magistrale entrée médiatique dans nos campagnes les plus reculées. Si l’on retire les strass de l’émission reste un sujet de fond, celui des terroirs qui se meurent, des destins d’agriculteurs qui, au seuil d’une maigre retraite, doivent passer la main, parce que le corps ne permet plus de cultiver la terre à laquelle ils ont tout donné. Raphaël Mathié est allé à la rencontre d’un agriculteur de l’ombre, un de ceux qui ne rechigne pas à la tache mais qui arrive aussi au bout d’un cycle. Combalimon, Dernière saison filme donc le destin de Jean, un agriculteur du Cantal comme tant d’autres, qui, du haut de ses 70 ans se doit de penser à son devenir une fois arrêtée son activité. Le réalisateur a opté pour un tournage sobre, au plus près de son sujet pour filmer le quotidien d’un homme avec sa fierté, son intransigeance parfois et sa volonté de choisir lui-même et malgré tout son destin. Combalimon, Dernière saison a reçu le Prix du Regard social lors des 17èmes rencontres Traces de Vies de Clermont-Ferrand, celui du meilleur documentaire francophone à Altermedia Songes d’une nuit DV à Paris ainsi que le Prix spécial du jury au Festival international de Seattle.
Combalimon, Dernière saison de Raphaël Mathié – BQHL Editions – 14,99 euros
Rithy Panh avait explosé aux yeux du monde avec S21, La machine de mort Kmère rouge (2003), un film puissant qui a décroché une multitude de récompenses à travers les festivals du monde entier. Il y abordait un sujet très personnel celui de la grande machinerie khmère en matière de torture et de représailles. Il a poursuivi huit ans plus tard l’analyse de ce sujet au travers du portrait de Dutch l’un des plus grands criminels de guerre encore en vie. Il boucle en quelque sorte la boucle offre avec L’image manquante en y abordant sa propre histoire (il est survivant d’une famille tombée sous le joug khmers). Ce film est l’adaptation du témoignage écrit avec Christophe Bataille en 2012 et publié chez Grasset. Son film repose sur l’utilisation de statuettes utilisées pour porter le récit, une audacieuse mise en scène donc qui mérite assurément notre regard.
Durant de nombreuses années, j’ai recherché l’image manquante : un cliché pris entre 1975 et 1979 par les Khmers Rouges, alors qu’ils étaient à la tête du Cambodge… A elle seule, bien sûr, une image ne peut pas prouver un génocide, mais elle nous incite à réfléchir, à méditer, elle écrit l’Histoire. Je l’ai cherchée en vain dans les archives, les vieux documents, dans la campagne cambodgienne. Aujourd’hui, c’est une image manquante. Donc je l’ai créée. Ce que je vous propose aujourd’hui, ce n’est pas une image ni même la recherche d’une image unique, mais l’image d’une quête : une quête que seul le cinéma nous permet d’entreprendre. (Rithy Panh).
L’image manquante a reçu le prix Un certain regard au 66ème festival de Cannes en 2013.
L’image manquante de Rithy Panh – Arte Editions – 19, 95 euros
Et aussi : Toute ma vie en prison, qui revient sur le destin de Mumia Abu-Jamal (Lug Cinéma – 15, 27 euros), Des abeilles et des hommes de Markus Imhoff qui analyse le phénomène de disparition des abeilles et les conséquences que cela pourrait occasionner sur l’équilibre fragile de notre planète (Jour2Fête – 20,91 euros) et enfin pour finir Le pouvoir de Patrick Rotman, cinéaste des présidents français, qui livre les coulisses de l’Elysée en posant sa caméra aux portes des bureaux de notre actuel dirigeant (Orange Studio – 19,99 euros)
Musique française
Musique française oblige car j’ai toujours un œil dessus ! Pas de longs discours mais deux clips pour vous présenter deux albums incontournables (en fait un double et un triple album), le premier de Bertrand Betsch a qui nous avions consacré un bon gros dossier en décembre 2010, le second d’un groupe trop rare, pourtant légendaire, peut-être l’une des plus belle voix de la scène francophone en la personne de Pascal Bouaziz, j’ai nommé le groupe Mendelson.
Bertrand Betsch – La nuit nous appartient – 2 CD – Label 03H50
Mendelson – S/T – 3 CD – Label d’Ici d’Ailleurs
Bertrand Betsch – J’aimerai que tu me dises
Mendelson – D’un coup
Et voilà pour cette longue sélection de fin d’année ! Rendez-vous l’année prochaine pour un cru que nous espérons aussi bon que 2013…