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MaXoE Festival 2022 : La Sélection BD / Comics / Manga

Voici la Sélection Bande-dessinées du MaXoE Festival avec de très beaux albums dans les catégories BD Européenne, Mangas et Comics !

Ci-dessous la présentation détaillée des ouvrages sélectionnés avec notre chronique et un lien sur l’article d’origine. Pour certaines BD, il n’y a pas d’article publié auparavant, ces chroniques ont été écrites par Seb !

 

BD Européenne

La Fille Maudite du Capitaine Pirate T3 – Jérémy A. Bastian

La fille maudite du capitaine pirate n’est pas un album de bande dessinée. Ou tout du moins pas un album comme les autres. Amorcé en 2012 ce projet atypique d’un auteur (Jeremy A. Bastian) qui ne l’est pas moins a été édité en France par les Éditions de la Cerise. Les deux se sont trouvés et c’est tant mieux ! Mais revenons plutôt à notre sujet. Que s’est-il passé depuis cinq ans et le second opus de cette série ? La Fille maudite du Capitaine pirate vogue toujours sur les eaux troublées des mers d’Omerta à la recherche de son père qu’elle a maintenant identifié. Mais, même si elle se rapproche toujours plus de son but ultime, les obstacles se font de plus en plus difficiles à franchir… D’un point de vue formel, Bastian repousse peut-être encore plus loin les recherches graphiques de cette saga aux mille et une hachures. Un épisode qui vaut pour sa fresque en quatre planches au centre de l’album, pour sa densité toujours plus remarquable et pour la poursuite de cette idée que les phylactères peuvent se tordre dans tous les sens…

 

Faust – David & Ambre Vandermeulen 

La légende de Faust est connue depuis des temps très reculés. Étudiée par Goethe qui en livrera la version la plus populaire elle aura, au fil des ans, déversé son flot d’interrogations autant qu’elle aura suscité l’envie de revisiter le mythe. La légende se construit autour de cette rencontre improbable entre le Diable en personne et le docteur Faust qui, accaparé par le savoir, en a oublié les plaisirs simples de la vie. En échange des services terrestres illimités que lui offre celui qui deviendra son valet, Faust devra, lorsque viendra l’heure du trépas, échanger son rôle avec le démon. Après une introduction qui replace le texte dans son contexte et dans l’histoire de son personnage central, le docteur Faust Ambre et David Vandermeulen suivent le canevas du récit composé par Goethe. L’adaptation et l’appropriation de l’œuvre passe ici bien plus par l’image que par le texte. Et c’est peut-être là l’intérêt le plus évident de cette relecture. Les images conservent la dramaturgie de l’œuvre originale tout en dégageant sa portée métaphysique qui se lit notamment dans les jeux d’ombres et de lumières, dans les regards profonds ou absents et dans tout un lot de détails et de choix esthétiques des auteurs. Du bel ouvrage !

 

Negalyod T2 – Vincent Perriot

Dans le premier tome de Negalyod Jarri, berger de dinosaures, entrait en conflit avec le monde des villes qui était responsable de la mort de son troupeau. Les grandes cités maintenant ne sont plus. Dans le grand basculement qui a vu la société ultratechnologisée peu à peu s’effondrer, en raison d’une montée des eaux qui a tout dévasté sur son passage, les êtres humains n’ont pu survivre qu’en acceptant de se regrouper sur des ruines laissées par l’ancienne civilisation… Mais cette tranquillité de façade va très vite être mise à mal… Vincent Perriot utilise le cadre de la SF pour nourrir ses réflexions sur le présent. Un présent qu’il juge en sursis d’un grand basculement à venir. Son récit qui se veut apologie de la nature, des éléments de vie, flirte avec le sensible, dans le sens noble du terme, avec l’idée que notre rapport à la nature peut devenir le point d’ancrage des sociétés futures, celles qui, une fois remis en cause le modèle destructeur existant, pourra de nouveau appréhender le vivant. Negalyod, en deux tomes et plus de 400 planches, se lit comme un récit coup de poing qui assume son aspect sombre pour nous interroger sur le sens que doit prendre notre avenir commun. Essentiel et inspirant.

 

Melvile T3 – Romain Renard

Romain Renard attache une importance toute particulière à la construction des ambiances, à ces petites choses qui, mises bout à bout, définissent un climat particulier dans lesquels vont se lover ses personnages. Dans Melvile, au fur et à mesure que les récits livrent une partie de leurs secrets, les trajectoires de chacun dessinent de nouveaux contours et se complexifient. C’est à ce moment-là qu’opère la magie. Car l’imaginaire du lecteur, débarqué dans la bourgade depuis les premières planches, offre ce relai de choix à la fiction. La réalité du récit flirte dès lors avec le fantastique qui lui ouvre des dimensions encore insoupçonnées. La force de l’univers de Melvile tient dans le fait qu’il se situe dans un entre-monde, sans jamais apporter de réponses toutes faites, sans non plus que les évidences le restent bien longtemps. Il y est question d’héritage, de transmission, de partage. De peurs aussi et d’un autre rapport au temps. Au final, et après presque dix ans depuis son premier volet, Melvile s’impose comme une expérience de lecture rare, prolongée par des concerts, des vidéos et tout un univers densifié par son auteur, lopin de terre par lopin de terre. Dans une construction narrative et graphique qui frôlent la perfection…

 

Mary Shelley Frankenstein – Georges Bess

Roman gothique épistolaire, à l’écriture (traduction) un peu suranné, Frankenstein traverse les âges par un message assez universel délivré sur la nature de l’homme. La créature du docteur Victor, pure, comme tout être enfanté non encore érodé au contact de la vie, va se voir salie et enlaidie par ceux qui la côtoient. Elle tentera bien par tous les moyens de s’intégrer au monde avant de saisir le message que celui-ci lui renvoie en pleine face : « il n’est pas fait pour toi ». Alors la créature deviendra monstre, et partira à la poursuite de son créateur jusqu’à un ultime rapprochement…
Comme la créature de Frankenstein, Georges Bess assemble les morceaux, les pièces, compose et décompose la matière, bataille avec un texte écrit et réécrit. Et sa créature, celle enfantée dans ses rêves ou ses cauchemars, cette créature enfin traduite sur papier, longuement maturée, devient comme une évidence. Là où la créature de Frankenstein se faisait monstre George Bess en laisse s’échapper toute son humanité. Beau et terrifiant à la fois…

 

La Brigade chimérique – Ultime Renaissance – Serge Lehman, Stéphane de Caneva & Lou

Métro parisien, ligne 11. Un homme mute en un rat immense et cause des mouvements de foule. A quelques pas de là, à la faculté de Jussieu, un séminaire du Centre de recherches sur l’Hypermonde se clôture sous la houlette de Charles Dex, professeur spécialisé dans les aberrations scientifiques. À la fin de la session il est approché par une DRH de la préfecture qui lui remet une enveloppe émanant du Préfet en personne. Le professeur de par son pedigree se voit proposer de réunir d’anciens « surhommes » dispersés un peu partout dans le monde avec l’idée de les mettre à contribution dans les sous-sols de la capitale…
La Brigade chimérique ne peut pas se lire comme un simple hommage aux récits composés durant la riche période du merveilleux scientifique même si la référence est évidente et assumée. Le foisonnement de détails, de références à la littérature et à l’illustration de la seconde partie du dix-neuvième siècle et de la première moitié du vingtième, l’encrage dans notre époque avec ses travers et le soin apporté à la construction de chaque personnage, portent le récit vers des sommets plutôt élevés. Bravo !

 

La Nuit des Temps – Christian De Metter

« La nuit des temps » de Barjavel est sûrement l’un des plus grands succès de la littérature SF française. Une expédition scientifique découvre dans les profondeurs de l’Antarctique une sphère composée en partie d’or qui n’a rien de naturel, trace d’une ancienne civilisation. Le plus surprenant réside sûrement dans le fait que la profondeur à laquelle l’objet est trouvé fait remonter son ancienneté à près d’un million d’années. Quelle civilisation a pu vivre à cette époque et comment se fait-il que, alors qu’elle semble technologiquement très avancée, elle n’ait laissé aucune trace ? Sur « La nuit des temps » Christian de Metter, qui n’en est pas à sa première adaptation, parvient à rester suffisamment proche du texte dont il déplace le propos de la guerre froide et le pacifisme vers la thématique écologique et le réchauffement climatique, plus en accord avec les préoccupations de notre société. Il oppose de fait à la grisaille ambiante des pages colorées d’une pure beauté esthétique dans la représentation du passé et du monde d’Eléa, la jeune femme retrouvée dans la sphère mystérieuse. De Metter parvient ainsi, tout à la fois à respecter les intentions de Barjavel tout en s’appropriant le récit. Du grand Art !

 

Volage : Chronique des Enfers – Tony Sandoval & Stephen Desberg 

« Pour commencer, je suis mort », dit le texte. Si la mort est souvent la fin d’une vie, d’un parcours, elle ne sera pour McGiles, notre jeune héros, que le début d’une grande déambulation au travers du royaume des morts. Tapi dans les geôles des Enfers, il sera accompagné par d’autres captifs qu’il apprendra à connaître, anciens bandits, génocidaires ou serial-killers, qui fomentent un plan d’évasion. Mais peut-on réellement s’enfuir des Enfers quand veillent au grain l’Équarisseur et ses chiens maudits ? Dans son périple sur les terres désolées des Enfers McGiles tente l’impossible. Sur sa route notre jeune héros fera la rencontre de Volage, superbe ange déchu, dont il tombera amoureux et avec qui il convoitera l’espoir fou d’un retour parmi les vivants…
Chevauchée au cœur des enfers, Volage vaut pour son écriture ciselée d’une redoutable efficacité qui parvient à mettre sur orbite un dessin atmosphérique de Tony Sandoval dans lequel le dessinateur peut laisser exprimer tout son imaginaire débordant, dont un bestiaire des plus inquiétant. Son jeu de couleurs qui mêle acidité des gris et flamboyance des rouges porte le lecteur jusqu’à un final épique. Marquant.

 

Raptor – Dave Mc Kean

Certains connaissent Dave McKean pour ses couvertures hypnotiques de Sandman, d’autres pour son dessin sur le Batman Arkham Asylum. Touche à tout il a surtout développé un univers singulier sur Cages et Black Dog que vient compléter Raptor. Sur chacun de ces projets un animal totem, le chat, le chien, le faucon, ce rapport à l’art, à l’artiste dans une proposition qui joue sur les styles graphiques : dessin, peintures, collages… le tout porté par une écriture ciselée dans laquelle chaque mot compte. Un album qui joue sur les réalités, les perceptions, les vérités et les mensonges. Du grand McKean !

 

Le Bestiaire du Crépuscule – Daria Schmitt

Dans Le Bestiaire du Crépuscule Daria Schmitt nous dévoile son intérêt pour un auteur majeur du premier tiers du vingtième siècle, H.P. Lovecraft. Pour cela elle décide de partir de l’une de ses nouvelles peu connues, L’Etrange maison haute dans la brume, et de construire un récit en miroir qui navigue entre le texte de Lovecraft et son propre récit dessiné. Nous trouvons donc dans le Bestiaire le personnage de Lovecraft lui-même qui porte le nom de Providence, un gardien d’un parc qui découvre un livre aux pouvoirs étranges qui va peu à peu le happer… Pour composer son récit Daria Schmitt s’est imprégnée de l’univers de Lovecraft, dévorant ses nouvelles et romans, ses textes et essais et parcourant les biographies complètes qui lui sont consacrées dont celle, essentielle, de S.T.Joshi. Elle y puise une atmosphère particulière dans laquelle elle dépose tout un tas de clins d’œil à l’auteur de Providence. Récit peut-être le plus maîtrisé de Daria Schmitt, Le Bestiaire du crépuscule se lit et se relit pour en saisir toutes les subtilités. Indispensable !

 

Manga

Ookami Rise T1 – Yu Ito

Nous voilà dans un futur plus ou moins proche. Le Japon n’existe plus en tant qu’État. Il s’agit désormais d’un pays occupé, au Nord par la Russie et au sud par la Chine. Il existe une zone entre les deux parties de l’île qui est démilitarisée. C’est ici qu’ont élu domicile les Wolang, une colonie de 49 créatures à mi-chemin entre l’homme et l’animal. Ils sont la résultante d’expériences chinoises de fabrication d’armes biologiques qui auraient pu leur donner l’avantage sur la Russie. L’essai ne fut pas concluant. Il y a donc ces 49 Wolang qui ont réussi à fuir et qui cherchent simplement à vivre sereinement dans la zone entre les deux camps. Ils sont pacifiques mais la Chine ne souhaite pas les laisser tranquilles. Cela commence ainsi par l’arrivée d’un commando chinois dans la zone et par un affrontement en règle entre les communautés. La bataille est serrée, le commando compte des hommes surentrainés et suréquipés, et les Wolang ont des pouvoirs spéciaux : ils guérissent tout seul, ils ont une force surhumaine et leur sang est nocif pour l’Homme. Mais c’est Ken, le chef des Wolang qui met tout le monde d’accord, c’est une créature immense et puissante. Elle laisse les derniers membres du commando s’en aller et ceci d’autant plus que l’un d’entre eux, Akira, est une vieille connaissance … J’ai beaucoup aimé ce manga. Je retrouve, encore une fois, tout le savoir-faire japonais dans la construction de récits d’anticipation avec ce qu’il faut de recul sur notre société. Il y a très souvent des thèmes intéressants traités dans ces ouvrages. C’est le cas ici. On y parle de jeunesse maltraitée par la guerre et le racisme, on y parle de liens du sang et de vengeance. Evidemment, on ne passe non plus à côté d’un discours anti-militariste : le pire peut advenir dès que c’est la course à l’armement. Côté dessins, c’est du manga pur jus. C’est centré sur les personnages au détriment des décors mais on a l’habitude. En tout cas, n’hésitez pas, c’est un très beau début de série. Lien vers notre article

 

Survivor’s Club T1 – Anajiro

Une salle de classe. Sept adolescents qui ne se sont pas vus depuis trois ans. Chacun enlève une prothèse et la pose sur une table devant eux, à la manière d’un rituel de mémoire. Car oui, il s’agit bien de se rappeler ce jour funeste : trois ans auparavant, ils étaient en train de passer un contrôle quand Hijiri, un élève taciturne, décide d’appuyer sur le bouton qui déclenche la bombe qu’il avait cachée dans son sac. C’est un carnage absolu, vingt-huit morts et les sept autres sont mutilés. Takumi a décidé de réunir les survivants, il en fait aussi partie, car il veut connaître la vérité. Il mène ainsi une enquête car il pense que l’un des survivants a donné la bombe à Hijiri, ce dernier était harcelé et il n’était pas revenu à l’école depuis plusieurs mois. Takumi pense que son acte a été orchestré. Ce qui est étrange c’est que, trois ans après ces événements, il y a eu un attentat dans un collège de la ville faisant deux morts et dix blessés. Pire encore, un autre est en train de se mettre en place dans un autre établissement et la jeune fille qui porte une bombe commence à organiser un jeu terriblement macabre. Cette BD ne laisse pas indemne. L’écriture est sans concession et l’auteur s’attaque directement au fléau du harcèlement et à celui de la vengeance. L’intrigue autour de la responsabilité du premier attentat est tout à fait bien construite et l’idée d’y superposer d’autres événements dans d’autres collèges renforce l’ambiance mystérieuse. Je ne vous le cache pas, c’est assez lourd voire glauque par moments mais je pense que c’est nécessaire, le but étant de montrer ce qu’il y a de plus noir en nous mais aussi ce que le désespoir peut faire faire. Le dessin arrive parfaitement à mettre en avant les émotions et il ne fait pas de cadeaux lorsqu’il s’agit de montrer la mort et la désolation. Voilà donc un tome 1 prometteur qui nous tient en haleine et qui pousse à lire la suite ! Lien vers notre article. 

 

Dragon Quest The Adventure of Daï T1 – Riku Sanjo

Alors que la paix était de retour depuis l’extinction du Seigneur du Mal il y a de cela 15 ans, ce dernier est ressuscité ! De retour bien plus puissant qu’avant, il se rend sur l’île Dermline pour se venger du héros qui l’avait terrassé autrefois : Avan. Devenu « Précepteur », celui-ci est maintenant dans l’obligation d’affronter une nouvelle fois son adversaire, ceci afin de protéger ses disciples. Mais après avoir fourni un entraînement très intensif auprès de Daï, et alors qu’il n’a plus beaucoup d’énergie, sera-t-il à la hauteur pour terrasser Hadlar ? Le début de l’ouvrage nous raconte la légende d’un héros ayant vaincu le Seigneur du Mal. Une aventure que Papi Brass, un monstre désormais pacifique, transmet à son petit fils adoptif, Daï. Ce dernier étant le seul humain vivant sur l’île déserte et isolée de Dermline, pourtant remplie de monstres. Aspirant lui aussi à devenir un héros, Daï s’entraîne régulièrement à manier les lames, mais n’apprécie guère les enseignements de sortilèges de magie que son grand-père lui enseigne. Pourtant Papi Brass souhaiterait que son petit-fils devienne simplement un magicien digne de ce nom. Mais un jour, de prétendus héros arrivent sur l’île et se servent du petit Daï pour assouvir leur soif de gain : vaincre les monstres et enlever le petit Gomé, un gluant volant de métal doré. Berné par cette ruse et n’écoutant que son courage, Daï part alors de son île pour tenter de sauver Gomé. Même si le format utilisé présente une largeur légèrement moins confortable pour la lecture de doubles pages, j’ai littéralement dévoré ce premier tome. L’écriture de l’auteur permet de ne pas s’ennuyer un seul moment, de plus grâce à la supervision de Yūji Horii, le design des personnages et du bestiaire iconique (les Golems, les gluants, entre autres) de la saga Dragon Quest respectent totalement le chara-design d’Akira Toriyama. Un premier ouvrage avec de superbes illustrations en noir et blanc ou colorées, ainsi que des affrontements d’ores et déjà épiques. Si vous ne connaissez pas encore ce shônen ou si vous êtes fan des DQ, franchement, c’est un premier tome à ne pas rater. Très hâte d’en découvrir la suite ! Lien vers notre article.

 

Leviathan T1 – Shiro Kuroi

Le Leviathan est un vaisseau spatial gigantesque à la dérive. Des pilleurs d’épaves y pénètrent et ils tombent sur le journal intime d’un collégien appelé Kazuma. Ils découvrent alors les mystérieux événements survenus dans le vaisseau. C’est dix ans plus tôt que le jeune Kazuma participe à un voyage scolaire en direction de la Terre. Des explosions endommagent gravement le Leviathan laissant les collégiens et leurs professeurs seuls dans leurs quartiers. Ces naufragés ne vont pas tarder à découvrir que l’oxygène va vite manquer et qu’une solution existe à bord du vaisseau mais elle ne peut être réservée qu’à une personne, les autres sont condamnées. Le manga délivre une ambiance remarquable. Alors oui on connaît ce genre de pitch, celui de personnes prises dans une situation dramatique qui, du coup, sont mises à l’épreuve. On retrouve ainsi les mêmes thèmes de l’égoïsme, du désespoir, des manipulations. Mais cet ouvrage nous propose un contexte très particulier avec des personnages intrigants et inquiétants. Le dessin est très fin, avec des contrastes vraiment réussis. Et puis ce décor de vaisseau spatial ajoute une pincée d’angoisse très palpable. Tout cela rend la lecture passionnante et nous donne envie de lire tout de suite le tome 2. Lien vers notre article. 

 

Gantz:E T1 – Hiroya Oku & Jin Kagetsu

Gantz est une série bien connue. En voici un spin off qui se déroule pendant la période edo, donc à l’époque du Japon féodal. Hanbe’e est un beau jeune homme qui décide de prendre femme et donc de déclarer sa flamme à Oharu, son amie d’enfance. Mais elle est amoureuse d’une autre personne qui s’appelle Masakchi. Hanbe’e décide d’aller à sa rencontre et cela se transforme rapidement en pugilat. L’orage bat son plein et les deux jeunes hommes interrompent leur bagarre car une fillette est tombée dans la rivière rugissante. Ils sautent dans les eaux tumultueuses pour la sauver. Cette opération leur coûte la vie à tous les deux. Ils sont alors transportés dans une maison étrange avec d’autres personnes, mortes comme eux. Au centre de la pièce, il y a une sphère noire qui leur donne l’ordre de tuer quelqu’un et leur fournit des armes. Il est temps de se battre pour survivre. On retrouve encore une fois cette mystérieuse sphère propre à Gantz. Ce premier tome est très orienté vers l’action et, comme d’habitude, ils ne font pas dans le détail. Pour l’instant, nous n’avons pas encore pu fouiller dans les caractères des personnages mais le terrain est propice à cela pour le tome 2. Le dessin est habile et joue pour beaucoup dans l’ambiance sombre et glauque de ce manga. Les combattants corbeaux sont tout simplement flippants et c’est bien cela qui apporte du plaisir dans cette lecture : une forme de stress constant. Lien vers notre article. 

 

Le Cauchemar d’Innsmouth T1 – Gou Tanabe

Tout juste majeur le jeune Robert Olmstead entreprend la visite de la Nouvelle-Angleterre avec, pour fil conducteur, son intérêt pour la généalogie et les antiquités. Arrivé à Newburyport il envisage de se rendre à Arkham d’où est originaire la famille de sa mère, mais le billet de train qui lui est proposé semble excessif et hors de portée de ses finances. Le guichetier lui indique alors la possibilité de s’y rendre par un bus qui marque un arrêt dans la ville maudite et oubliée d’Innsmouth. Une ville qui n’inspire que le dégout aux personnes qui la connaisse. Les rares voyageurs qui s’y sont rendus depuis attestent que ses habitants arborent des « physiques assez spéciaux ». Fasciné par cette histoire et le voile de mystère qui recouvre la ville, le jeune Olmstead décide d’en savoir plus… Divisée en deux parties, cette adaptation fascine pour plusieurs raisons. D’abord c’est le foisonnement de détails qu’apporte Gou Tanabe dans l’architecture de la ville maudite d’Innsmouth. Ensuite c’est la capacité du dessinateur à faire croitre la tension par des narratifs ou des dialogues au cordeau entre les personnages. L’exigence graphique et la capacité de Tanabe à s’immerger dans l’œuvre de Lovecraft comme peu l’avait fait avant donnent à voir une « revisite » expressive et immersive du mythe de Cthulhu. Essentiel.

 

 

Comics

Un été cruel – Ed Brubaker & Sean Phillips

Ricky entre par effraction dans une maison où tout le monde semble dormir. Alors qu’il fouille les tiroirs à la recherche d’un quelconque butin, le seul habitant de la maison le surprend. Visiblement malade d’Alzheimer, la personne âgée prend l’intrus pour son petit fils et commence une conversation presque totalement incohérente. Ricky en profite pour dégoter un collier précieux mais le propriétaire a un moment de lucidité et il se jette sur le jeune homme semblant prêt à l’étrangler. La bagarre se finit par un tabassage en règle du pauvre papy qui se retrouve presque sans vie à terre. Ricky prend la poudre d’escampette mais il ignore qu’il vient de faire une très grosse bêtise. Il est le fils de Teeg Lawless qui sort tout juste de prison et qui va devoir rattraper cette erreur. Vous le savez, j’adore ce que font Brubaker et Phillips. Leurs productions font partie de ce qui se fait de mieux dans la BD polar à mon goût. Ici, ils nous proposent une sorte de spin-off de la série Criminal, si vous suivez cette dernière, vous allez retrouver des têtes connues mais à une autre époque. Cet ouvrage m’a vraiment beaucoup plu, les auteurs insistent, comme toujours, sur les personnages, ils creusent leur psychologie pour mieux nous montrer leurs motivations et, quelque part, le fait aussi que la vie s’est imposée à eux, comme cela. Ils nous livrent aussi une sorte de vue amère sur la fatalité, certaines choses arrivent car elles doivent arriver, sans mysticisme aucun, simplement une constatation. On s’attache à ces personnages brutaux et émouvants, sortes de marginaux en quête d’une vie meilleure. Le dessin de Phillips est toujours aussi précis et les contrastes viennent ajouter du relief à ce polar. Lien vers notre article. 

 

Matrix l’Intégrale des Comics – collectif

L’ouvrage que j’ai entre les mains propose pas moins de 28 histoires qui ont été publiées de 1999 à 2003 sur le site TheMatrix.com. Les Watchowski et l’éditeur Spencer Lamm ont invité des pointures des comics à l’époque : Neil Gaiman, Bill Sienkiewicz, Geof Darrow, Dave Gibbons, Tim Sale, Poppy z. Brite, Michael Oeming, Paul Chadwick, et bien d’autres… Ici, point de continuité, non, simplement des vues diverses et variées autour des thèmes de la matrice : la liberté de pensée, le choix, les croyances, la soumission, … Ainsi, ce sont des récits plutôt courts qui nous sont livrés et qui nous invitent à des incursions soit dans la matrice soit dans le monde des machines. A noter qu’il y a aussi des mini-nouvelles disséminées ici et là au milieu des planches dessinées. C’est vraiment bien fait pour qui sait lire un peu entre les lignes. Si vous êtes du genre à ne considérer que l’action dans la trilogie Matrix, vous risquez d’être déçus par cette BD. Non, ici il faut savoir réfléchir aux thématiques soulevées par les longs-métrages, il faut apprécier chaque histoire comme une pierre supplémentaire dans votre propre réflexion. J’ai beaucoup aimé Spectacle d’Adieu qui nous propose de suivre les pas d’un illusionniste au sein de l’illusion de la matrice. Il y a aussi Cours, Saga, Cours qui nous présente Saga Talmer, une jeune fille étudiant auprès de l’Oracle. Mais elle s’ennuie et elle va prendre des risques, pour sa propre liberté. Encore le thème de la liberté, celle du choix notamment, celle-là même qui peut aussi être remise en cause au sein de Sion. Autant d’histoires, autant d’approches qui consolident l’univers de Matrix. Autant de styles graphiques aussi qui apportent beaucoup de richesse à l’ensemble. Un très beau cadeau de Noël. Lien vers notre article. 

 

Solo Alpha – Oscar Martin & Juan Alvarez

Nous voilà replongés dans le monde de Solo. Oui oui je sais, vous êtes en train de vous dire que je vais encore porter cette série aux nues. Et bien vous n’avez pas tort. Oui Solo c’est du grand art, pour vous en rendre compte vous pouvez relire une de nos anciennes chroniques. Cette fois on nous propose de vivre les événements qui ont conduit au tome 1. Nous voilà donc immergés dans ce monde aux airs post-apocalyptiques, dominé par les clans des chiens qui souhaitent prendre l’ascendant sur toutes les autres races : rats, humains, ours et autres. Dans cet univers, les animaux parlent et ils sont de la taille des humains, ces derniers étant devenus une race menacée. On nous propose de suivre le destin d’Origine, chien de son état. Il fait partie d’un clan puissant qui est en train de s’allier à leurs voisins et cela passe par l’union de Désir et d’Etoile, fils et fille des chefs des deux clans. Le problème c’est qu’Etoile et Origine sont amants. Et ils veulent fuir.Oui le pitch de départ peut sembler déjà vu mais la force d’Oscar Martin c’est de décrire un monde différent dans lequel cette histoire d’amour prend toute son ampleur. Ce monde sauvage contraste vraiment avec le propos de l’auteur qui veut croire en la tendresse même dans ces circonstances. La violence est inouïe mais c’est un monde où survivre passe forcément par les armes. On suit ainsi les pérégrinations du couple avec angoisse et stress, le rythme ne se dément jamais. On ressort vidé de cette lecture. Le trait est parfait, comme d’habitude le travail de Juan Alvarez ne souffre d’aucune critique. Encore un volet de plus à la grande saga Solo. Lien vers notre article. 

 

Batman Imposter – Mattson Tomlin & Andrea Sorrentino

Encore un ouvrage édité par Urban Comics sous le label ‘les albums du film The Batman’. On s’attend donc à une ambiance bien noire, proche de celle distillée par Frank Miller dans Batman Year One. Tout commence par un gros craquement dans la nuit, nous sommes chez la psy, Leslie, qui s’est occupée de Bruce Wayne juste après le meurtre de ses parents. Ce craquement, c’est l’arrivée tonitruante de Batman, gravement blessé et qui s’écroule brutalement sur le sol de l’appartement. Leslie enlève son masque et découvre alors la véritable identité du vengeur masqué. Elle décide de le soigner sur place pour ne pas divulguer son secret. Mais au réveil de Bruce, elle lui demande de venir tous les matins, à l’aube, pour pouvoir discuter avec elle, sinon elle dévoilera son identité au monde entier. Son but n’est pas de lui nuire mais plutôt de le protéger. Et il aura besoin de son aide car quelqu’un a décidé de se faire passer pour lui et d’assassiner les vilains de la ville, cet adversaire et cette manière de faire vont bousculer notre ami Bruce. Un très bon album, voilà ce que j’ai entre les mains. Il est sombre à souhait, déjà par son trait. Andrea Sorrentino fait un travail incroyable. L’encrage fait beaucoup pour l’ambiance aussi avec des teintes inquiétantes, mettant en relief les visages torturés. Tout cela, en sus du scénario, ne prédestine pas cette BD aux plus jeunes, non c’est clairement dédié aux adultes qui aiment les thrillers noirs et sanglants. Dans ce contexte, le scénario ne fait pas que de nous livrer des combats acharnés, il nous propose un voyage inattendu dans la psyché des personnages. Il y a d’ailleurs une belle galerie de personnalités, ainsi la rencontre que Bruce fait au sein du GCPD donne beaucoup de relief à l’ensemble. En bref, une excellente BD à posséder pour tout fan de comics. Lien vers notre article. 

 

Reckless, l’Envoyé du Diable – Ed Brubaker & Sean Phillips

Ethan Reckless vous connaissez ? Peut-être pas, il faut dire qu’on ne vous a pas proposé de chronique pour le premier album le mettant en lumière. Mais bon, on essaie de se rattraper avec ce deuxième tome, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Ethan est un privé qui s’occupe de différentes affaires si tant est qu’on le paie. Nous voilà en 1985, il est poursuivi par des inconnus, en voiture. Il finit par percuter un véhicule à l’arrêt, il sort du véhicule et s’enfuit vers une plage proche. Ses poursuivants le suivent à pied, c’est un gang de skin heads. Petit flash-back, notre détective se trouve à la bibliothèque publique de Santa Monica. Il cherche des informations sur Richard Fuller, un homme de 45 ans qui s’est jeté de son bateau de pêche cinq ans auparavant, laissant derrière lui une lettre annonçant son suicide. Il rencontre alors Linh, à l’accueil de la bibliothèque et cela va changer sa vie… Décidément ce duo est en or. Cette BD qui pourrait sembler classique dans son scénario est bien plus que cela. C’est avant tout une plongée dans les années 70 et 80 mais aussi dans celui de certains milieux de l’époque : les sectes, les groupes violents et tous ceux qui cherchaient à exploiter les faibles. C’est extrêmement stressant, angoissant, cela nous renvoie une image de l’Humain tellement écoeurante. Oui c’est sombre mais les auteurs nous proposent aussi quelques ouvertures vers l’espoir, comme s’ils nous disaient que tout n’est pas perdu sur notre planète. Encore du grand art qui vous retourne ! Merci les artistes. Lien vers notre article. 

 

Nightwing T1, Le Saut dans la Lumière – Tom Taylor & Bruno Redondo

Nightwing est revenu à Blüdhaven. Nous sommes à la suite des événements de Joker War, Alfred est mort et Dick a reçu une balle dans la tête. Sa ville est retombée dans les mains des gangsters, Blockbuster en tête. Cette pègre maîtrise la ville de bout en bout, ils ont même réussi à placer la fille de Zucco à la tête de la mairie. La tâche est donc ardue pour notre héros mais il reçoit l’aide bienvenue de Barbara Gordon dans son rôle d’Oracle. Cette aide sera d’autant plus précieuse que Dick doit affronter un autre adversaire : quelqu’un arpente les rues sombres de la ville pour voler le coeur de passants innocents. Et quand je dis voler le coeur, c’est au sens propre du terme. C’est une très belle surprise ! Le scénario est fin et les personnages ne manquent pas d’épaisseur. Dick est toujours une personne aussi attachante et le contexte dans lequel il revient à Blüdhaven permet d’activer pas mal de leviers autour de l’émotion. Il y a d’ailleurs une très belle surprise mais que je ne peux pas vous révéler ici. L’humour ne manque pas non plus, notamment autour de la Bat-communauté, cela rend le propos très humain et très moderne. J’ai aussi beaucoup aimé la galerie de vilains proposée ici. Le dessin est fin, le découpage des planches ne manque pas de peps non plus. En bref, c’est très agréable à lire. Voici un premier tome qui remet ce héros en lumière et c’est tant mieux. N’hésitez pas une seconde. Lien vers notre article. 

 

Goldorak – Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu & Alexis Sentenac

On n’osait y penser. Voilà donc le résultat du projet français consistant à raconter les événements qui surviennent à l’issue du dernier épisode de l’anime, diffusé en 1980. Ce qui est inespéré, c’est l’accord de Go Nagai, le créateur de Goldorak. Car oui nos amis japonais sont très regardants sur leurs bébés. Nous voilà donc sur Terre après que Goldorak ait vaincu les forces de Vega. L’histoire commence sur la lune, des astronautes explorent l’ancienne base de Vega à la recherche de lasernium, une source d’énergie très recherchée. Alors qu’ils approchent, un vaisseau amiral sort du sol et expulse un Golgoth qui atterrit directement au Japon. La menace est donc de retour mais il y a un seul souci ici : Goldorak n’est plus là, Actarus est reparti sur sa planète natale, Euphor. Alcor et Vénusia essaient de resister mais cela ne suffit pas. Quelle belle BD, quel beau retour. Nos frenchies ont réussi à respecter l’héritage de notre héros tout en lui donnant un sacré coup de jeune. La transition avec les anciennes histoires est très bien construite mais, surtout, le ton est terriblement moderne. On y trouve un monde beaucoup moins manichéen que celui de la série. Nos héros se posent beaucoup de questions, sur le bien et le mal et, justement, les forces du mal ne sont pas aussi noires que cela. C’est vraiment bien pensé et bien construit. Il y a évidemment ce plaisir nostalgique de retrouver tous ces héros, d’autant plus que les auteurs ont réussi à respecter le caractère d’origine des personnages. Le dessin n’est pas en reste, c’est respectueux par rapport au trait japonais tout en y ajoutant une touche de BD européenne. Lien vers notre article. 

 

Scurry T2 – Mac Smith

Et voilà le deuxième tome de cette trilogie. Nous voilà donc replongé dans ce monde des animaux. Oui les hommes sont absents de cette contrée, ils ont laissé affaires et maisons. On retrouve au début de ce récit, la souris Pict qui avait été enlevée par un rapace à la fin du tome 1. La chance lui permet de s’échapper ce qui l’amène à une rencontre salvatrice avec un écureuil. Autre lieu, c’est Wix qui est perdu dans la forêt et qui cherche notre petite Pict justement. Il fait la connaissance d’une tortue bien étrange mais aussi d’un allié inattendu. Et ce n’est pas tout, les choses se précipitent, nos amis vont découvrir un nouveau monde avec ses conflits et sa géopolitique. L’auteur a mis le boost ! Le tome 1 plantait le décor et du coup manquait d’un rien de rythme mais là c’est passionnant en tous points. On découvre un nouvel univers dans ce road-trip en terre hostile. C’est bourré de personnalités diverses et la découverte des complots en jeu est jouissive. L’auteur arrive à nous tenir en haleine, à multiplier les astuces scénaristiques et surtout il nous offre un univers vaste. Rien à voir avec le tome 1, le rythme est soutenu, l’histoire est palpitante. Et puis il y a toujours ce dessin parfait. J’adore vraiment, c’est du grand art. Lien vers notre article. 


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