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Une BD sous le bras : Regards de femmes, fortes ou fragiles

Elles sont fortes ou fragiles, emplies d’espoirs ou de doutes, elles sont femmes, entières, passionnées, elles délivrent leur vision de la vie avec délicatesse, humour, force de conviction. Héroïnes de BD magnifiées par le regard d’auteurs masculins ou féminins, les filles et femmes qui composent les récits que nous vous présentons ici ne laissent pas de marbre car elles démontrent toute leur complexité et leur force de caractère. Donc essentielles…

 Sirene1

 

Mères AnonymesEtre mère c’est la joie de partager avec son enfant, le bonheur de le voir grandir, de longs moments complices avec l’être cher qui soutient la nouvelle maman, bref c’est le pied. Ou tout du moins ça devrait l’être. Sauf que dans notre société actuelle où les ménages se décomposent, se recomposent, se complexifient, la mère peut très vite se trouver face à un mur d’incompréhensions. Celles de ses proches, des commères du village ou du quartier de tout un chacun qui, même en ne pensant pas à mal, peut se trouver à l’origine d’un véritable malaise. C’est pourquoi, à l’instar des Alcooliques Anonymes, il existe une cellule d’écoute qui soutient les mamans parfois en détresse : les Mères Anonymes. Les réunions régulières de cette association sont l’occasion d’échanges d’expériences, de conseils, de soutiens et surtout d’écoutes de l’autre. Pour une mère perdue, ou au bord de la dépression, partager ses doutes, ses craintes, ses peurs peut s’avérer être une solution pour tenir le coup, avancer et ne pas sombrer dans la dépression.

Avec cet épais album dédié aux mères, mais pas uniquement, Gwendoline Raisson et Magali Le Huche croquent des moments de vie, des scènes du quotidien que nous avons tous vécus en tant qu’acteur ou observateur. La vie de la mère ou future mère se trouve ainsi dépeinte dans ses larges coutures, du test de grossesse à l’annonce aux copines et aux proches, en passant par l’accouchement à l’hôpital, les longues discussions avec d’autres mères sur les bancs publics des parcs de la ville… toutes ces scènes du quotidien sont envisagées sous leur côté humoristique et humain, pour déstresser les futures mamans ou les mamans qui galèrent dans leur quotidien et dédramatiser certaines situations. Un petit album à sketches qui fonctionne parfaitement !

Raisson/Le Huche – Mères Anonymes – Dargaud – 2013 – 17, 95 euros

 

black cityBlack City, ville perdue en plein désert. On n’y trouve pas grand-chose, si ce n’est un centre de recrutement de l’armée, un saloon où on joue au poker et une maison de passes. Pas la plus huppée de l’Ouest, mais pas la plus sordide non plus. Dans cet établissement fréquenté par les futures recrues de l’armée ou les militaires de carrière aux ventres bedonnants officient trois déesses de l’amour, des filles à faire tourner les têtes, suffisamment jeunes pour offrir un corps encore frais et propice à toutes les envies et suffisamment expérimentées pour proposer des scenarii propres à alimenter les esprits et les corps dans des assauts lubriques où le foutre coule à flot. Elles, ce sont Enna, Jodie et Eloïse. Des filles aux caractères bien trempés qui n’hésitent pas à prendre les opérations (et autres phallus) en main.

Dans le premier volet de ce western-érotique, les trois naïades avaient trempé dans un coup fumant duquel elles devaient voir tomber de gros billets verts. Pour cela rien de bien compliquer. User de leur corps pour retenir des convoyeurs chargés de livrer la paye destinée aux valeureux soldats de la bourgade. Le plan ne se passa pourtant pas comme ces demoiselles l’auraient voulu. En plus d’être bernées jusqu’à la moelle, les belles essuyaient des blessures qui les meurtrirent dans leur chair. Et la chair, pour une catin qui se respecte, c’est sacré. La vengeance se fomenta avec comme seul but de faire payer le prix fort à ceux qui ont crus pouvoir les abuser. Après avoir occis les deux premiers hommes inscrits au débit, les belles retrouvent la route d’un certain Long John…

Suite du triptyque détonnant de Rastrelli et Nuti. Les deux italiens poursuivent ce mélange des genres, western-érotisme-violence, avec la même maestria. Les couleurs laissent planer une ambiance de vieux polar sordide qui sent le whisky, la sueur, la terre chauffée à blanc, le foutre et le sang. Des ingrédients qui font monter indubitablement la sauce et alimente une intrigue dans laquelle nous découvrirons que les belles ont aussi une âme malgré tout et que les grands méchants ont aussi pas mal souffert dans leur vie. Pas excusables pour autant, mais la route encore longue ne laissera pas deux chances à ceux qui n’en ont pas forcément accordé une à nos trois belles…

Rastrelli/Nut – Les bêtes de Black City T2 – Tabou Editions – 2013 – 15 euros

 

DOUCE TIEDE PARFUMEE T1[BD].indd.pdfDans le Londres victorien la jeune Ally est une jeune femme comblée. Fille d’un célèbre chercheur en biologie, sociologie et philosophie, elle est promise à un bel avenir puisqu’elle doit épouser un jeune homme aimant de bonne condition. Autant dire que son avenir semble devoir se résumer à un déferlement de bonheurs et de joies sans fin. Sauf que ce monde rose bonbon dans lequel elle évolue depuis toujours va virer au cauchemar. Poursuivie par des rêves macabres la jeune femme se réveille un matin en sursauts et court vers le bureau de son père envahie d’un mauvais pressentiment. Et pour cause, celui-ci vient d’être sauvagement assassiné et beigne dans son sang. Accablée, Ally ne va pas se contenter de l’enquête officielle et voudra découvrir par elle-même ce  qui se cache derrière ce crime crapuleux. Elle va alors dénicher, dans le bureau de son père, des documents d’une nature troublante : Elle ne serait pas la fille naturelle de ses parents et aurait une sœur jumelle, Carry. Pire que cela, son père l’aurait adoptée afin de mener à bien une expérience sur le déterminisme social. Placées dans deux contextes familiaux opposés, les deux filles, malgré une trace héréditaire commune, se comporteraient différemment en raison de leur acquis. Ally effondrée va dès lors essayer de retrouver des traces de son passé, de sa mère et de sa sœur, aidée en cela par Juan un jeune homme qui lui évitera le suicide…

Placé dans un univers steampunk, cette série prometteuse de l’Argentin Ignacio Noé possède une beauté esthétique réelle qui vient de la densité de l’univers créé, de l’attention portée aux personnages et du rythme qui alterne calmes plats et scènes de terrible violence. Un graphisme au charme désuet qui sied au cadre développé par Noé. Une série à suivre.

Noé – Douce, tiède & Parfumée – Glénat – 2013 – 13, 90 euros

 

sireneMagda ne pensait pas être enceinte, et au-delà avoir ce terrible choix, cette décision qui hante celui qui a un jour à la prendre : garder ou pas l’enfant qui se profile et qui changera les vies ? Magda a trente-trois ans, un âge de maturité, un âge dans lequel les attentes sont fortes et les décisions peut-être plus dures à prendre. Pourtant il faudra choisir et elle ne peut décider seule car l’enfant à venir a aussi besoin d’un père. Le père, c’est Nour, et aux vues des premières discussions il n’est pas favorable à cette paternité. Pas maintenant : Je crois qu’il pense que je l’ai fait exprès. Il a dit qu’il ne voulait pas en entendre parler, et qu’on avait déjà assez de problèmes comme ça.  Au volant de sa voiture la jeune femme sillonne le Maroc, des bords de mer aux sillons de l’Atlas, elle se dirige vers Nour avec beaucoup de questionnements, un sens à donner à sa vie, et l’incertitude sur ce qu’elle trouvera au bout du chemin. Sur sa route elle croisera une jeune fille rousse à la peau diaphane qui se mure dans un mutisme obsédant. Qui est-elle ? Connait-elle Nour dont elle serre fort sur son corps la photo aperçue dans la chambre de Magda ? Des questionnements qui trouveront un sens, une/des réponse(s) de cette confrontation.

Le charme qu’opère Sirène sur son lecteur en fait une véritable expérience de lecture. Aussi bien sur la forme que sur le fond, cet album possède en effet une force d’attraction qui nait des questionnements qui nous parcourent à sa lecture. Sur la forme tout d’abord, Daphné Collignon joue sur la déconstruction du découpage classique BD, pour alterner de longues pages de textes façon journal intime, des planches en neuf cases ou en panoramiques, des pleines pages tout droit sorties d’un rêve éveillé, des fondus noirs, une alternance aussi de couleurs et de noir & blanc, des planches plus contemplatives dans un récit qui se veut épouser le cheminement de la pensée de la jeune Magda, une jeune femme en recherche de sens, de réponses pour orienter sa vie. Le récit par le mélange esthétique des formes et un texte teinté d’une poésie qui vire à l’onirisme pourrait se lire nous dit l’éditeur comme une variation personnelle de La petite sirène d’Andersen teinté d’un Paris-Texas pour le sel et la chaleur. Pourquoi pas. Mais cela va au-delà et devrait ne pas laisser indifférent celui qui décide de faire fi de ses croyances, de ses certitudes pour s’y plonger pleinement.  

Collignon – Sirène – Dupuis – 2013 – 14,50 euros

 

 

 

 

 


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