Lancé en 1997 par Eiichiro Oda, One Piece est devenu une oeuvre incontournable dans les esprits. Fort de son grand succès, grâce notamment à un univers très intéressant sur les pirates, divers retournements de situation, des personnages attachants, et des affrontements mémorables, One Piece s’est vu décliné en plusieurs genres : anime, produits dérivés,… On compte d’ailleurs bientôt une centaine de mangas, et près de 900 épisodes pour l’anime, sans compter les « films ».
Il a fallu seulement attendre 3 ans après le début du manga, en 2000 précisément, pour que One Piece se décline en jeux vidéo avec un premier épisode pour Wonderswan au Japon. Depuis les aventures de l’équipage du Thousand Sunny ont subi de nombreuses adaptations en JVs avec des softs d’Aventure comme les Unlimited, des jeux de combat avec Burning Blood, Grand Battle!, ou encore des Musô avec les Pirates Warriors, sans oublier les apparitions dans divers cross-over. En reprenant la main, les développeurs de Ganbarion retrouvent une oeuvre qu’ils ont côtoyée pendant presque une vingtaine d’années en tout, et pour World Seeker, ils renouent encore une fois avec le genre Aventure, mais tentent aussi de grosses prises de risque.
Une histoire totalement inédite
A contrario de certains épisodes qui suivent la trame scénaristique de l’anime/manga, le scénario de One Piece World Seeker, supervisé par Eiichiro Oda, l’auteur de l’oeuvre en personne, est totalement inédit pour l’occasion. Dans celui-ci, on retrouve l’équipage au Chapeau de Paille sur l’Ile Prison (ou du moins une forteresse actuellement), qui recèle, semble-t-il, un trésor.
Après leur investigation sur place, l’équipe, séparée, découvre qu’il s’agit d’un piège et qu’ils se sont fait berner. Monkey D. Luffy se retrouve seul face au chef du gardien de l’île, Isaac. S’ensuit alors un affrontement, et le retrait des différents héros de la forteresse. En mauvaise posture puis « éjecté » de la forteresse, Luffy est sauvé par Jeanne, une Antimarine, mais il est seul, ses compagnons ayant été capturés pendant leur « fuite ».
Partant à leur recherche, il va découvrir que cette île est témoin d’une guerre/rivalité entre Promarine et Antimarine, mais quelque chose d’autre se trame…
Débutant habilement par une intro en anime qui annonce du bon et les voix officielles japonaises, l’histoire reste finalement classique mais agréable à suivre grâce au conflit installé. On découvre de nouveaux personnages, mais on retrouve aussi bon nombre de camarades de Luffy, qu’ils soient, ou ne soient pas dans son camp, avec l’humour qui caractérise la série, comme les blagues douteuses de Brook, ou le sens d’orientation légendaire de Zoro.
Ce fan service/références, servi aussi bien par des easters eggs que des discussions, met également en place un système de Karma. Bon, ou mauvais, Luffy peut ainsi améliorer son « affinité » avec divers personnages en réalisant plusieurs missions avec, à la clé, de nouvelles scènes ainsi que de nouvelles missions. On déplorera toutefois le peu de cinématique disponible dans le soft.
La base d’un Monde Ouvert, et des essais
Avec une histoire inédite, se passant sur une île, qui elle-même est le fruit de l’imagination des développeurs, Ganbarion explore pour la première fois les possibilités d’un monde ouvert dans un jeu vidéo One Piece. Sans être à l’échelle des renouveaux de l’Open World très récent, l’île est suffisamment grande pour proposer divers environnements restants dans le thème de l’anime/manga avec des forêts, villages, ports,… et même une grande ville, Steel City. Si celle-ci est dans les codes colorés de l’oeuvre, comme tout le reste, les bâtiments risquent, par leur aspect moderne, de contrarier certains puristes même si le choix est justifié par le contexte d’île prison.
Mis à part cette modernité, le point négatif c’est que cette île n’est que très peu peuplée, oui c’est encore justifié par l’aspect narratif, mais bon. On n’échappe pas non plus aux PNJs « multiclonage » ni aux quêtes (principales et secondaires) de types Fedex dans un premier temps : aller chercher des matériaux/ressources à un point A, puis les ramener au point B, ou vaincre les ennemis installés dans la base A. Néanmoins, après quelque temps, même si les quêtes gardent cet aspect Fedex, elles ajoutent un aspect narratif, et nous permettent d’en apprendre notamment davantage sur cette île et ses secrets.
C’est grâce à son univers, lié à celui de One Piece, que l’on apprécie de se balader librement dans les divers environnements. Ceux-ci renferment de nombreuses ressources et non moins nombreux matériaux, servant à la confection d’accessoire/repas, mais aussi des coffres éparpillés çà et là et qui n’attendent qu’à être pillés. Dans ces derniers, point d’acquisition d’armement, ce sont uniquement les ressources qui priment, et même des costumes. Ces costumes, à confectionner, sont en vérité des vêtements étant portés directement par Luffy à certains moments de l’anime, voilà une touche de fan service en plus.
Le soft, sous ses mécaniques de monde ouvert, nous permet aussi de voyager plus rapidement grâce à une compétence de Luffy, le Gum Gum Rocket, ce dernier permettant de voler à bonne distance. Toujours niveau compétence, à l’instar d’AC et Metal Gear, le titre réserve des parties d’infiltration. On peut ainsi, sans se faire repérer, éliminer un ennemi en s’approchant doucement de lui, et même enchaîner les assassinats ! Et comme Snake, Luffy peut aussi se cacher, ici dans des tonneaux, avant de surgir. Comme tous les éléments introduits dans le soft, on sent que Ganbarion tente plusieurs choses pour sans doute savoir véritablement quelles orientations prendre pour le futur de la série décliné en jeu vidéo. Si de bonnes idées sont déjà là, attention toutefois à ne pas tomber dans les pièges de l’Open World.
Un sentiment de puissance dans les combats
De manière libre, ou en fonction de certaines missions, les adversaires, visibles sur le terrain, que ce soit des combattants, Amiraux de la Marine, ou des pirates, peuvent être affrontés. Disons-le tout de suite, l’expérience change radicalement en fonction de la difficulté choisie. Ainsi en Normal, un simple bourrinage de la même touche suffit pour vaincre les divers ennemis, alors qu’en difficulté largement supérieure, une approche plus maîtrisée est nécessaire, les ennemis, bien plus forts et résistants, pouvant nous envoyer au tapis en un seul coup.
Luffy, toujours seul personnage aux commandes, dispose d’une seule touche d’attaque au corps-à-corps, qui est à multiplier pour enchaîner les combos et sortir une attaque plus puissante. Mis à part ces attaques rapprochées, Luffy dispose également d’une attaque à distance, gérée par un réticule de visée, dans ce cas, il vaut mieux viser la tête d’un ennemi pour occasionner davantage de dégâts. Mais ce n’est pas tout car à chaque attaque, traditionnelle ou visée, réussie, une jauge de tension se remplit, jusqu’à pouvoir glaner des « points » distincts.
A chaque (ou plusieurs) point acquis, jusqu’à 3 maximum, il est envisageable d’opter pour l’une des attaques spéciales connues des fans comme Red Hawk ou Eagle Storm, du temps que celle-ci soit apprise. Toutefois pour bien frapper l’ennemi, le réticule de visée ne suffit pas, il faut aussi être orienté dans le bon sens, sinon la frappe passe clairement à côté, voire à l’opposé. Et malheureusement, ici le lock-on n’est pas des plus pratique car différent de ce que l’on connaît traditionnellement. Explication, ici le lock utilisé en jeu sert uniquement à recentrer la caméra sur l’adversaire quelle que soit notre position, mais pas à suivre continuellement l’ennemi visé par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir. Du coup, on a plutôt tendance à ne pas l’utiliser et faire sans, jouant plus habilement sur le placement de la caméra.
En plus de ces quelques ficelles, Luffy peut combattre via deux modes : le fluide offensif ou perceptif. Dans ces deux cas, on garde les bases installées, sauf que dans le premier (offensif), on dispose d’attaques de zone (toujours attribuée à la même touche) et d’une garde, alors qu’en perceptif, les attaques rapides avec rafale sont centrées sur un seul ennemi, avec une esquive en lieu et place de la garde. A noter que dans ces deux modes, on peut aussi utiliser un saut, et le combiner avec l’une des deux postures pour réaliser des attaques aériennes.
Manette en main, les coups s’enchaînent assez facilement et rapidement, on a bien un sentiment de puissance lorsque l’on terrasse l’ennemi et que le slow motion prend le relais. Mais il est clair que l’aspect du lock lié au réticule n’a pas les avantages que l’on attendait, cependant après avoir bien assimilé les possibilités, cela vient tout seul, on se sert juste du réticule à bon escient.
Une partie RPG traditionnelle, efficace
Le soft se dote également d’une partie RPG traditionnelle et efficace, surtout via les difficultés supérieures, avec notamment du craft, équipement, de la « cuisine », et des compétences à acquérir.
Pour créer de l’équipement, ici des accessoires et tenues (cosmétiques), il suffit d’aller voir Usopp ou Franky au Thousand Sunny avec un plan, et les ressources nécessaires que l’on a préalablement trouvées en farfouillant ou reçues en complément d’une quête réussie. A savoir qu’un même accessoire peut avoir trois versions différentes : normale, +, et ++, ce dernier étant le meilleur choix possible.
Une fois créé, il ne reste plus qu’à équiper ledit accessoire (un unique au début) dans le menu associé en fonction des caractéristiques que l’on souhaite améliorer temporairement entre PV supplémentaire, ou plusieurs types d’attaque, selon le mode de combat de Luffy.
Outre la possibilité d’acquérir plus de matériaux grâce à son équipage via la cuisine/exploration de Sanji, il est possible d’apprendre de nouvelles compétences avec des PCs (points de compétences) grâce à un arbre de talents divisé en plusieurs branches distinctes entre exploration, combat, fluide perceptif, fluide offensif et paramètres. Ces points de compétences s’acquièrent automatiquement après la réussite d’une quête principale ou secondaire, mais également en plus petit nombre après avoir vaincu des adversaires.
Ainsi si l’on souhaite explorer intégralement l’île pour récupérer les coffres disséminés çà et là, le « vol plané » Gum Gum Soucoupe Volante (pour un déplacement dans les airs) est indispensable, alors qu’une vitesse de déplacement, des PVs accrus, et des attaques spéciales sont notamment plus utiles durant les combats en difficulté très supérieure. Point important, certaines compétences requièrent l’acquisition d’une autre pour être apprise, tandis que d’autres, à l’instar des PVs, peuvent être améliorées plusieurs fois. Il y en a donc pour tous les goûts, on est libre de moduler Luffy comme on le souhaite, à condition toutefois de posséder suffisamment de PCs (points de compétences) pour en faire l’acquisition.
Une ambiance One Piece, avec des sons cachés
D’un point de vue visuel, One Piece World Seeker s’en sort bien avec des environnements relativement colorés, avec un Chara-Design toujours aussi soigné et travaillé, servi par un aspect tout en Cel-Shading. Le tout tourne d’ailleurs en 4K HDR. Cependant, on ressent tout de même un contraste entre le côté plus réaliste de certains décors, et le design manga des personnages. Ces environnements visités n’apportent d’ailleurs pas un sentiment de folie, contrairement à ce que l’on a déjà pu voir au travers de l’oeuvre originale One Piece. Pour autant, avec ce constat de monde ouvert, très peu de problèmes sont à déplorer. En vérité, si l’on veut vraiment titiller, il y en a un seul, il s’agit du temps de chargement pouvant être assez longuet au lancement et/ou recommencement d’une mission. Mais il faut tout de même savoir qu’à ces moments-là, le soft effectue un unique chargement pour l’île tout entière.
Concernant l’aspect sonore, comme nous l’avons dit, on a le plaisir de retrouver les voix officielles japonaises, même si celles-ci le sont uniquement lors de cinématiques. D’ailleurs, ces dernières ne sont malheureusement que très peu nombreuses. Dommage pour l’immersion, en dehors de ces voix, on a juste quelques onomatopées, ou certains mots comme Arigato ou Super. Par rapport au gros fan-service inclus, c’est-à-dire un grand nombre de personnages bien connus des fans de l’oeuvre : Amiraux, l’équipage, les alliés, (les PNJs), etc…, on se doute que le budget n’était peut-être pas suffisant pour réaliser tous ces doublages.
Pour l’OST, on a eu affaire à un traitement on ne peut plus curieux. En effet, certains lieux ont bien leur musique de prédilection qui se lance automatiquement, comme les villes/villages, mais le reste du temps, celui où l’on vagabonde longuement, on entend seulement les bruits de pas de Luffy. Et pour cause, tout le reste de l’OST se cache dans le menu Audio-Dial. En d’autres mots, pour écouter les sympathiques travaux de Kohei Tanaka, bien rythmée et dans le thème, il faudra se créer sa propre playlist pour pouvoir ensuite l’écouter en pleine action.
Testé sur Xbox One X