Ce n’est pas une surprise pour les personnes connaissant le studio, Nippon Ichi Software (ou NIS) réalise régulièrement des jeux décalés et originaux possédant une ambiance nippone et parfois kawaii (mignon, pour la traduction). Un pari relativement osé et risqué de leur part, car la création de nouvelles IPs se fait de plus en plus rare, les développeurs préférant généralement miser sur des valeurs sûres ayant fait leurs preuves afin de réaliser des suites, ce qui peut se comprendre. Alors lorsque NIS annonce un nouveau jeu, qu’il soit lié à une série connue comme Disgaea et Prinny entre autres ou simplement lié à une nouvelle expérimentation, la curiosité prend rapidement le dessus. Et clairement, Poison Control risque de diviser malgré ses bonnes intentions de départ.
Des sujets intéressants matures et plus légers
L’aventure a débuté lorsque notre avatar (masculin ou féminin, ici on a pris l’apparence d’une femme) s’est retrouvé, sans aucun souvenir de son passé, dans un lieu totalement inconnu : les Enfers. Rapidement elle fut attaquée par un Klesha, une sorte de démon maléfique né des émotions négatives des humains. Cette attaque était lourde de conséquences pour la jeune femme qui s’est vue dépourvue de chair et devint un squelette, tandis que l’être Klesha s’est métamorphosé en une jeune amnésique plutôt amicale, surnommée Poisonette.
Les deux âmes de ce duo partagent et coexistent désormais dans le même corps, il s’agit là de l’un des traits du Soul Mates ou « Âme Sœur ». Poisonette, qui a une idée malfaisante derrière la tête, à savoir récupérer le corps de notre avatar pour elle seule, promet à notre protagoniste de la ramener d’où elle vient si elle accepte de l’aider à purifier les désillusions et le désespoir des âmes tourmentées (des Belle’s Hells), défuntes comme vivantes en les apaisant. À la clé, des tickets permettant de réaliser un vœu. La quête du duo commence…
Voilà donc le début de l’histoire à la fois classique et décalée, ponctuée d’humour, mettant en avant un duo improbable, la rencontre avec d’autres protagonistes dont deux animatrices de radio mais aussi une rivalité naissante suite à une certaine rencontre. Pourtant sous cette trame générale à l’ambiance « girly » en apparence se cachent de multiples sous intrigues bien amenées et cohérentes traitant entre autres de thèmes matures ou plus légers.
On peut par exemple citer le harcèlement, le mensonge, le fait qu’une enfant ne puisse accepter la disparition (décès) de son chien, ou encore une promesse brisée ou une ultra fan de Prinny. Des sujets intéressants et bien écrits que les non-anglophones ne pourront pas suivre, le soft étant exclusivement dans la langue de Shakespeare et c’est fortement dommage, car les dialogues sont nombreux et se lisent à la manière d’un Visuel Novel. Autre petit regret que l’on peut émettre : le manque de mises en scène malgré la présence de beaux artworks.
Un axe RPG efficace
Si cette phase de lecture est régulière, ce n’est pas juste pour découvrir les déboires de ces jeunes filles/femmes, ni uniquement pour découvrir la vérité sur nos deux protagonistes mais c’est aussi pour améliorer au fil des choix de réponses, la relation entre notre avatar et Poisonette.
Ces choix que l’on effectue généralement durant les donjons (Belle’s Hells) ont la faculté de modifier plusieurs dialogues mais aussi d’améliorer certains attributs par palier de Level (niveau) comme l’empathie, la confiance ou encore la toxicité, ceci afin de booster diverses caractéristiques du duo : PVs supplémentaires, durée de mode purge augmentée, etc… Mais ce n’est pas tout puisque certains paliers de Level des caractéristiques choisies permettent l’acquisition de compétences comme une vitesse de mouvement accrue ou encore un slot supplémentaire d’arme.
Une bonne idée basée sur le relationnel sauf que comme les futurs skills à apprendre sont mentionnés, on a tendance à partir sur ce que l’on souhaite acquérir en finalité (PV, etc…), plutôt que de rester en phase avec les dialogues et les thèmes abordés, ceci malgré le fait que nos réponses aient une répercussion plus ou moins grande sur la jauge de Level du trait associé.
Outre ces discussions, il est également possible d’opter pour des améliorations plus « classiques » et utiles sur nos armements et personnages. Durant les interludes, et donc entre chaque mission, on peut améliorer nos différents « Kleshas » acquis. Ainsi, qu’il s’agisse de notre compère Poisonette ou bien d’âmes libérées (via trois jetons à collecter par niveau), nous avons accès à quatre types d’éléments : « Toxicants », l’équivalent de divers armements comme des mitraillettes, bombes, épée/lame, fusil ou encore « Deliriants », une arme secondaire dont les munitions sont très rares dans les niveaux. Mais aussi deux équipements secondaires : « Catalysts » pour l’accès à plus de PV ou à un ratio plus élevé de récupération d’objets, et les « Antidotes » pour les effets de résistance face au poison jonchant le sol ou la réduction de dégâts de projectiles reçus.
Bien sûr, plus on améliore ces « équipements » à l’aide de deniers récupérés dans les différents donjons, plus les effets sont efficaces, alors que pour les armes d’un côté on obtient davantage de munitions et de l’autre des spécificités selon le type d’armement : vitesse de tirs accrue ou encore des tirs chargés. Chacun peut donc trouver chaussure à son pied en effectuant un mix de préférences ou d’armes complémentaires comme un fusil pour les tirs lointains et une mitraillette rapide afin de vaincre de plus proches et nombreux adversaires étant assez collants, voire explosifs.
Cependant comme les softs du genre, dès que l’on a obtenu un bon trio/quatuor (switchable à tout moment) qui fonctionne bien, on ne les change plus, et c’est forcément regrettable d’autant plus que l’acquisition supplémentaire de flingues est totalement optionnelle, on ne peut pas les vendre ou les transformer/combiner en un autre type. Petit point important quand même en parlant d’armements, la difficulté générale dépendra justement des éléments équipés et de votre « dextérité » à appuyer sur la gâchette durant les phases de shoots en donjons.
Un gameplay hybride fun et bien pensé même si l’on y trouve plusieurs soucis
Les donjons sont donc au cœur même de ce gameplay hybride, chacun d’entre eux proposant sa propre thématique visuelle, malheureusement rapidement limitée, liée aux désillusions des jeunes filles/femmes façon Persona en somme. Pour sauver les âmes en peine, il suffit de parcourir l’environnement au Level Design sommaire (des couloirs combinés à de plus grandes « salles ») et de réaliser des missions précises que l’on retrouve très souvent comme nettoyer un certain pourcentage de « mire » (flaques de poison) jonché sur le sol, vaincre certaines cibles spécifiques, ou même rapporter une certaine somme d’argent.
Pour cela il suffit de mettre à profit le gameplay hybride plutôt original, bien pensé et assez fun avec lequel on alterne régulièrement tant ils sont complémentaires (et c’est fait pour en même temps). D’un côté, il y a notre personnage qui fait office de partie TPS. Rien de bien complexe, on peut effectuer des roulades, réaliser de temps à autre une attaque dévastatrice à l’aide des rondes de la radio (une fois une jauge associée pleine) et utiliser la visée, ceci étant indispensable afin d’effectuer des tirs. Tirs qui selon l’armement font plus ou moins de dégâts, et sont plus ou moins rapides ou obligent à rester immobile.
Si l’on reste dans une base classique, il faut quand même se méfier du réticule de visée. Effectivement dès que l’on met un ennemi en état de « choc », ce dernier s’effondre sur le sol. Pendant ce temps-là on peut tranquillement vider nos chargeurs sur lui sauf qu’il arrive que nos tirs passent à côté alors que le réticule est bien surr sa cible et ce, que le lock-on soit actif ou non. Seule solution alors pour vaincre nos adversaires, attendre qu’ils se « réveillent » ou alors sortir du système de visée et le remettre afin que les dégâts s’activent de nouveau.
Mais attention à ne pas user trop rapidement de toutes les balles, car un chargeur vide produit un effet « cooldown » (temps de récupération), il faut alors attendre avant de pouvoir s’en servir une nouvelle fois sauf si l’on switche avec le prochain flingue en sa possession, ou si l’on se sert de la faculté de Poisonette. Cette dernière sert à purifier et effacer le mire (poison) contenu dans les nombreuses flaques au sol, comme Super Mario Sunshine donc mais à l’inverse elle ne peut se séparer du corps du duo que durant un temps limité, et ce même si cette fonction dite de « purge » peut être utilisée à n’importe quel moment.
Outre le fait d’être indispensable à la réalisation de certaines missions des Belle’s Hells, purifier le mire a d’autres utilités : récupérer une partie de la santé, possibilité de résurrection si l’on meurt (via le remplissage d’une jauge spécifique) sans oublier un temps de recharge moins long pour nos armes « toxicants ». En plus de cela, si un ennemi est pris dans notre zone de purification et que l’on revient à temps « dans le corps squelettique du duo », notre adversaire subit des dégâts.
Ainsi le mettre en état de choc, puis le cribler de balles est une très bonne stratégie. Attention toutefois à ne pas être trop gourmand, car si l’IA n’est pas forcément des plus futées, nos opposants peuvent apparaître dans notre dos et attaquer notre corps squelettique alors que l’on vagabonde avec Poisonette. Un moyen comme un autre de nous inciter à la prudence et d’instaurer une certaine tactique.
Des doublages et une bande-son agréable
Passons maintenant à l’enrobage technique et graphique du soft et commençons par les choses qui fâchent : les soucis de finitions. Outre les problèmes de réticule déjà mentionnés plus haut et de l’aliasing, le titre n’est malheureusement pas sans défauts en matière de fluidité, même s’il est relativement stable la plupart du temps. Effectivement dès lors que les adversaires sont nombreux, des ralentissements se font ressentir alors que les décors ne sont pas des plus impressionnants mais ne sont pas désagréables non plus. La direction artistique en revanche est nettement plus intéressante, de même que les modèles dessinés des différents personnages, en revanche il faut espérer que vous n’êtes pas allergique au rose ou au violet.
D’un point de vue sonore, les doublages sont en japonais et l’on remarque que les doubleurs se sont vraiment impliqués en y mettant une certaine âme. La bande-son, qui même si elle a tendance à se répéter sur le moyen terme, est plutôt agréable avec du mélange entre plusieurs genres. Enfin, rappelons que les sous-titres sont en anglais.
Testé sur PS4 Pro