Est-il vraiment nécessaire de présenter Lara Croft, cette héroïne vidéoludique dont les aventures ont débuté en 1996 sur Playstation / Saturn ? Cette même héroïne archéologue qui a suscité bien des fantasmes auprès de la gent masculine, à l’heure où tout était encore polygone et pixel ? Non et pourtant derrière la plastique avantageuse de cette icône se cachaient de bons jeux d’Action, Aventure avec des phases de gun-fight, des énigmes bien retorses, des scénarios intéressants, et des séances de plate-forme. Mais les softs n’étaient pas dénués de défauts pour autant avec de nombreux bugs techniques notamment.
Eivdemment, des dérivés sont également apparu avec notamment deux films avec Angelina Jolie pour incarner l’héroïne, ou Alicia Vikander plus récemment pour l’adaptation cinéma du reboot du jeu vidéo de 2013. Mis à part ces films, il y a eu des comics, des romans, des bandes dessinées et des goodies (statuettes,…). En bref, les jeux avec Lara sont devenus cultes, sauf lorsque les choses ont commencé à décliner, la popularité de l’héroïne faiblissant drastiquement au fil des aventures.
Pour essayer de redresser la barre, Crystal Dynamics avait lancé l’épisode Legend (en 2006) en effectuant une sorte de reboot. Par la suite, il y a également eu deux très bons jeux dérivés jouant cette fois sur l’aspect isométrique : Lara Croft and the Guardian of Light et Lara Croft and the Temple of Osiris.
Puis c’est avec Square Enix aux commandes en tant qu’éditeur (on rappelle qu’ils ont racheté Eidos Interactive qui s’occupait de l’édition de la licence) que la franchise a effectué un nouveau retour aux sources avec une préquelle présentée sous forme de reboot. Doté de fonctionnalités de gameplay enrichi, de nombreuses subtilités et surtout d’un scénario intéressant s’attardant sur les personnages évoquant évidemment les débuts de l’aventurière, le premier épisode de cette trilogie reboot a su nous convaincre. Malgré tout, bien que l’on ait trouvé Rise of the Tomb Raider à la hauteur, c’est surtout le manque de difficultés de celui-ci que l’on a déploré, on attendait donc de voir ce qu’allait apporter Shadow of the Tomb Raider, et surtout de voir si les défauts de son prédécesseur ont été gommés.
Plus sombre
Concernant l’histoire, ce troisième épisode nous place dans la suite logique du second, Lara est donc à la recherche d’un artefact pouvant mettre le monde en péril. Après des événements tragiques, son périple va se poursuivre au Pérou.
On ne va pas trop en parler, ni aller trop loin dans le scénario pour ne pas spoiler toutes celles et ceux qui n’ont pas encore fini le second épisode ou qui veulent s’essayer à la trilogie. Cet épisode se veut plus sombre que ses prédécesseurs comme le titre le laisse suggérer, l’histoire reste intéressante, efficace et la psyché du personnage nous permet de voir une nouvelle fois l’héroïne en proie à son déni et ses doutes. Si l’ensemble reste efficace, on peut encore y voir du classicisme prévisible.
On garde les bases de l’exploration…
Si on avait émis de la réserve sur la faible difficulté de l’épisode précédent (Rise of the Tomb Raider), ce troisième épisode change la donne en mettant en place une difficulté modulable. On peut donc choisir de se rendre la vie plus facile en réduisant la difficulté, ou le contraire en l’augmentant. Une excellente initiative qui n’influe pas seulement sur la difficulté générale comme c’est le cas pour d’autres jeux, mais qui permet de modifier les axes principaux du soft comme les combats ou encore les énigmes. De manière concrète, rehausser la difficulté rend les ennemis plus forts, plus alertes bien sûr et le nombre de munitions est drastiquement revu à la baisse, et on peut aussi tout bonnement enlever l’aide, de quoi se mettre davantage sur la réflexion et l’immersion.
En commençant l’aventure, on est de suite dans l’ambiance, pour nous immerger davantage les vibrations de la manette s’intensifient au fur et à mesure, ou bien se font plus discrètes mais palpables. Après la cinématique d’intro, on se retrouve dans une grotte fourmillant de détails impressionnants pour peu que l’on joue en résolution 4K, mais laissons de côté cette beauté graphique, on y reviendra en temps et en heure. Pour l’instant ce qui nous intéresse, c’est plutôt le gameplay.
Et de ce côté-là, si vous espériez de grand bouleversements pour ce troisième épisode, on vous arrête tout de suite : certes des nouveautés sont évidemment de la partie mais les grands axes efficaces du jeu sont toujours là, c’est-à-dire l’exploration, les phases de gun-fight/infiltration, les énigmes, les phases de plate-forme et la teinte RPG.
Le déroulement d’un jeu dans un seul « lieu général » peut faire peur, et pourtant comme on l’a déjà vu par le passé, un seul pays n’est pas synonyme d’un environnement unique bien au contraire, il y a de la variété, on se retrouve aussi bien dans la jungle que dans des lieux aquatiques. Le pan de l’exploration tout comme les autres facettes du soft reste au coeur du jeu, ainsi les phases de plate-forme sont toujours aussi complètes et variées. On doit bien-sûr s’agripper ou encore utiliser toutes les diverses techniques apprises au fil des aventures précédentes ainsi que les outils à disposition comme le piolet pour progresser. Les QTE sont évidemment aussi encore présents mais on dénote tout de même un aspect encore scripté dans certaines phases.
Mis à part ces pures séquences de plate-forme, on retrouve ce qui a fait le succès des deux épisodes précédents. On peut toujours chasser pour récupérer des matériaux afin d’améliorer ses armes, explorer les environnements pour récupérer diverses ressources, crafter des éléments artisanaux pour renforcer son armement, fouiller tous les recoins à la recherche de collectibles pour en savoir plus sur l’univers du jeu, réaliser des quêtes annexes, ou encore se rendre dans les méandres des tombeaux afin d’y percer les secrets. Les énigmes (ou puzzles) sont bien conçues, logiques et parfois plus complexes. Certes, ces dernières n’arrivent pas à la cheville des premiers épisodes de la saga, mais demandent tout de même un bon sens de l’observation de l’environnement pour les réussir.
… Le gun-fight aussi avec des possibilités axées plus infiltration…
Comme on le disait tout à l’heure, les phases de gun-fight sont évidemment au programme et démontrent à quel point Lara peut faire preuve de violence. Et même si on peut aborder les ennemis comme on le souhaite, on sent que les développeurs d’Eidos ont misé sur une approche plus en furtivité, le terrain de jeu de ce nouvel opus s’y prêtant à merveille. La jungle est propice aux interactions avec l’environnement, on peut par exemple se cacher grâce à des murs végétaux, et même s’enduire de boue pour que les ennemis aient davantage de difficulté pour nous repérer. Ce camouflage digne d’un Rambo est d’ailleurs bien plus utile contre les ennemis possédant des lunettes thermiques.
Si l’infiltration et les manières d’éliminer les adversaires peuvent être très plaisantes, comme par exemple le fait de se servir de son grappin pour pendre un ennemi depuis un arbre et de s’en servir ensuite de contrepoids pour descendre, il est tout aussi agréable de prendre son arc et de décocher de multiples flèches incendiaires ou simplement de viser à la tête. On a bien-sûr tout un arsenal à notre disposition comme les armements que l’on peut crafter, mais même si on apprécie toutes ces armes, l’arc garde notre préférence pour l’infiltration. Pour les combats plus traditionnels dirons-nous, là on laisse parler notre pulsion meurtrière, par contre si on préfère le bourrinage, c’est un peu plus délicat, la caméra ayant du mal à gérer les déplacements rapides lorsqu’il y a un encerclement d’ennemis.
… Et l’aspect RPG
Dans cet épisode, comme pour les deux précédents, on retrouve aussi la teinte RPG sympathique via un arbre de compétences qui se divise en trois branches distinctes : pilleur, guerrier et chercheur. A vous de bien choisir ce que vous allez privilégier ou de jongler entre les diverses possibilités, mais quoi qu’il en soit, il est tout à fait possible de finir le jeu sans avoir acquis certaines compétences.
Au niveau de la personnalisation des armes et de l’équipement, là encore cela reste assez similaire à ce que l’on avait vu dans Rise of the Tomb Raider, les modules pouvant améliorer les stats de chaque arme. Avec ces deux systèmes toujours aussi efficaces mais qui sentent un peu le recyclé, une petite nouveauté fait également son apparition : les tenues. Assez simplistes et classiques dans l’ensemble, revêtir certaines tenues (haut et bas du corps) permet d’acquérir des bonus que l’on vous laisse découvrir.
Impressionnant
Passons maintenant à la technique du soft et donc directement aux graphismes. Si vous disposez d’une Xbox One X, il y a plusieurs possibilités d’affichage. Outre les réglages du HDR, on peut choisir de privilégier la résolution, c’est-à-dire du 4K à 30FPS ou au contraire la fréquence d’image avec un ratio 1080p, 60FPS. En optant pour des fréquences élevées, le confort du gameplay s’en ressent évidemment plus fluide, même si l’on rencontre quelques chutes de framerate lorsque l’écran est chargé d’éléments. En revanche en choisissant de jouer en 4K à 30FPS, c’est clairement le niveau de détails qui augmente.
Dans cette configuration, les animations sont plus détaillées, les décors offrent de très beaux panoramas avec un HDR qui accentue le contraste et l’aspect luxuriant des lieux visités, et surtout on remarque un soin tout particulier sur la gestion de la lumière avec des effets de reflets, de brillance,… nous immergeant un peu plus au coeur du jeu. Et cette immersion se fait également au niveau des animations comme par exemple le feuillage de la végétation qui se courbe sous le poids de l’héroïne. On ne va évidemment pas tout citer, cela serait trop long, en résumé le titre est aussi bien impressionnant techniquement qu’artistiquement.
Au niveau de l’aspect sonore, on commence par une note sur l’OST. Celle-ci est de très bonne qualité, que ce soit pour les musiques d’ambiance, les bruitages ou pour chaque thème associé à certains lieux/événements spécifiques (jungle,…). Les compositions tantôt épiques, plus douces ou « rythmiques » profitent également d’instruments plus traditionnels et locaux pour rester en cohérence. On se répète mais comme pour les graphismes, l’OST signée de Brian d’Oliveira est superbe.
On termine par les dialogues et sous-titres. Bien-sûr pour cet épisode, il y a toujours la possibilité d’activer les sous-titres en VF. On a évidemment les dialogues en version française qui sont de bonne qualité, malgré quelques aspects surjoués ou sous-joués et qui n’ont pas forcément une synchro labiale parfaite. Par ailleurs si vous cherchez un « meilleur jeu d’acteur », direction les doublages anglais. Et pour ceux qui cherchent une immersion encore plus forte, il y a aussi un mode « Immersif » permettant aux personnages de parler dans leur langue ou dialecte natale. Parmi ces trois modes, à vous de voir ce que vous allez privilégier.
Testé sur Xbox One X