Persona 3 ou P3 pour les intimes, a eu un sacré long et grand parcours. L’œuvre, nommée initialement Shin Megami Tensei Persona 3, a bénéficié d’une adaptation en film d’animation (en plusieurs parties), en manga, de produits dérivés mais aussi en de multiples moutures jeux vidéo.

Effectivement, la version dite « Vanilla » (ou originale si vous préférez) est parue au Japon en 2006 sur PS2, puis deux ans plus tard chez nous autres européens. Entre-temps, plus précisément un an après sa sortie japonaise, Atlus et P Studio ont apporté des bonifications via une toute nouvelle édition : Persona 3 FES, toujours sur Playstation 2, disponible en France fin 2008.

Comme pour FFXII – The Zodiac Age en son temps, l’introduction de FES apportait plusieurs nouveautés non discutables à l’instar notamment d’une portion supplémentaire conséquente : « The Answer », un épilogue grandeur nature malheureusement absent dans cette version Reload… Peut-être dans les cartons d’un futur DLC ? Plus tard, une mouture portable est sortie chez nous (en 2011) sur PSP sobrement intitulée Persona 3 Portable (P3P) avec là encore diverses différences, dont l’apparition d’une protagoniste féminine (à incarner) modifiant plusieurs paramètres de jeu. Une option absente là encore sur P3R.

Enfin, si l’année dernière nous avions eu le droit à la parution d’un portage/remaster de P3P disponible sur consoles et PC -avec la présence d’une traduction française-, cette année signe donc la venue de Reload, un Remake possédant de très bons arguments et qui en seulement une petite semaine, a d’ores et déjà franchi le cap du million d’exemplaires vendus dans le monde.

Passionnant

L’aventure nous emmène auprès d’un étudiant (nommé Minato Arisato dans le manga et Makoto Yuki dans le film d’animation) transféré au lycée Gekkoukan de la ville d’Iwatodai au Japon (2009). Très vite, il découvre « l’heure sombre », une heure « cachée » supplémentaire, en plus des vingt-quatre heures classiques, dont seules quelques personnes ont conscience.

Cela l’amène notamment à rejoindre la SEES ou « Section d’Exécution Extrascolaire Spécialisée », une équipe composée également d’autres lycéen(ne)s se trouvant dans le même dortoir que Makoto Yuki (Minato Arisato). Ces jeunes gens vouant cet horaire supplémentaire à la chasse aux « ombres », des entités maléfiques s’en prenant aux citoyens « réceptifs ».

Ce sera tout pour le placement du contexte de cette intrigue. Une histoire mature, rappelons-le, parlant notamment de sujets très forts et sensibles comme la mort ou encore le suicide, le tout avec une qualité d’écriture riche et logiquement sombre au vu des thèmes centraux. À l’heure d’aujourd’hui, P3 reste l’un des épisodes préférés des fans de par cette dimension scénaristique intégrant tout de même certaines touches d’humour. Vous l’aurez compris, si nous aussi vous avions succombé, c’est encore une fois le cas cette année grâce aux multiples apports contribuant à l’ensemble.

Ce sentiment d’immersion se dégage davantage sur cette mouture 2024 pour la simple et bonne raison qu’Atlus et P Studio ont opéré de « grands » changements, déjà par le biais de nouvelles cinématiques dignes d’un anime, ensuite par l’ajout de séquences supplémentaires/dialogues, sans oublier les doublages et bien sûr l’apport de sous-titres français (présents dans le remaster 2023 de P3P mais absents des autres versions) permettant à chacun(e) de se lancer en toute quiétude.

La journée d’un lycéen (et des retouches)

D’autant que franchise Persona et JRPG oblige, le scénario prend une place centrale et met du temps à bien s’installer, de même pour le découpage en journée typique, feature que certain(e)s d’entre vous connaissent peut-être déjà par l’opus P5 par exemple.

Ainsi si tout le gameplay de P3R reprend la formule initiale de l’original que l’on va vous expliquer -sans spoilers-, plusieurs touches disponibles dans chaque mouture de P3 ont été piochées ici et là, on profite également d’options de confort inédites (interface remaniée,…) pour l’occasion de cette sortie de Reload.

En tant que lycéen, il faut donc forcément se rendre au lycée durant l’année scolaire, chaque jour suit différents moments de la journée avec entre autres la possibilité -sans toutes les nommer- de réaliser des activités une fois les cours terminés. L’occasion de tisser des liens avec d’autres personnages, de faire de petits boulots, de visiter des boutiques, des lieux, etc… Tout ceci avec de nouveaux types d’introductions inédites (dialogues, ajouts de scènes, lien social d’Aigis provenant originellement de FES, doublages voix de liens sociaux,…) et d’autres options de confort à l’instar d’une accélération des déplacements par exemple.

Il faut donc bien gérer son emploi du temps et s’organiser au mieux afin d’en tirer le meilleur parti possible, et ce avec une approche que l’on trouve plus permissive qu’auparavant. De même, les relations avec les autres membres de la SEES ont aussi gagné en épaisseur. En bref, on a senti la volonté des développeurs de mettre P3 au même niveau que P5, déjà fort complet à ce niveau-là.

Des affrontements tactiques plus dynamiques

Ce ne sont évidemment pas les seuls changements opérés dans ce volet Reload, puisqu’ils interviennent également au sein des affrontements mais aussi de Tartare, le donjon principal conçu avec des étages aléatoires (changeant à chaque visite) que l’on explore lors de « l’heure cachée ».

Si forcément même aujourd’hui, la visite au sein de Tartare risque de lasser dans le sens où la configuration reste similaire à l’original malgré diverses retouches, c’est aussi l’occasion de pouvoir récupérer le contenu de coffres, d’accéder à des portes spéciales ou encore d’affronter des ombres « classiques » et d’autres surpuissantes, l’ensemble avec un système de combat profitant aussi de fonctionnalités issues de P5.

Eh oui, lorsque l’on entre en contact avec un opposant sur le terrain ou que l’on prend l’avantage, une transition s’opère pour laisser place à des affrontements au tour par tour. Des combats toujours aussi efficaces, tactiques et bien ficelés par ailleurs, étant bien connus des amateur(trice)s de la franchise Persona.

Sans vous en dévoiler toutes les subtilités, lors de son tour, on peut réaliser des attaques, utiliser des consommables, se mettre en garde ou alors se servir de compétences multiples -de plusieurs types élémentaires- provenant des Personas, des compétences nécessitant selon les cas, des PVs ou des PMs afin d’être lancées. L’objectif étant évidemment de vaincre nos adversaires en usant de toutes les tactiques possibles, quitte à faire l’équivalent de One More (frappe supplémentaire) sur des ennemis en état de choc.

Mais P3R réserve aussi son lot d’ajustements/nouveautés et de plusieurs pioches, avec par exemple la possibilité de réaliser des Théurgies (coups dévastateurs similaires à ceux de P5), ou bien encore d’incarner tous les membres de l’équipe, une feature n’étant pas disponible dans toutes les versions P3 mais accessible dans P3P. En d’autres mots, cette réactualisation à la sauce P5 apporte de la fraîcheur et de la modernité à ce P3R déjà bien sympathique.

N’oublions pas non plus de préciser qu’à la fin des batailles, nous pouvons tirer au sort des cartes de tarot possédant différents types d’effets, et que la chambre de Velours, mécanique et fonctionnalité récurrente et prenante dans la série Persona, est également présente dans cet opus. Ceci afin de réaliser tout un tas de fusions et d’essais avec des options plus proches de P5 pour parfaire l’optimisation globale.

Une belle retouche visuelle et sonore

A propos d’optimisation, cette transition nous amène à parler de la retouche graphique opérée sur P3 pour cette version Reload. Car en plus des options de confort via la modification de l’interface, ou encore l’accès à des sauvegardes antérieures automatiques -si tant est que l’on souhaite opérer certains changements-, Reload profite d’une profonde révision visuelle et sonore.

Même si nous ne faisons pas face à un Remake digne des consoles actuelles, l’utilisation étant ici l’Unreal Engine 4, P3R est tout de même bien différent des autres moutures P3. Premier constat, les nouvelles cinématiques en anime sont très belles à regarder avec un grand soin du détail et des animations. On apprécie grandement, tout comme les artworks de personnages remis au goût du jour, ou encore le remaniement de l’interface et les effets spéciaux bien dynamiques.

Le travail des développeurs continue aussi au sein des modélisations et des animations in-game, forcément au-dessus des différentes versions d’origine disponibles depuis bientôt deux décennies maintenant. Les retouches sont visibles avec un quota plus « vivant » mais l’ensemble reste globalement un brin daté, même si d’un autre côté cela permet de garder un certain respect vis-à-vis de P3.

Avec la nouvelle contribution visuelle, l’aspect audio a aussi été revu. Bien entendu les doublages japonais sont de retour, tandis que les voix anglaises disposent d’une modification complète du casting. Les thèmes musicaux eux, se distinguent également par leur réarrangement, ainsi qu’avec de l’inédit grâce à de nouveaux morceaux. On signale aussi la présence d’Azumi Takahashi en tant que nouvelle interprète, remplaçant Yumi Kawamura. Pour finir, les sous-titres sont dans un français de qualité, malgré la présence de très légères coquilles.

Testé sur Xbox Series X