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Alien Isolation : voyage au bout de la peur

NOTE DE MaXoE
10Sélection Best Of MaXoE
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5
Il est là. Je le sais. J'ai été stupide. Je voulais échapper à ces maudits synthétiques décidés à me massacrer, j'ai donc utilisé mon détecteur de mouvements. J'aurais dû être plus attentive aux échos de course métalliques dans les canalisations. Il était là, juste au-dessus de moi, et je ne le savais pas. Et il a entendu les "bips". Quand j'ai vu la plaque du tunnel du plafond tomber, j'ai juste eu le temps de me précipiter dans un casier. Je sais qu'il m'a entendu. Je ne sais pas s'il me voit. J'entends son hurlement sinistre. Je sais qu'il ne peut pas ouvrir les portes. En tous cas jusqu'à maintenant il ne l'a jamais fait. Mais il s'adapte vite. Si vite. Trop vite. Le voilà dans la même pièce que moi. Je retiens ma respiration. J'ai peur. Et dans l'espace, personne ne m'entendra crier. Sauf lui.
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Avant-propos : je ne mettrai AUCUNE image de l’alien dans cet article. Pour ne pas spoiler.

Cette scène d’introduction, je l’ai vécue quelques dizaines de fois dans Alien Isolation. Jamais de la même manière, mais souvent. Si souvent. La saga Alien est un monument du cinéma, une pièce maîtresse, et le premier opus a plus ou moins créé un genre, en tous cas il en a imposé les codes pour un bon moment. Pourtant, la fortune de la série en matière de jeux vidéos a été assez contrastée, alliant le sympathique Alien Vs Predator de 2000 au récent Colonial Marines, pour situer les grands écarts possibles. Mais jamais on n’avait eu l’idée de se concentrer sur ce qui règne dans les films : comment survivre face à une créature qui est le prédateur parfait ? Car il ne s’agit pas de le vaincre, il s’agit de survivre à une créature intelligente, taillée pour tuer, en n’étant qu’une simple humaine.

Dans Aliens, on apprenait qu’Ellen Ripley avait une fille. Dans Alien Isolation, vous retrouvez cette fille, Amanda, quelques années après le drame du Nostromo. Consciemment ou inconsciemment, Amanda, aujourd’hui âgée d’environ 18 ans, a toujours travaillé dans des stations ou des bâtiments autour de la zone de disparition de sa mère. Et quand on cherche des volontaires pour récupérer la boîte noire du Nostromo, récupérée sur une station orbitale proche, Amanda se porte volontaire. Mais rien ne va se passer comme prévu.

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Déjà, on peut louer l’effort des développeurs d’avoir voulu utiliser une zone d’ombre intéressante pour le background de leur jeu. D’ailleurs, tout dans ce titre transpire la dévotion envers la saga, jusqu’au concept même, pour le premier jeu à interroger intelligemment les thèmes de la saga. Trop souvent on a eu des FPS où l’Alien était davantage une proie que nous. Ici, on revient aux fondamentaux : c’est l’Alien le plus fort. Et il va vous le prouver. Vous allez voir dans ce paragraphe une répétition, mais c’est l’impression dominante : le jeu s’emploie à détruire toute tentation que vous auriez d’être rassuré. Et c’est génial.

Pour être parfaitement honnête, mais vous l’avez sans doute deviné, l’impact que ce jeu aura sur vous dépend de votre capacité à vous laisser porter par une ambiance et une narration. Car évidemment, une narration au cordeau de ce genre exige quelques sacrifices. Ainsi, sans rien spoiler, je me suis retrouvé à assommer un type, à voir son flingue à côté de lui et à ne pas pouvoir le ramasser (alors que j’avais des munitions) parce que le jeu avait décidé que j’aurais ce même flingue plus tard… Une structure assez dirigiste, donc, mais cet exemple regrettable ne doit pas faire oublier que tout cela contribue à l’effort d’immersion exceptionnel du jeu. Très sincèrement (ouais pour une expérience aussi intense que ce jeu il faut que le testeur sorte un peu de sa réserve), ne pas apprécier ce jeu est à mon sens une faute de goût énorme.

Parce qu’Isolation, c’est un budget pharaonique au service d’un jeu qui a tous les codes d’un jeu indépendant, par rapport au risque insensé qu’il prend dans un marché qu’on dit si frileux. Le parti pris ultra narratif est de nature à laisser les joueurs perplexes, alors même que le processus créatif montre une cohérence tout à fait ahurissante et une synergie des équipes de développement bluffante.

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Revenons à notre torture ludique : vous allez morfler. Vous allez avoir peur, vous sentir seul, et je peux vous assurer que par moments on arrête le jeu avec à la fois une forme de soulagement et l’envie d’y revenir vite. Jouissif. C’est d’autant plus fort qu’au regard des canons du jeu vidéo actuel, Amanda est faible. Elle est loin, et même très loin, du héros badass ou du surhomme aux burnes de 23 kilos. Elle est fragile (tout en étant une vraie guerrière dans sa mentalité, comme sa mère), et cette fragilité créé un pont étonnant entre elle et le joueur qui se sent immédiatement happé par son sort, offrant une expérience vidéoludique de premier ordre tant il est rare qu’un jeu vous aspire à ce point dans son univers. Le jeu est une oeuvre d’art ? oui, absolument. Alors n’ayez pas peur d’avoir peur.

Vous allez arpenter une station spatiale que ne renierait pas le cinéma japonais : les murs de métal semblent suitants, chaque bruit vous fait tressauter – et si il approchait ? -, la voix monocorde des synthétiques résonne comme un funeste avertissement, et les soubresauts de l’IA qui gère la station semblent une menace sourde et indéfinie. Tout, absolument tout, dans ce jeu, participe de l’ambiance incroyable.

J’ai lu, dans un test, que tous les couloirs se ressemblent. Ah bon. Certes, c’est une station spatiale, un outil fonctionnel, pas une thalasso. Et pourtant, tous ces couloirs ont chacun leurs lumières, leurs couleurs, leurs bruits, leurs accès, leurs menaces potentielles. Et même dans le blanc immaculé d’un hôpital on ne se sent pas plus en sécurité que dans le noir sordide d’une prison. Chaque passage dans un conduit d’aération vous semblera une éternité, juste éclairé par une lampe torche aux piles beaucoup trop courtes.

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Et pourtant, pourtant, l’Alien ne se manifeste directement que peu. Mais il est toujours un peu là. Ou est-ce le fruit de votre imagination ? Son arrivée réelle est d’ailleurs souvent très cinématographique : une cutscene, ou une intervention inattendue, il vous prendra toujours au dépourvu, et à chaque fois semblera vous affirmer que vous êtes le prochain sur la liste. Mais dans le même temps vous en saurez plus sur lui, et serez donc davantage à même de vous en protéger. Tout cela reste théorique : j’ai streamé une partie de ma progression dans le jeu. Traqué par des synthétiques, je me suis fait happer dans un conduit par la bebête qui m’a saigné comme une truie. Or, il se trouve que les spectateurs avaient vu le filet de bave coulant du conduit. Je peux vous assurer que j’étais tellement dans le jus que je n’ai rien vu du tout…

Au fil du jeu, vous allez vous adapter. Evoluer. Suivre pas à pas le parcours d’Amanda. Mourir, souvent. Avoir des moments incroyables de tension, dans un cache-cache monstrueux avec le tueur. Aucune situation ne sera identique aux précédentes. Il faudra réagir. Ou apprendre. Le jeu ne sera jamais injuste, mais il saura vous punir séchement. Le jeu est très différent d’un rogue : c’est finalement un jeu d’infiltration, mais horriblement exigeant. Patience. Humilité. Sang-froid. Vous allez tout appliquer à la lettre. Non, il ne faut PAS ouvrir cette porte. Non, pas utiliser le détecteur de mouvements non plus. Oui, un synthétique entend une porte qui s’ouvre ou un casier qui se ferme. Et oui, il peut vous en servir et vous jeter contre un mur, et ça, en vue subjective, je vous CERTIFIE que c’est traumatisant. Vous verrez que des solutions séduisantes ne le sont pas tant que ça, et petit à petit vous prendrez la mesure de votre environnement, seul domaine dans lequel vous pouvez lutter avec la bête.

Vous ne prendrez pas votre pied en tuant quelqu’un. Mais vous le prendrez, à fond, en entendant la bête passer à coté de vous, sans vous repérer, alors même que vous, physiquement, le joueur, vous retenez votre souffle. Vous avez besoin de quoi de plus pour comprendre pourquoi ce jeu est unique ? Et Amanda est si humaine… Avec des gadgets utiles, certes, source de minis-jeux qui vous ouvriront parfois quelques solutions de plus, et quelques armes, mais si dérisoires… Car dites-vous bien que tout, et je dis bien tout, peut basculer à tout moment alors qu’on pensait avoir la situation en mains. Et jamais de manière gratuite. C’est comme ça que le jeu vous tient en haleine. Allez-y, baladez-vous, faites des quêtes annexes, explorez (et en 20 heures voire plus vous aurez de quoi faire). Faites des aller-retours (dont d’ailleurs vous n’aurez pas conscience parce qu’ils sont toujours bien amenés). Et quand enfin vous commencez à vous rassurer, ou à trouver un nouvel objet qui va tout débloquer… PAN. Parce que si vous vous adaptez, l’alien le fait aussi. A tout ce que vous tenterez.

Vous vouliez un nouveau film de la saga ? Vous l’avez. Un jeu d’infiltration ? Vous l’avez. Un jeu hardcore ? Vous l’avez. Direction artistique, idée, ambiances, TOUT est au diapason. On parle quand même d’un jeu qui a repris toute l’iconographie du premier film, jusqu’à un grain d’image très 80’s parfois ! Avec, pour couronner le tout, un moteur graphique qui, sur la version PC sur laquelle est basé ce test, envoie du lourd de lourd, tant les jeux de lumière et les textures sont incroyables. Bon, ok, les persos un peu moins, le lipsync est dégueu et le mode de jeu optionnel sans grand intérêt. Mais on s’en fout parce qu’on tient un authentique chef d’oeuvre, fan d’alien ou d’infiltration ou pas.

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 Testé sur PC.

NOTE MaXoE
10Sélection Best Of MaXoE
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5

Achetez ce jeu.
ON A AIMÉ !
- Une ambiance fabuleuse
- Un rythme impeccable
- Un moteur graphique royal
- Une direction artistique aux petits oignons
- L'ambiance sonore
- Un respect incroyable de la Bête
- Le mode nostromo, sympa
ON A MOINS AIMÉ...
- Une fin qui fait craindre un DLC
- Heu... Le lipsync ?
- J'ai dû changer de slip trois fois.
Alien Isolation
Editeur : Sega
Développeur : The Creative Assembly
Genre : Infiltration
Support(s) : PC, PS3, PS4, Xbox One, Xbox360
Nombre de Joueur(s) : 1
Sortie France : 07/10/2014

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