Dévoilé donc durant l’été 2021 lors du Summer Game Fest, Planet of Lana est édité par Thunderful Games (Lego Bricktales, The Gunk ou encore Lost In Random), tandis que le développement provient de Wishfully Studios.

Si vous ne les connaissez pas encore c’est tout à fait normal puisque ce groupe indépendant suédois a été fondé en 2018, mais surtout c’est parce que Planet of Lana en est leur toute première production. Ce qui par ailleurs, annonce du très bon pour la suite. Les membres du studio partagent un but collectif : ils ont une certaine passion commune, à savoir la création d’œuvres d’art époustouflantes, un design innovant ainsi qu’une narration profonde. Ensemble, ils essayent de créer des jeux laissant un impact dans le temps et avec Planet of Lana, Wishfully commence déjà très fort.

Une invasion et un voyage

Le soft relate l’aventure de Lana, qui en compagnie de sa grande sœur « s’amuse » dans leur village natal. Un village plein de vie mais les demoiselles ont malheureusement perdu leurs parents quelques temps plus tôt, et elles apprennent désormais à vivre avec, petit à petit. Aujourd’hui, les deux sœurs profitent de leur journée pour aller se recueillir, mais un événement étrange survient : des vaisseaux aliens débarquent sur leur planète (Novo).

Pire, suite à cela la grande sœur de Lana se fait enlever et capturer par une sorte d’être mécanique extraterrestre. En retournant dans son village, Lana découvre avec stupeur le grand chaos s’y étant installé : destruction, incendie, enlèvement/emprisonnement des habitant(e)s,… Se faisant traquer par ces mêmes aliens, la jeune fille tente de retrouver sa grande sœur, et ce bien sûr sans se douter de toutes les rencontres qui l’attend, dont l’une avec un petit être : Mui.

On s’arrête volontairement ici afin de ne pas en dévoiler outre mesure, d’autant que cette aventure se termine en environ cinq heures de jeu -avec trouvailles de sanctuaires-. Une courte expérience certes, avec d’ailleurs une petite baisse de régime narrative en milieu de parcours, mais dont on a apprécié la quasi totalité. Qu’il s’agisse du fort écho à l’espoir, de la relation évolutive entre Lana et Mui tout au long du jeu (sans y comprendre la langue imaginée, bien que l’on devine certaines consonances), ou encore cette référence palpable Sci-Fi au film La Guerre des Mondes, et plus récemment vu en jeu vidéo avec Somerville. N’oublions pas non plus sa narration environnementale cachant les secrets de ce voyage forcé pour ainsi dire. Et même si l’on contemple l’ensemble, on avoue que l’on aurait aimé en découvrir davantage sur certains points mis en suspens, mais en dehors de cela, ne boudons pas notre plaisir.

Un gameplay accessible, efficace et classique

Il faut dire que Planet of Lana est très attractif visuellement parlant avec des couleurs resplendissantes et chatoyantes rappelant les œuvres de Ghibli (Miyazaki et Takahata). Sous cet univers en 2D avec des éléments un peu plus en profondeur servant à la progression façon 2,5D, on retrouve de belles similitudes avec des softs comme Inside/Limbo (Playdead), Little Nightmares (Tarsier Studios) mais aussi Ico de la célèbre Team Ico et Fumito Ueda, de très grands noms et l’équipe de Wishfully peut être fière de ces très bons ressentis que l’on a eu.

N’y allons pas par quatre chemins, tout au long de notre aventure nous n’avons pas rencontré de bugs, hormis un ou deux soucis de bruitages, et la progression s’apparente aux jeux précités. Sans être en compétition avec eux, le titre arrive très habilement à apporter de la narration, mais aussi des énigmes environnementales vraiment bien construites.

De base, Lana peut effectuer quelques sauts, se hisser sur une corniche, s’agripper/grimper à une corde, pousser/tirer des objets, des facultés on ne peut plus classiques donc, combinées avec quelques séquences d’infiltration/discrétion,… cela vous rappelle sûrement des choses, sauf qu’ici l’ensemble est lié à des créatures robotiques aliens.

La prise en main est rapide, fluide, tout répond parfaitement, et l’on commence par quelques puzzles simples et efficaces demandant parfois un peu de jugeote lorsque Lana est seule. Mais là où le titre tire son épingle du jeu, c’est avec l’association à Mui, un petit être qui nous accompagne amenant avec lui une forte fonction de coopération, et d’entraide l’un envers l’autre, et par extension des énigmes conçues pour ce duo -sans oublier la relation « narrative » -.

De ce fait, les énigmes rencontrées évoluent donc en conséquence, au départ il faut par exemple « dire à Mui » de rester sagement à un endroit afin d’activer un mécanisme utile à la progression de Lana, Mui étant lui bon grimpeur,… mais surtout il faut permettre à ce duo de se retrouver/reconstituer. En vous laissant un maximum de surprises pour les séquences, disons que si Mui est d’une grande aide pour Lana, l’inverse est aussi de mise. Pour exemple le petit être a une peur bleue de l’eau, et dans un marécage vous vous doutez bien que de l’eau, on en y trouve beaucoup. Il faut donc bien réfléchir à comment faire traverser Mui sans lui faire prendre de risque inutile, de quoi allier des énigmes intelligentes et une belle complicité entre les deux protagonistes. Et encore, on ne vous a pas parlé de quelques facultés déblocables en cours de route se traduisant par des énigmes plus ingénieuses encore. Difficile de ne pas les mentionner sans devoir recourir à des éléments de spoils, alors nous ne le ferons pas par grand respect pour vous, cher(ère)s lecteur(trice)s !

Beauté

Entièrement dessiné à la main, le titre de Wishfully est absolument superbe. Il rappelle à la fois les œuvres de Ghibli, mais aussi presque des « peintures vivantes ». En fait, les différents plans du décor et de chaque environnement, varié de surcroît (verdoyant, grottes, marécages,…) forment un tout « indissociable » quasiment magique. Sans trop en dire pour vous laisser des surprises, entre les couleurs chatoyantes, les détails, la vie ou encore la représentation du village que l’on visite un peu trop rapidement, on est facilement conquis par cette proposition, et même davantage par les sublimes animations proposées rappelant un côté à la Heart of Darkness (PS1) d’Éric Chahi.

Avec cette superbe œuvre artistique telle une peinture, les développeurs ont parfaitement su faire l’alliance avec les thèmes sonores. Parfois discrets et doux pour notamment laisser place à différents sons d’ambiance, très bien réalisés au passage, les autres musiques ont une certaine envolée et beauté lors de dangers ou pour accentuer certains moments. Une réussite en tout point pour le compositeur Takeshi Furukawa (The Last Guardian,…).

Testé sur Xbox Series X